S’il faut faire un choix entre attraper le coronavirus et gagner sa vie, pour de nombreux indépendants, même si c’est un dilemme, gagner sa vie est une évidence pour ceux qui ont à charge des familles.
Interviewé par Le Parisien, un chauffeur de VTC (dont le nom d’emprunt est Fabrice), s’est exprimé à propos du coronavirus et de ses conditions de travail. Tout comme d’autres, ayant lui-même contracté la maladie, il déclare : « Personne ne s’en vante, c’est tabou. »
Il n’avait pas le « choix » et a « fait très attention »
Ce trentenaire exerce ce métier depuis cinq ans. Avec la crise sanitaire, tout s’est compliqué. Cependant, pour lui, continuer d’exercer son travail n’était pas un « choix » mais une question de « survie ». « J’ai trois enfants à nourrir, un loyer de 900 euros à payer chaque mois et ma femme ne travaille pas », explique le chauffeur.
Pourtant, lors du déconfinement à la mi-mai, Fabrice raconte : « J’ai eu tous les symptômes : la fatigue, la perte du goût et de l’odorat, mais j’ai continué à rouler en étant contaminé. » Il ajoute : « Si j’avais dû m’arrêter, financièrement, je ne m’en sortais pas. Rien que pour la location de la voiture, je dois trouver 1 200 € par mois. »
Pour protéger ses clients, Fabrice assure avoir « fait très attention ». « J’avais peur pour eux […] Je porte toujours un masque, j’ai installé une paroi en plastique pour être séparé d’eux, je nettoie et j’aère la voiture régulièrement », explique-t-il, ajoutant pour se défendre : « C’est le protocole qu’on nous demande d’appliquer. Et les personnes asymptomatiques, elles s’arrêtent de travailler ? Quand on est indépendant, l’équation est simple : si nous ne travaillons pas, il n’y a pas d’argent qui rentre. »
Une indemnisation bien insuffisante…
Même si une indemnisation est prévue par Uber, selon la plateforme de VTC, elle n’est pas suffisante d’après Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat de chauffeurs privés VTC. « Cela représente une misère. L’indemnité d’Uber est calculée sur un chiffre d’affaires qui s’est effondré », explique-t-il. Et concernant le fond de solidarité, le syndicaliste souligne : « C’est bien, mais il faut le mettre en perspective. Avant l’épidémie, nous faisions 5 000 à 6 000 € de chiffre d’affaires par mois et c’était déjà compliqué de gagner sa vie. Aujourd’hui, c’est 1 000 à 1 500 €, soit environ 3 000 € en ajoutant le fonds de solidarité. C’est impossible de s’en sortir. » Il poursuit : « Le Covid est devenu pour beaucoup un sujet secondaire, ils s’en foutent. Les chauffeurs ont plus peur de la crise que du virus […] Ils ne peuvent pas se permettre de perdre une journée de travail. »
Didier Hogrel, président de la FNDT (Fédération nationale du taxi), poursuit : « Vous dire que personne parmi nous ne roule avec le Covid serait mentir […] Les bars et les discothèques ont fermé, il n’y a plus de travail la nuit. Et le jour, les touristes sont absents, les professionnels font du télétravail et les aéroports fonctionnent toujours au ralenti. On doit bosser. »
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