Une égyptologue espagnole vient de reconstituer le texte d’un manuscrit philosophique datant de 1900 à 2000 ans avant notre ère.
« Dialogue entre un homme et son Bâ (âme) » est un manuscrit bien connu des égyptologues. Conservé au musée égyptien de Berlin depuis 1842, ce texte, incomplet, relate les questionnements d’un homme face à la mort, rappelant presque le célèbre « To be or not to be » de Hamlet, personnage de Shakespeare, écrit plus de 3500 ans plus tard…
« Certains ont cru voir dans ce texte les réflexions d’un homme suicidaire ; d’autres, le dialogue entre un défunt et un esprit, à l’occasion du jugement dernier », explique l’égyptologue Marina Escolano-Poveda sur Le Point.
Grâce aux travaux de cette égyptologue, le texte a retrouvé son introduction, permettant enfin de mieux comprendre sa signification.
Entre Majorque et Berlin
C’est lors d’un congrès organisé dans un petit musée de Majorque en 2010, que l’égyptologue tombe, par hasard, sur des fragments d’un document insolite: 72 petits morceaux de papyrus qui constituent un puzzle difficile à reconstituer.
« Au vu de son mauvais état, aucun chercheur n’avait vraiment pris la peine de se pencher dessus. Mais il m’intriguait, » se souvient la chercheuse.
Etant alors doctorante à l’université Johns-Hopkins de Baltimore (Maryland), la jeune femme va y ramener les fragments et tenter de reconstituer et dater le document. « On m’avait dit que ce document était écrit en caractères démotiques. En y regardant de plus près, je me suis rendu compte qu’il comportait en réalité des hiéroglyphes d’une facture typique de la XIIe dynastie, ce qui en fait un texte du début du Moyen Empire », explique l’égyptologue.
« Une expérience de mort imminente »
Mais, il lui faudra attendre 2015 pour établir une analogie entre les fragments de Majorque et le papyrus de Berlin. Après vérification de ses pairs, le lien entre les deux documents est confirmé.
Marina Escolano-Poveda a donc retrouvé l’introduction du texte de « Dialogue entre un homme et son Bâ », ouvrant de nouvelles perspectives de compréhension de ce texte philosophique.
Pour l’égyptologue de 37 ans, « contrairement à ce que l’on pensait jusque-là, le héros ne meurt pas à la fin puisqu’il est bien spécifié dans l’introduction que c’est lui-même qui est l’auteur de ce texte. Cela suppose donc qu’il ait survécu. Si l’on devait qualifier l’épisode, on dirait aujourd’hui que le narrateur a vécu une expérience de mort imminente ».
Depuis, la chercheuse s’est à nouveau rendue au musée de Majorque et a pu retrouver d’autres fragments de papyrus qui correspondent en fait à des extraits d’autres livres. Le Conte du Pasteur, qui narre la rencontre d’un éleveur avec une déesse, pourrait bien avoir une autre explication, relate l’égyptologue. « Un récit que nous avions tendance à envisager sous la forme d’un conte moral, car une divinité semble tenter de séduire un humain pour le mettre dans sa couche. Mon hypothèse est tout autre : la déesse me semble surtout intéressée par le bétail du paysan… »
L’égyptologue n’est donc pas encore arrivée au bout de ses recherches de fragments, probablement disséminés dans d’autres musées, et de la compréhension de ces manuscrits…
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