Christophe Khider, braqueur multirécidiviste et auteur de multiples tentatives d’évasion, a pourtant obtenu une permission de sortie pour passer son permis de conduire, alors qu’il n’est libérable qu’en 2044.
Ils sont encore sous le choc de la nouvelle. Le personnel pénitentiaire de Vendin Le Vieil, dans le Pas-de-Calais, ne cache pas son indignation après la permission de sortie accordée au braqueur multirécidiviste Christophe Khider. À partir du 19 aout, ce détenu bénéficiera de dix permissions de sortie de deux heures jusqu’à la mi-septembre pour passer son permis de conduire. Pourtant, son profil est loin de rassurer : il a été condamné en 1995 pour la mort d’un homme lors d’un braquage et est connu pour sa détermination à s’évader de prison.
Sa première tentative remonte à l’an 2000, au tribunal de Bobigny. Un an plus tard, il tente sa chance avec un hélicoptère. Sans succès, ce qui le conduit à prendre en otage trois surveillants pénitentiaires pendant plus de 17h. En 2008, c’est en se glissant par les gaines électriques de son centre pénitentiaire qu’il essaye de s’enfuir. Un an plus tard, il finit par réussir à s’évader et ce pendant 36h, après avoir fait exploser les portes blindés de la centrale de Moulins et pris deux otages. Quelques temps après cette énième tentative, il déclare au JDD qu’il compte bien recommencer.
« Une prise de risque énorme »
Ces permissions de sortie ont été accordées à la suite de plusieurs examens de médecins psychiatres, qui ont tous validé ces demandes en prenant en compte son profil et sa dangerosité potentielle, malgré l’avis défavorable du directeur de la prison et un appel formulé par le procureur de la République de Béthune. Une décision de justice qui n’a pas manqué de mettre en colère le syndicat pénitentiaire Ufap-Unsa Justice, qui se dit dans « l’incompréhension la plus totale face à cette décision ubuesque ».
« On croit rêver : ce détenu, classé escorte 4, nécessite le renfort des forces de l’ordre pour la moindre sortie de l’établissement », rappelle le syndicat à nos confrères de TF1. Le syndicat fustige un « nouveau bras d’honneur aux personnels et à toute la pénitentiaire. » Alors que le prisonnier ne devrait retrouver la liberté qu’en 2044, le syndicat juge cette permission prématurée et dangereuse. « C’est une sortie en autonomie totale, le moniteur d’auto-école viendra le chercher ou il s’y rendra seul. Compte tenu de son profil, c’est une prise de risque énorme », insiste Wilfried Fonck, le secrétaire général du syndicat, au Parisien.
Un contexte douloureux
Cette décision est également vu comme un affront par le personnel pénitentiaire, trois mois après l’évasion meurtrière de Mohamed Amra lors de l’attaque d’un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville. Deux agents pénitentiaires avaient trouvé la mort et trois autres avaient été blessés. « La tragédie d’Incarville semble déjà bien lointaine pour certains », souligne l’UFAP UNSA Justice.
Pour Me Marie Violleau, l’avocate de Christophe Khider jointe par le service police-justice de TF1/LCI, « ce n’est pas à un syndicat d’arbitrer si une décision judiciaire est justifiée ou non ». « Il devrait au contraire se réjouir que le système carcéral et leur travail aient permis à un homme condamné lourdement de s’intéresser à l’art, de solliciter des permissions utiles et d’envisager la possibilité d’une réinsertion efficace », a-t-elle ajouté, soulignant que son client est engagé dans une réinsertion « sincère et effective ».
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