Une poignée de républicains de la Chambre des représentants a déposé un projet de loi qui interdirait aux contribuables américains de financer le Forum économique mondial (FEM), qualifiant l’organisation transnationale et ses objectifs de « peu judicieux, élitistes et anti-américains ».
Baptisée « Defund Davos Act » (Loi sur le définancement de Davos), cette mesure interdirait au département d’État américain, à l’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development, USAID), ou à toute autre institution américaine, de financer le FEM, selon un communiqué de presse publié le 19 janvier.
Le représentant Scott Perry (Parti républicain – Pennsylvanie), l’un des auteurs du projet de loi, a déclaré dans un communiqué: « Forcer les contribuables américains à financer les voyages de ski annuels d’élitistes mondiaux étroits d’esprit est absurde, voire répréhensible. Le Forum économique mondial ne mérite pas un centime de financement américain. Il est grand temps de supprimer Davos. »
Les représentants Tom Tiffany (Parti républicain – Wisconsin), Paul Gosal (Parti républicain – Arizona), Diana Harshbarger (Parti républicain – Tennessee), Andy Ogles (Parti républicain –Tennessee) et Matt Rosendale (Parti républicain – Montana) se sont joints à M. Perry pour soutenir cette mesure.
« La ‘Loi sur le définancement de Davos’ garantirait que l’argent des contribuables américains ne finance pas le Forum économique mondial et leur réinitialisation [reset] de notre mode de vie », a déclaré M. Tiffany dans un communiqué.
La ‘réinitialisation’ fait manifestement référence à un ensemble d’idées avancées par le fondateur et président exécutif du FEM, Klaus Schwab, étayé dans un livre qu’il a coécrit et intitulé « The Great Reset » (Grand Reset). Résumé dans un article d’opinion, le concept est décrit comme un effort mondial coordonné visant à « réorganiser tous les aspects des sociétés et des économies », et auquel tous les pays, y compris les États-Unis, « doivent participer ».
Le « Grand Reset »
Selon Klaus Schwab, le Grand Reset comporte trois volets principaux. Le premier consiste à « orienter le marché vers des résultats plus équitables », notamment en supprimant le financement des combustibles fossiles et en imposant éventuellement des impôts sur la fortune.
Le deuxième volet du Grand Reset, selon M. Schwab, prévoit des mesures visant à canaliser les investissements vers la réalisation d' »objectifs communs, tels que l’égalité et la durabilité », ainsi que le développement d’infrastructures « vertes », et à créer un système d’incitatifs visant à contraindre les industries à adopter des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
Le troisième volet du Grand Reset consisterait à « tirer profit des innovations de la quatrième révolution industrielle », telles que l’intelligence artificielle, et de les mettre « au service du bien public », et de la mise en place, entre autres, d’outils de traçabilité des infections ou de suivi du statut vaccinal, afin de répondre à des enjeux sanitaires et sociaux.
Lors des rencontres du FEM de cette année (qui se sont déroulées du 15 au 19 janvier), la reine Máxima des Pays-Bas, militante de longue date pour la justice sociale et avocate spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour le financement inclusif du développement (UNSGSA), a appelé à l’adoption généralisée de cartes d’identité numériques biométriques, pouvant être utilisées par les gouvernements, pour tracer « ceux qui sont réellement vaccinés ou non ».
Objections des Républicains
Les républicains s’opposent au financement du FEM par les États-Unis, estimant que le forum permet aux élites mondiales et aux dirigeants de pays tels que la Chine et l’Iran de promouvoir des mesures contraires aux intérêts des États-Unis.
Au fil des ans, les États-Unis ont dépensé des millions de dollars en financement du FEM et de sa conférence annuelle réunissant les élites mondiales, où, selon les républicains, les discussions portent sur des « idées dystopiques telles que la solidarité mondiale et la consommation d’insectes pour résoudre la faim dans le monde ».
