Un énorme poisson à l’allure étrange s’échoue sur une plage californienne. Pour les scientifiques, cette découverte est sans précédent

mars 2, 2019 17:50, Last Updated: mars 2, 2019 21:39
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Par Christina ZDANOWICZ

C’est l’histoire extraordinaire d’un énorme et étrange poisson qui s’est retrouvé sur une plage à l’autre bout du monde d’où il vit.

Le poisson de 2 m de haut s’est échoué la semaine dernière dans la réserve de Coal Oil Point de l’UC Santa Barbara, dans le sud de la Californie. Les chercheurs ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’une espèce similaire et plus commune de môle – jusqu’à ce que quelqu’un affiche des photos sur un site portant sur la nature et que des experts y fassent une évaluation.

Ce qui s’en est suivi a surpris des chercheurs de la Californie, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Il s’est avéré qu’il s’agissait d’une espèce jamais vue auparavant en Amérique du Nord et qui s’appelle le Mola tecta.

« Quand des photos claires ont été publiées, j’ai pensé qu’il n’y avait aucun doute. C’est tout à fait un Mola tecta », a déclaré Marianne Nyegaard, une scientifique marine qui a découvert l’espèce en 2017. « Je n’arrivais pas à y croire. J’ai failli tomber de ma chaise. »

Comment le Mola tecta a obtenu son nom

Dre Nyegaard a passé des années à chasser le Mola tecta avant de trouver et de nommer le poisson. Tous les cas de gros poissons ont été trouvés en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et au Chili, a-t-elle dit. Sauf une fois dans les années 1890, lorsque des dessins et des documents ont documenté ce poisson, qui est aparu aux Pays-Bas.

Les chercheurs ont d’abord pensé que cet énorme poisson d’apparence étrange était une espèce de môle, plus commun – jusqu’à ce que quelqu’un affiche des photos sur un site web axé sur la nature et que des experts commencent à délibérer. (Thomas Turner/CNNN)

Les scientifiques disent qu’il existe cinq espèces de môles d’eau salée, et qu’ils viennent d’endroits différents. L’un aime les eaux tropicales, l’autre les eaux subtropicales et le Mola tecta préfère les eaux tempérées, a déclaré le Dr Nyegaard à CNN. Elle travaille dans la division marine au Auckland War Memorial Museum en Nouvelle-Zélande.

« C’est la raison pour laquelle il est si intrigant de le voir apparaître en Californie », dit-elle. « Nous savons qu’il a la distribution tempérée ici et au large des côtes du Chili, mais comment a-t-il traversé l’équateur et s’est-il retrouvé chez vous ? Ce qui a fait traverser l’équateur à ce poisson est un mystère. »

Les bouffonneries de ce poisson capricieux sont comiques, surtout si l’on considère comment l’espèce a pris son nom.

Au fur et à mesure que le Dr Nyegaard faisait des recherches sur le poisson, elle s’est rendu compte que certaines espèces de môles avaient été mal identifiées. Une espèce que l’on croyait rare était très commune, tandis qu’un autre poisson que l’on croyait commun était mal identifié, a-t-elle dit.

« Il était passé inaperçu parce que personne n’avait vraiment réalisé qu’il avait des traits différents. Il y a une longue histoire de confusion au sujet de l’espèce dans la famille des môles », dit Dr Nyegaard. « Ce poisson avait réussi à rester hors de vue et hors de l’attention de tout le monde. Il avait été confondu avec le Mola mola (une môle de la mer), mais il nous trompait tous. »

Et les chercheurs californiens ont aussi été victimes d’un peu d’escroquerie.

Les scientifiques ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’un autre type de môle

Les chercheurs ont étudié l’aspect étrange du poisson qui s’est retrouvé sur une plage à l’autre bout du monde par rapport à l’endroit où il vit habituellement, et en ont mesuré ses dimensions. (Thomas Turner/CNNN)

Le 19 février, une stagiaire de la réserve de Coal Oil Point a alerté Jessica Nielsen, spécialiste de la protection de la nature, de la mort d’une môle échouée sur la plage. Quand Mme Nielsen l’a vue pour la première fois, les caractéristiques inhabituelles du poisson ont attiré son attention.

« C’est certainement l’organisme le plus remarquable que j’aie vu s’échouer sur la plage en quatre ans dans la réserve », a déclaré Mme Nielsen dans un communiqué de presse de l’UC Santa Barbara.

Elle a affiché des photos des poissons sur la page Facebook de la réserve. Lorsque son collègue Thomas Turner a vu les photos plus tard dans la journée, il s’est précipité sur la plage avec sa femme et son jeune fils.

