Dans son dernier rapport, le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) a pointé le « mal-être » des officiers français, soulignant une « érosion lente mais constante » des vocations depuis environ dix ans. Il a également mis en lumière les difficultés de recrutement et de fidélisation des militaires.
Les membres du HCECM, présidé par la conseillère d’État Catherine de Salins, ont remis un rapport au chef de l’État le 13 juillet dernier. Il a été rendu public ce vendredi 15 septembre. Celui-ci révèle de nombreuses insatisfactions chez les officiers français, s’accompagnant d’une « perte de sens » de leur vocation.
Une certaine « lassitude » qui « érode leur motivation »
La notion de « vocation » est une condition essentielle pour s’engager dans l’armée, contrairement à d’autres professions. Comparés aux diplômés de grandes écoles par exemple, les militaires sont moins bien lotis, notamment d’un point de vue financier, mais aussi parce qu’ils mettent leur vie en danger, ou encore parce qu’ils sont plus dépendants hiérarchiquement.
Si les valeurs que portent ces officiers sont l’une des raisons pour lesquelles ils sont engagés, il n’empêche que les conditions difficiles auxquelles ils font face peut les amener à une certaine « lassitude » qui « érode leur motivation ». C’est en tout cas ce que montre le rapport du HCECM, qui détaille « les déficiences du soutien, les problèmes persistants de disponibilité des matériels hors opérations extérieures, les effectifs insuffisants ainsi que les difficultés d’entraînement ». Le texte pointe également les tensions familiales à cause des contraintes liées au métier, les difficultés d’accès au logement ou même pour trouver un médecin en raison des déserts médicaux.
Cette situation de mal-être n’est cependant pas nouvelle, s’étant « déjà manifestée dans le passé, en particulier au début des années 2000 », en raison d’économie budgétaire. Toutefois, aujourd’hui, elle « apparaît plus préoccupante », selon les auteurs du rapport.
Les armées sont confrontées à une hausse des départs avant 40 ans
De plus, le recrutement devient de plus en plus difficile, et ce, même si « globalement, l’attractivité de la carrière d’officier se maintient ». Néanmoins, pour « espérer faire émerger un colonel ou un général », il faut recruter « trois à quatre jeunes lieutenants » et patienter encore 25 à 30 ans.
Le Haut Comité, qui observe « des fragilités » dans ce recrutement, mentionne également une difficulté pour les armées « à fidéliser les officiers de carrière jusqu’à leur limite d’âge ». Les chiffres montrent qu’en 2022, 11% des officiers de carrière ont quitté le service actif avant 40 ans (soit 3% de plus comparé à 2020), 16% sont partis avant 45 ans, 29% avant 50 ans et enfin il y a eu 54% de départs avant 55 ans.
À noter encore que « 44% des officiers se déclarent insatisfaits de la manière dont ils concilient leur vie professionnelle avec leur vie personnelle », pointe le rapport.
Il précise qu’« avec le temps, certaines sujétions deviennent moins supportables », le cas de la « mobilité géographique » étant vécu « de plus en plus difficilement par les officiers et leur famille ».
De plus, 49% se déclarent « insatisfaits de la politique engagée par le ministère pour améliorer (leur situation) » et 66% sont « insatisfaits des compensations financières offertes », ajoute le Haut Comité.
Outre ces constats, le Haut Comité liste quatorze recommandations, notamment « faire connaître le métier d’officier », « le valoriser auprès de l’ensemble de nos concitoyens et en particulier auprès des jeunes » ainsi que « poursuivre l’adaptation de la politique de rémunération des militaires ».
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