Comme le souligne Klaus Schwab dans « Le Grand Reset », le FEM et ses dirigeants préconisent une approche descendante [top-down] pour répondre à diverses menaces, notamment par la réorganisation du capitalisme visant une meilleure répartition des richesses, et le renforcement des institutions multinationales.
Selon ses détracteurs, des organisations internationales tentent, par le FEM, de saper la souveraineté nationale des pays, par la centralisation du pouvoir et de la prise de décisions, au détriment des libertés individuelles et des communautés locales.
Certains craignent également que les solutions du forum impliquent un haut degré d’interventionnisme économique de la part des gouvernements, et d’ingénierie sociale de la part des élites, afin d’imposer des valeurs et des croyances progressistes à des populations à l’esprit traditionnel.
La proposition républicaine visant à définancer le FEM a été présentée le dernier jour de la conférence annuelle de l’organisation, qui s’est achevée le 19 janvier à Davos, en Suisse.
Le FEM préoccupé par Trump
Des observateurs ont déclaré que la victoire triomphale de l’ancien président Donald Trump à la primaire républicaine de l’Iowa le 15 janvier est devenue un sujet de conversation – et une source d’inquiétude – lors du sommet annuel du FEM à Davos.
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, qui a ouvertement critiqué l’ancien président, a participé à la conférence du Forum.
« Nous sommes tous préoccupés par cette question parce que les États-Unis sont la plus grande économie, la plus grande puissance militaire au monde et ont été le pays phare de la démocratie, avec ses bons et ses mauvais côtés », a-t-elle déclaré le 17 janvier lors d’une interview accordée à Bloomberg portant sur les prochaines élections américaines.
« Nous devons être extrêmement attentifs », a-t-elle ajouté.
Mme Lagarde, alors à la tête du Fonds monétaire international, avait qualifié Trump de « menace » évidente pour l’Europe. Elle a fait ces remarques lors d’une récente interview avec France 2, évoquant la position de Trump sur les tarifs douaniers, l’OTAN et le changement climatique.
Le dernier jour de la conférence du FEM, Mme Lagarde a suggéré que la stratégie la plus efficace, dans le cas où Trump se réinstallerait à la Maison-Blanche, serait de passer à l’offensive.
« La meilleure défense, si c’est ainsi que nous voulons l’envisager, c’est l’attaque », a-t-elle déclaré lors d’une table ronde le 19 janvier.
« Pour attaquer correctement, il faut être fort intérieurement. Être fort signifie avoir un marché fort et profond, un véritable marché unique. »
Philipp Hildebrand, ancien directeur de la banque centrale suisse et actuel vice-président de BlackRock, a exprimé un point de vue similaire au sujet des prochaines élections américaines.
« Vous savez, nous sommes déjà passés par là, nous y avons survécu, alors nous verrons ce qu’il adviendra », a déclaré M. Hildebrand à Bloomberg à Davos. « D’un point de vue européen, d’un point de vue mondialiste et atlantiste, il s’agit bien sûr d’une grande préoccupation. »
Concernant l’éventuelle menace que pourrait représenter une présidence Trump, Gordon Brown, ancien Premier ministre du Royaume-Uni, a exprimé des préoccupations similaires, estimant que l’impact pourrait se faire ressentir, non seulement aux États-Unis, mais aussi dans d’autres pays.
« Je suis inquiet de la menace d’une présidence Trump », a-t-il déclaré à CNBC le 17 janvier dans la station de ski suisse.
Pour sa part, Trump s’est rendu à Davos à deux reprises, en 2018 et en 2020, pour assister aux réunions du FEM.
En 2020, dans son discours d’ouverture, il a vanté ses politiques commerciales protectionnistes et la position des États-Unis en tant que premier producteur mondial de pétrole et de gaz.
Il a également exprimé ouvertement son scepticisme à l’égard du changement climatique, s’en prenant directement à ceux qu’ils qualifient d' »alarmistes » et de « socialistes radicaux ».
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