Un croquis se cache sous les couches de peinture du plus célèbre tableau de Rembrandt, « La Ronde de Nuit »: des chercheurs ont annoncé mercredi cette découverte majeure révélant la genèse du chef-d’œuvre du maître néerlandais.
Le croquis montre notamment que Rembrandt avait initialement prévu de peindre des plumes sur le casque d’un milicien et qu’il a décidé de supprimer une épée entre les deux personnages principaux.
« Les plumes sont bien visibles sur le croquis, et pas sur la peinture », a détaillé lors d’une conférence de presse Pieter Roelofs, responsable du département des Peintures et Sculptures au Rijksmuseum d’Amsterdam.
« Nous ne savons pas pourquoi il a changé d’avis, peut-être parce que cela attirait trop l’attention sur ce personnage », a-t-il ajouté.
Comprendre la technique de l’artiste
Une trentaine d’experts travaillent depuis deux ans et demi sur la toile, l’une des plus célèbres au monde, l’étudiant méticuleusement avec des techniques d’imagerie et de technologie informatique les plus avancées.
Le Rijksmuseum présentait mercredi des résultats de la première phase des études qui ont pour but de comprendre la technique de l’artiste et, à terme, de redonner à la toile monumentale tout son éclat et sa splendeur.
« La découverte du croquis représente une percée dans cette recherche », « nous avons découvert la genèse » de l’œuvre, s’est réjoui Taco Dibbits, directeur du Rijksmuseum, dont « La Ronde de Nuit » peinte en 1642 est la pièce maîtresse.
« Nous avons toujours soupçonné que Rembrandt avait dû faire un croquis sur la toile avant de se lancer dans cette composition incroyablement complexe, mais nous n’en avions pas la preuve », a poursuivi M. Dibbits.
« C’est fascinant de voir Rembrandt chercher la bonne composition » pour réaliser le tableau, qui mesure 3,8 mètres de haut sur 4,5 mètres de large pour un poids de 337 kilos, a-t-il ajouté.
Le Néerlandais Rembrandt van Rijn (1606-1669) avait reçu en 1642 une commande du capitaine de la milice bourgeoise d’Amsterdam Frans Banninck Cocq pour portraiturer les officiers et membres de sa milice.
Depuis, en près de quatre siècles, le tableau a connu bien des épreuves. En 1715, il avait carrément été rogné pour être installé à l’Hôtel de ville d’Amsterdam et, durant la Seconde guerre mondiale, il a échappé aux nazis.
Une restauration, il y a 40 ans
La dernière restauration majeure remonte à plus de quarante ans, après une attaque en 1975 d’un déséquilibré qui l’avait tailladé à coups de couteau.
Depuis, les experts ont constaté l’apparition d’un halo blanc sur certaines parties du tableau, en particulier autour de la zone endommagée par les coups de couteau, décolorant un petit chien en bas à droite.
Le musée s’est donc lancé en juillet 2019 dans une opération de restauration, avec l’originalité qu’elle se déroule en direct sous les yeux du public.
« Opération Ronde de nuit »
La toile est placée dans un écrin de verre au milieu de la galerie d’honneur du musée et les visiteurs du Rijksmuseum — jusqu’à 3 millions par an en temps normal, 675.000 en 2020– peuvent tout observer.
Appelé « Opération Ronde de nuit », le projet de restauration actuel, qui coûte plusieurs millions d’euros, est une grande première. Il s’agit du travail de recherche et de restauration le plus vaste et le plus complet du chef d’œuvre.
Le 19 janvier, les experts doivent débuter un traitement sur des déformations sur le coin supérieur gauche du tableau. Ils évalueront ensuite si une restauration complète de l’œuvre est nécessaire.
« L’état général du tableau est conforme à ce à quoi on peut s’attendre pour une peinture de près de 400 ans », indique M. Roelofs, mais il n’y a « rien d’alarmant ».
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