En mai 2022, un expert en pêcherie a écrit une lettre critique pour tirer la sonnette d’alarme concernant les éoliennes offshore dans les eaux du sud de la Nouvelle‑Angleterre.
Rédigée par le Dr Sean Hayes, chef des espèces protégées à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) Fisheries, la lettre révèle les risques que les parcs éoliens font peser sur l’environnement marin. L’expert met l’accent sur la menace qui pèse sur les baleines franches, une espèce en danger critique d’extinction.
« Les baleines franches sont un des mammifères marins les plus menacés, avec une population de moins de 350 animaux », déclare le Dr Hayes dans la lettre. « La répartition des baleines franches dans le sud de la Nouvelle‑Angleterre se fait à l’intérieur et à proximité des concessions d’énergie éolienne en mer. »
Cette lettre a été publiée alors que des dizaines de baleines se sont échouées le long de la côte médio‑atlantique au cours des trois derniers mois, la dernière en date ayant eu lieu dans le New Jersey le 2 mars.
Nombreux sont ceux que les projets offshore inquiètent. Ils estiment que le bruit des sonars utilisés pour cartographier le fond de l’océan perturbe les baleines et les conduit à s’échouer.
La NOAA affirme que les baleines s’échouent de plus en plus souvent.
Elle a documenté un nombre élevé de décès de baleines à bosse, de baleines franches de l’Atlantique Nord et de petits rorquals depuis 2016 dans ce qu’elle appelle un « événement de mortalité anormal ».
Les responsables nient que le développement de l’éolien en mer soit un facteur contributif.
« À ce stade, il n’existe aucune preuve permettant de supposer que le bruit résultant des études de caractérisation des sites liés au développement éolien pourrait potentiellement causer la mortalité des baleines », ont déclaré les responsables de la NOAA dans un communiqué en février.
Mais cela contredit la lettre du Dr Hayes écrite en mai 2022.
« Le développement de l’éolien offshore présente des risques pour ces espèces… », peut‑on lire dans la lettre.
« Ces risques surviennent à différents stades, y compris lors de la construction et du développement, et comprennent l’augmentation du bruit, le trafic maritime, les modifications de l’habitat, les prélèvements d’eau associés à certaines sous‑stations et l’incidence/entraînement du zooplancton qui en résulte, les changements dans l’effort de pêche et l’augmentation potentielle du risque d’enchevêtrement qui en découle, et les changements océanographiques qui peuvent perturber la distribution, l’abondance et la disponibilité de la nourriture typique de la baleine franche ».
Les opposants, déjà sceptiques, n’ont pas été surpris.
« La lettre de Sean Hayes prouve que la NOAA, Orstead et Atlantic Shores (sociétés de développement éolien) savaient qu’il y avait un problème mais n’en ont parlé à personne », déclare le représentant démocrate du New Jersey Jeff van Drew, à Epoch Times. « Ils ont menti en disant qu’il n’y avait pas de problème. »
Trois républicains du Congrès et plus d’une dizaine de maires dont les districts côtiers se trouvent à proximité de sites d’énergie éolienne en mer demandent à l’administration Biden de suspendre les projets d’énergie éolienne offshore jusqu’à ce qu’une enquête approfondie permette d’évaluer leur incidence.
Un rapport accablant
Envoyée en mai 2022 à Brian Hooker, scientifique en chef du Bureau of Ocean Energy Management (BOEM), la lettre n’a été rendue publique qu’en novembre 2022.
Selon le représentant Van Drew, la lettre a été supprimée intentionnellement afin que le développement de l’éolien en mer puisse se poursuivre le long de la côte atlantique.
« Elle a été rendue publique après qu’un journaliste l’a obtenue en vertu de la Loi d’accès à l’information seulement», explique‑t‑il. « Je comprends pourquoi. Il n’ya rien dans cette lettre dont on puisse être fier. »
Selon la lettre, l’impact sur la vie marine persistera pendant toute la durée de vie de l’infrastructure éolienne en mer.
« Contrairement au trafic maritime et au bruit, qui peuvent être atténués dans une certaine mesure, les impacts océanographiques des turbines installées et en fonctionnement ne peuvent pas être atténués pendant les 30 ans de durée de vie du projet, à moins qu’elles ne soient mises hors service.
Cette lettre a galvanisé les opposants à ce que Van Drew appelle « l’industrialisation de l’océan » le long de la côte Est.
Les baleines et le vent
« Les impacts inconnus de ces projets éoliens offshore soulèvent de sérieuses inquiétudes, en particulier lorsque des baleines s’échouent sur le rivage près de l’endroit où se déroulent actuellement les études », poursuit le représentant.
Il décrit les baleines comme un signe subtil annonciateur d’une grande catastrophe.
« Leur mort nous alerte sur le fait que l’éolien en mer ne nuira pas seulement aux baleines, mais aussi à toutes sortes d’espèces marines et à la qualité de l’eau, tout en portant préjudice aux secteurs du tourisme et de la pêche », ajoute‑t‑il.
« L’ampleur et la rapidité de ces projets de développement accéléré de l’énergie éolienne en mer, avec l’installation prévue de milliers de turbines, posent la question de savoir si l’on a fait preuve de la diligence nécessaire pour étudier leurs effets sur l’environnement, la pêche, le tourisme et d’autres facteurs essentiels qui font de notre côte du Jersey le trésor unique qu’elle est », a déclaré le député Chris Smith (Représentant du New Jersey), lors d’un rassemblement « Sauvez les baleines » à Point Pleasant Beach, dans le New Jersey, le 26 février dernier.
« Le fait que ces décès de baleines surviennent en même temps que les études sonores en cours et le bruit sous‑marin généré par les navires acoustiques – avant même le début de la construction et du battage des pieux – ne peut être ignoré », a déclaré Chris Smith.
Le représentant Smith a indiqué qu’il discutait avec ses collègues du Congrès pour faire avancer son projet de loi exigeant une enquête sur le processus d’examen environnemental des projets d’éoliennes en mer.
Le BOEM a loué plus de 7000 km2 à des promoteurs d’éoliennes offshore dans l’Atlantique Nord, et 7000 km2 supplémentaires sont prévus dans l’Atlantique central.
En tant que vice‑président de la commission des transports et de l’infrastructure, Jeff Van Drew prévoit d’organiser des auditions sur le sujet dans les semaines à venir, dans le but d’imposer un moratoire sur tous les projets existants et d’interdire tous les projets futurs.
« Nous devons ralentir ces développements jusqu’à ce que nous puissions mener une enquête approfondie pour nous assurer qu’ils ne causent pas plus de dommages », a‑t‑il déclaré.
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