Une enquête a été ouverte dimanche après des dégradations commises dans un golf de la Vienne en marge d’un cortège à vélo d’opposants aux « bassines », réserves d’irrigation agricole, un « acte revendicatif » qui ne relève pas du « Convoi de l’eau » selon ses organisateurs.
À la mi-journée, une quarantaine d’individus, certains masqués, ont cisaillé un grillage et pénétré dans ce golf situé à Beaumont-Saint-Cyr, à 20 km au nord-est de Poitiers, détériorant un green et un système d’irrigation, ont fait savoir les autorités.
La préfecture de la Vienne a diffusé sur Twitter, rebaptisé X, des photos montrant des morceaux de pelouse arrachés et des slogans peints au sol, comme « 100 jours pour vous sécher » ou « #Convoi de l’eau ». On pouvait aussi distinguer tracé au sol un logo des Soulèvements de la Terre, collectif qui co-organise le cortège et dont la dissolution prononcée par le gouvernement a été suspendue en justice.
Des participants au convoi de l’#eau viennent de dégrader un green du golf de Beaumont-Saint-Cyr, signé du logo des Soulèvements de la Terre.
Le préfet dénonce une dégradation intolérable.
Le convoi est stoppé par la gendarmerie pour procéder à des contrôles. pic.twitter.com/tO0uXd29HN— Préfet de la Vienne (@Prefet86) August 20, 2023
Certains suspects identifiés
Les intrus ont été dispersés par les gendarmes, a indiqué la préfecture dans un communiqué. Le convoi a pu repartir pour aller bivouaquer dimanche soir à Coussay-Les-Bois (Vienne), à une trentaine de km de Beaumont-Saint-Cyr. Aucune interpellation n’a été réalisée, mais certains suspects ont été identifiés avec l’appui d’un drone et des plaintes ont été déposées. L’enquête a été confiée aux unités de recherche de la gendarmerie de Poitiers, a précisé dimanche soir le service de communication (Sirpa) de la gendarmerie.
« Il s’agit d’un acte revendicatif qui n’a pas été planifié et ne relève pas de l’organisation du convoi », ont réagi dans un communiqué les organisateurs, qui incluent aussi le collectif Bassines Non Merci et le syndicat agricole Confédération paysanne.
Parti vendredi, le « Convoi de l’eau », rassemble plusieurs centaines de manifestants à vélo, 500 selon la préfecture et 800 selon l’organisation. Il doit atteindre Orléans vendredi prochain, puis Paris le lendemain, pour réclamer un moratoire sur les projets de « bassines », cinq mois après les violents affrontements survenus entre manifestants et forces de l’ordre autour du chantier de Sainte-Soline.
Les dégradations sur le golf de Beaumont-Saint-Cyr ont été commises au moment de la pause de midi du convoi, à côté d’un plan d’eau interdit à la baignade pour cause de cyanobactéries. « Quelques dizaines de personnes ont de toute évidence voulu aller se rafraîchir sur un des points d’arrosage du golf situé juste à côté », ont fait valoir les Soulèvements de la Terre, qui fustigent au passage les golfs, « source de gaspillage d’eau pour un sport de luxe ». Plusieurs golfs avaient déjà été dégradés en France lors de la sécheresse de l’été 2022.
Pas de dialogue possible
Dans un message publié sur X, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a dénoncé dimanche ceux qui « dégradent, détruisent, saccagent ». « Il n’y aura jamais de dialogue possible avec ceux qui entendent imposer leur loi par la violence », a-t-il écrit.
Voilà donc les moyens d’action « pacifiques » de ceux qui, prétendant défendre une « cause », dégradent, détruisent, saccagent le travail et l’outil de travail d’autrui. Il n’y aura jamais de dialogue possible avec ceux qui entendent imposer leur loi par la violence. Jamais. https://t.co/8rHYYKIYjv
— Marc Fesneau (@MFesneau) August 20, 2023
« Au vu de sa vitesse de réaction on peut se demander si M. Fesneau est ministre des Sports ou bien de l’Agriculture », ont ironisé les Soulèvements de la Terre. « L’écologie politique doit se positionner clairement face à la radicalité et l’utilisation de la violence, » a pour sa part réagi Arnaud Rousseau, président du syndicat agricole FNSEA, favorable aux réserves d’irrigation.
La réserve de Sainte-Soline est la deuxième des seize en projet dans le Marais poitevin. Ses promoteurs, 450 agriculteurs soutenus par l’État, défendent une assurance-récolte indispensable à leur survie face aux sécheresses à répétition. Leurs opposants dénoncent eux une « fuite en avant » du modèle agricole « productiviste », à l’heure du changement climatique.
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