Le Pr Turner, un biologiste de l’évolution qui mesure environ 1 m 83, a tendu les bras pour montrer l’échelle du poisson de 2,13 mètres de long. Il a pris quelques photos de ce qu’il croyait être une môle d’eau salée, une vue rare de près, disait-il.

« C’est le poisson le plus inhabituel que vous ayez jamais vu », a déclaré le professeur agrégé de l’UC Santa Barbara. « Il n’a pas de queue. Toutes ses dents sont soudées, donc il n’a pas de dents. Il a juste cette grande ouverture ronde en guise de bouche. »

Le Pr Turner a affiché ses photos sur iNaturalist, un site où les gens affichent des photos et des observations de plantes et d’animaux.

Un biologiste des poissons a commenté et alerté Ralph Foster, un scientifique spécialiste de la protection des poissons du South Australian Museum. C’est le Pr Foster qui a été le premier à dire qu’il s’agissait peut-être d’un Mola tecta et non d’un Mola mola dans les commentaires sur iNaturalist.

Le Pr Turner était abasourdi, a-t-il dit. « Découvrir qu’il s’agit peut-être du premier signalement dans toutes les Amériques et du deuxième signalement de l’espèce dans l’hémisphère Nord seulement, m’a enthousiasmé », a-t-il dit.

Le Pr Foster a envoyé un courriel empreint d’enthousiasme au Dr Nyegaard, la femme qui a découvert l’espèce, et lui a dit ce qu’il pensait.

« Il m’a envoyé un mail avec des liens et m’a dit : ‘Vous croyez que c’est un Mola tecta ?' », Dr Nyegaard a dit. « Mais les images n’étaient pas très claires. J’hésitais à m’avancer trop tôt pour l’identifier parce qu’il était si loin de son habitat habituel. »

Drs Nyegaard et Foster ont demandé à voir plus de photos pour qu’ils puissent faire un appel plus éclairé.

Bientôt, ils ont confirmé sa véritable identité

Cela faisait deux jours que Jessica Nielsen avait pas aperçu le poisson pour la première fois. Quand les Drs Turner et Nielsen sont retournés à la plage, la créature n’était plus là.

Alors, ils se sont éloignés de 3,2 km l’un de l’autre sur et ont ratissé la plage en marchant l’un vers l’autre jusqu’à ce qu’ils trouvent le poisson. Il s’était renfloué à marée haute et s’était échoué à quelques centaines de mètres de là, dit Dr Turner.

La paire a examiné les caractéristiques physiques de la créature pour évaluer ses similarités avec le Mola tecta.

Alors qu’un poisson a normalement une queue, Mola tecta n’a qu’un clavus – une structure qui ressemble à un gouvernail, a dit Dre Nyegaard. Toutes les môles ont un clavus, mais celui du Mola tecta a une forme qui lui est propre.

La structure de ses écailles et le nombre de structures osseuses sont également différents des autres espèces, dit-elle.

Toutes les caractéristiques sur les photos correspondaient à celles de Mola tecta. Quand Dr Nyegaard a vu les photos, elle savait qu’elle était devant un Mola tecta sur les bras.

Mais comment est-il arrivé jusque-là ?

Personne ne sait si ce poisson solitaire s’est éloigné de chez lui seul ou s’il fait partie d’une population de Mola tecta en Amérique du Nord qui n’a pas encore été découverte.

Mme Nyegaard a dit qu’elle voulait comparer un échantillon génétique de l’espèce trouvée en Californie avec ses échantillons de poissons d’Australie et de sa région.

« Il n’est pas rare que les poissons de la famille des môles s’aventurent très loin », a dit Pr Nyegaard. « Prochainement, nous saurons si ce poisson est présent régulièrement au large des côtes de la Californie ou s’il s’agit d’un poisson unique.

Les Prs Nyegaard et Turner se sont émerveillés de la façon dont les médias sociaux et le site iNaturalist ont pu aider les chercheurs à trouver une réponse.

« iNaturalist est très utile parce que nous pouvons enregistrer les observations et en apprendre davantage sur la répartition (du poisson) », dit la Dre Nyegaard. « Nous vivons dans un monde en mutation et il est important pour les scientifiques d’obtenir des informations sur ce que les gens voient parce que nous ne pouvons pas être sur le terrain tous les jours dans le monde entier. »

Le Pr Turner a dit qu’il avait été excitant pour lui d’aider à identifier la première observation enregistrée d’un Mola tecta en Amérique du Nord – et seulement la deuxième dans l’hémisphère Nord.

« Je suis professeur, je suis biologiste, mais je ne savais pas vraiment ce qu’il y avait de spécial dans ce poisson », dit le Pr Turner. « Je viens de poster une photo et ça m’a mis en relation avec l’expert mondial et le découvreur de l’espèce. »

Par Christina Zdanowicz

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