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Un couple de danseuses rafraîchit l’étiquette du bal viennois

février 18, 2020 11:14, Last Updated: février 18, 2020 11:27
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Le Bal de l’Opéra, ce sera robe longue pour Iris et frac noir pour Sophie, premier couple de même sexe qui figurera parmi les chanceux qui ouvriront le prestigieux rendez-vous viennois, où le plaisir de valser l’emporte sur « ce qu’il y a dans le pantalon ».

Jeudi soir, devant quelque 5.000 spectateurs aux balcons de l’institution lyrique, et plus de deux millions devant leur télévision, ce qui avait commencé comme un pari deviendra réalité: les deux amies seront alignées parmi les couples triés sur le volet pour l’événement dansant de l’année.

Iris Klopfer, arrivée à Vienne Sophie Grau, pour les répétitions

« C’est le bal des bals  et nous nous sommes dit +imaginons qu’on envoie une candidature+ », raconte Iris Klopfer, arrivée à Vienne avec sa partenaire, Sophie Grau, pour les répétitions précédant le grand soir.

Originaires d’Allemagne, les étudiantes de 22 et 21 ans sont complices depuis leurs années lycée mais ne sont en couple que sur les parquets de danse et pas dans la vie.

-Ce sera la première fois qu’une paire de danseurs du même sexe fait partie des « débutants » qui dansent lors de la cérémonie d’ouverture du bal. Photo par JOE KLAMAR / AFP via Getty Images.

Amatrice de bals, Iris a entraîné son amie dans la sélection drastique à laquelle sont soumis les aspirants débutants et débutantes, ces passionnés de valses, de polonaises, de quadrilles qui ouvrent, dans une chorégraphie parfaitement réglée, les nombreux bals qui se tiennent à Vienne chaque hiver.

« Nous voulions juste danser ici, rien de plus »

« Ce que nous voulions au départ, c’est juste danser ici, rien de plus », explique Sophie Grau, cheveux courts et lunettes à monture sombre. Mais les deux élues souhaitent dire aussi « que ce que tu as dans le pantalon importe peu, pas plus que le corps dans lequel tu es né ».

Les organisateurs du bal assurent n’avoir accordé aucun passe-droit aux jeunes femmes, ni modifié les critères de sélection qui incluent une parfaite maîtrise de la valse à gauche, dite « valse viennoise », avec son redoutable croisé de jambe.

-Lorsque Sophie Grau et Iris Klopfer en tant que deux débutantes du prestigieux Opéra Ball de Vienne jeudi, danseront pour l’histoire. Photo par JOE KLAMAR / AFP via Getty Images.

Au grand soulagement de Maria Grossbauer, ordonnatrice de la soirée, Iris et Sophie « ont elles-mêmes souhaité qu’une des dames porte un frac noir et que l’autre dame porte une robe blanche », code vestimentaire indispensable à l’harmonie visuelle de la chorégraphie exécutée par les 144 couples.

« Elles sont les bienvenues, comme tous les couples le sont »

Pour le reste, Mme Grossbauer dit « se réjouir » d’une brise de modernité, somme toute évidente à ses yeux : « Nous sommes en 2020. Elles sont les bienvenues, comme tous les couples le sont ».

Une évolution « totalement normale » aussi pour le directeur de l’Opéra Dominique Meyer, qui voit dans le couple de danseuses « un message clair contre l’homophobie ».

Radieuses lors de la répétition à laquelle l’AFP a assisté, parfaitement à l’aise parmi les autres débutants et débutantes venus de 11 pays, le duo questionne aussi les rapports traditionnellement établis entre partenaires dans les danses de salon.

-L’Allemande Sophie Grau et sa partenaire de danse Iris Klopfer pendant la répétition à l’Opéra d’État de Vienne, en Autriche, le 16 février 2020, avant le prestigieux bal de l’Opéra de Vienne. Photo par JOE KLAMAR / AFP via Getty Images.

« Je sais guider, elle sait guider »

« Tout le monde peut apprendre à guider et toute le monde peut apprendre à se laisser guider », observe Sophie Grauer. « L’important, c’est le plaisir qu’on éprouve à danser ensemble ».

« Reine de la nuit », c’est le thème choisi pour le Bal de l’Opéra 2020. Inspiré de « La flûte enchantée » de Mozart, il va comme un gant aux deux têtes d’affiche de l’édition. Plus de 450 bals se tiennent à Vienne chaque hiver, déclinaison locale des festivités de carnaval, dont la tradition remonte au 19ème siècle.

 

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