ANALYSES

Un chiffre « colossal » : le Sénat estime à 1 milliard d’euros les dommages liés aux émeutes après la mort de Nahel

"Des techniques de guérillas urbaines", une "violence décomplexée", une "volonté de contester l’ordre établi"
avril 12, 2024 9:27, Last Updated: avril 25, 2024 16:15
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Un rapport de la commission des Lois du Sénat, rendu public le 10 avril, estime à 1 milliard d’euros le coût des dégradations engendrées par les violences urbaines consécutives au décès de Nahel en juin 2023, abattu par un policier à Nanterre le 27 juin 2023 pour refus d’obtempérer.

Selon François-Noël Buffet, sénateur LR et rapporteur de la mission d’information, ce chiffre « colossal » reflète une situation « sans précédent » dans l’histoire des troubles urbains en France.

672 communes touchées et 243 écoles

Durant la période du 28 juin au 5 juillet 2023, le pays a été le théâtre de plusieurs nuits d’émeutes urbaines dépassant de loin celles de 2005. Neuf mois plus tard, la commission des lois du Sénat, après avoir auditionné 80 personnes et effectué plusieurs visites sur le terrain, présente un rapport accablant. Basé sur des témoignages de policiers, d’élus locaux, d’associations et de sociologues, le rapport intitulé « Comprendre, évaluer, réagir » formule 25 propositions visant à tirer des enseignements d’une réponse des autorités jugée efficace mais partiellement adaptée aux émeutes et à leurs enjeux.

Les chiffres de ces violences font froid dans le dos. En l’espace de seulement onze jours d’émeutes, 672 communes ont été touchées au total, soit le double de 2005, dans 95 départements. 2.508 bâtiments ont été incendiés ou dégradés dans tout le pays, dont 273 commissariats et gendarmeries, 105 mairies et 243 écoles. Les commerces ont également été ciblés, avec « environ 1.500 » enseignes vandalisées, dont 370 agences bancaires. Plus de 12.000 véhicules ont été incendiés, dont en majorité des voitures des forces de l’ordre.

Cela ne représente qu’une partie des dommages matériels, déjà « quatre fois supérieurs à ceux des émeutes de 2005 », consécutives à la mort de Zyed et Bouna, électrocutés après s’être cachés dans un poste électrique à Clichy-sous-Bois pour échapper à un contrôle de police, souligne François-Noël Buffet, qui estime le total des dommages au chiffre alarmant d’1 milliard d’euros, dont 793 millions d’euros estimés par les assurances.

Une « violence décomplexée » et anticipée

Le sénateur déplore que « le décès de Nahel Mrezouk ait été le catalyseur d’un mouvement largement indépendant de cet événement tragique », seule une minorité d’émeutiers ayant lié leur participation aux dégradations à la mort de l’adolescent. Selon le sénateur, ces événements ont aussi marqué un basculement vers une « violence décomplexée », avec l’utilisation de « techniques de guérilla urbaine » et une « volonté de contester l’ordre établi ».

Plus inquiétant, plusieurs endroits du territoire étaient prêts pour un affrontement avec les forces de l’ordre, peut-on lire dans le rapport, comme en témoignent « les importants stocks préconstitués de mortiers d’artifices ainsi que la coordination et l’organisation qui ont pu être constatées, localement, dans les cibles et le modus operandi des participants aux actions ultraviolentes de ces premières nuits d’été. »

En termes humains, le Sénat a recensé près de 50.000 émeutiers, parmi lesquels un tiers sont des mineurs, 60% sont des primo-délinquants et près de 30% sont des étrangers.

45.000 forces de l’ordre ont été mobilisées, 4.282 personnes ont été placées en garde à vue, 1.000 ont été blessées (dont 782 parmi les forces de l’ordre) et 2 sont décédées.

Un portrait-robot émerge du rapport, décrivant « un homme français célibataire de 23 ans en moyenne, sans enfant, souvent hébergé par ses parents, avec un niveau de diplôme allant jusqu’au baccalauréat ».

Le rapporteur de la mission souligne l’impact des réseaux sociaux dans l’amplification des comportements violents des jeunes, appelant à « envisager des mesures pour rétablir l’ordre ».

25 propositions pour éviter des émeutes plus importantes

Parmi les 25 propositions du rapport, celle concernant le contrôle des réseaux sociaux en cas d’émeute suscite le débat. Il est suggéré de bloquer certaines fonctionnalités, notamment la géolocalisation et les diffusions en direct, sous certaines conditions strictes et en cas de déclaration d’état d’urgence. Cette mesure vise à reprendre le contrôle dans des situations extrêmement tendues, mais pose des questions sur les libertés publiques, si elle est appliquée dans d’autres contextes avec des intentions politiques.

D’autres propositions abordent les questions de l’encadrement de l’achat de mortiers, la modernisation du matériel des forces de l’ordre, une meilleure formation, un renforcement du suivi des quartiers sensibles par les services de renseignement, et l’amélioration de la coordination entre les différentes polices. La sécurisation des armureries est également recommandée.

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