« Un partenariat stratégique » : Emmanuel Macron veut intensifier les liens avec l’Arabie saoudite lors de sa visite d’État

Par Epoch Times avec AFP
2 décembre 2024 14:50 Mis à jour: 2 décembre 2024 14:54

Le Président Emmanuel Macron s’est envolé lundi pour une visite d’État de trois jours en Arabie saoudite destinée à intensifier les liens avec ce puissant acteur du Moyen-Orient et à « œuvrer ensemble » à la stabilisation régionale.

Alors qu’une nouvelle crise politique semble se nouer à Paris, où le gouvernement, en place depuis à peine plus de deux mois, pourrait être renversé dans les prochains jours au Parlement, le chef de l’État est attendu vers 19h00 locales (16h00 GMT) à Ryad. Il aura dans la foulée un premier entretien en tête-à-tête suivi d’un dîner avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume.

Il s’agit de son troisième déplacement en Arabie saoudite depuis 2017, une « relation très dense » à laquelle l’homme fort du pays, un temps paria après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie, a répondu par trois visites officielles en France.

Le Liban au « cœur des discussions »

Les deux dirigeants vont « acter un rehaussement de la relation bilatérale au niveau d’un partenariat stratégique », a annoncé l’Élysée, rappelant que la dernière visite d’État d’un président français en Arabie remonte à Jacques Chirac en 2006. Ils vont voir comment « travailler ensemble » sur les conflits qui secouent la région et les risques d’escalade généralisée.

Avec au « cœur des discussions » le Liban, après une trêve fragile entrée en vigueur mercredi entre Israël et le mouvement terroriste chiite Hezbollah, soutenu par l’Iran. Emmanuel Macron, fort de son rôle dans ce cessez-le-feu, espère un soutien saoudien à l’armée libanaise, qui se redéploie à la frontière avec Israël mais manque de moyens, et à la résolution de la crise politique qui secoue le Liban depuis plus de deux ans.

La monarchie du Golfe, longtemps influente politiquement et financièrement au Liban, s’en est désengagée ces dernières années devant le poids grandissant du Hezbollah. Mais ce dernier sort très affaibli du conflit avec Israël et Ryad pourrait donc se décider à « financer à nouveau des acquisitions au profit des Forces armées libanaises, voire une aide à l’économie libanaise », avance un connaisseur du dossier à Paris.

Les deux pays appellent aussi à un cessez-le-feu à Gaza et à une « issue politique » reposant sur la « solution des “deux États” », israélien et palestinien.

L’Arabie saoudite, qui abrite les lieux les plus saints de l’islam, est engagée dans des discussions avec Washington pour une normalisation de ses relations avec Israël et l’octroi de garanties de sécurité américaines. Mais mi-septembre, le prince héritier a affirmé que son pays ne reconnaitrait pas Israël avant la « création d’un État palestinien ». Les combats qui ont repris en Syrie entre groupes rebelles et le régime de Bachar al-Assad rouvrent aussi un nouveau front d’instabilité.

Un important volet économique

La visite présidentielle aura un important volet économique mardi alors que le royaume, premier producteur mondial de brut, s’est engagé dans une diversification accélérée pour faire face à un potentiel après-pétrole. Les deux pays entendent « renforcer de manière très importante » leurs échanges économiques qui ne sont pas « à la hauteur des ambitions communes », souligne l’Élysée.

Le chef de l’État sera accompagné d’une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia…) mais aussi de start-ups dans l’intelligence artificielle et la physique quantique (Pasqal, Alan, Mistral…). Autant de secteurs, avec la transition énergétique et les mobilités, qui pourraient déboucher sur des contrats. Des entreprises françaises vont notamment participer à des projets dans l’énergie solaire.

Des discussions sont également en cours pour l’acquisition d’avions de chasse Rafale par l’Arabie. « La visite du président pourrait permettre d’emporter une décision, pas forcément une annonce », selon une source proche du dossier. La France est aussi un partenaire clé de Ryad en matière culturelle et touristique, avec le développement d’un méga-projet de 20 milliards de dollars autour de l’oasis et du site archéologique d’Al-Ula, au nord de Médine (nord-ouest).

Jadis ouverte essentiellement aux pèlerins musulmans se rendant à La Mecque, l’Arabie saoudite ambitionne de faire du tourisme un des piliers de sa transformation économique et sociétale et d’Al-Ula un des sites les plus prestigieux du Moyen-Orient.

Emmanuel Macron se rendra mercredi à Al-Ula avec sa ministre de la Culture Rachida Dati et d’autres responsables culturels français, dont celui du Centre Pompidou qui va y réaliser un musée d’art contemporain dédié aux artistes du monde arabe.

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