Un ex-avocat spécialisé dans les droits de l’homme, connu aux Philippines pour son franc parler, a été choisi comme nouveau porte-parole par le président philippin Rodrigo Duterte, très critiqué pour sa sanglante « guerre contre la drogue ».
M. Duterte, qui avait été élu dans un fauteuil, est la cible des critiques de capitales étrangères et des organisations de défense des droits de l’homme pour les méthodes et le bilan de sa campagne contre les stupéfiants.
Il a annoncé qu’il allait nommer porte-parole le parlementaire et ancien professeur de droit Harry Roque, en lieu et place d’Ernesto Abella, qui a souvent eu la difficile tâche de décrypter ou de minimiser devant les médias les déclarations tonitruantes du président.
M. Duterte n’a donné aucune explication au remplacement de M. Abella, affirmant juste que M. Roque était l’homme de la situation.
« Pour le dire clairement, je dis que Harry conviendra à ce poste car nous sommes tous les deux francs du collier », a déclaré le président lors de la fête d’anniversaire de M. Roque.
Cette annonce intervient quelques semaines après que le président eut encaissé sa première baisse conséquente de popularité, selon un sondage indépendant qui avait été publié après les décès de deux adolescents de Manille dans sa campagne contre la drogue.
Une étude dont il convient toutefois de relativiser la portée puisque d’autres enquêtes d’opinion laissent penser que la « guerre contre la drogue » reste très populaire.
M. Duterte, 72 ans, avait promis pendant la campagne d’éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre jusqu’à 100.000 trafiquants et toxicomanes présumés.
Depuis son arrivée au pouvoir, la police a annoncé avoir abattu plus de 3.900 personnes tandis que des milliers d’autres sont mortes dans des circonstances non élucidées.
M. Roque est connu aux Philippines pour avoir été l’avocat de victimes dans de nombreux dossiers très médiatisés. Sa décision de se mettre au service de Duterte a été très critiquée par l’opposition.
« Pour diriger la communication de Duterte, il faut être un brillant entrepreneur des pompes funèbres capable d’embellir post-mortem les déclarations brutes et sans fondement du président », a déclaré le représentant Edcel Lagman.
M. Abella, dont les manières tranchaient avec la fougue du chef de l’Etat, s’était distingué en 2016 en exhortant les journalistes à ne pas prendre le président au pied de la lettre quand celui-ci avait annoncé une « séparation » avec Washington.
« Ne soyons pas trop littéral », avait conseillé M. Abella à la presse. « Vous avez vu comment il parle, autrement dit, il faut comprendre le contexte de ce qu’il dit, d’accord? Peut-être que le plus important c’est de comprendre les mots rompre les liens. Il a dit que c’est une possibilité(…) alors essayons d’utiliser notre imagination créatrice, d’accord? ».
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