Un requin fantôme a été filmé pour la première fois au large d’Hawaï et de la Californie

Par Ludovic Genin
9 juin 2019 11:40 Mis à jour: 12 juillet 2019 20:37

Qui sait ce qui se cache au fond des océans ?

Une équipe de géologues d’eau profonde, a filmé involontairement un des requins les plus étranges de la planète.

En 2009, les spécialistes sous-marins de l’Institut de Recherche de l’Aquarium de la Baie de Monterey, en Californie utilisaient des engins télécommandés (acronyme en anglais « ROV ») à environ 2 000 mètres sous l’eau au large des côtes de Californie et d’Hawaï.

Même s’ils n’étaient pas à la recherche de vie sous-marine, ils se sont rendus compte que le poisson étrange qui nageait devant leur caméra était inhabituel.

Les géologues ont envoyé leur vidéo à Dave Ebert, le directeur du programme du Centre de recherche sur les requins du Pacifique de Moss Landing Marine Laboratories. Ebert est un expert en chimères, aussi appelées requins fantômes.

Après avoir visionné la vidéo, Ebert a reconnu une espèce extrêmement rare dans un habitat complètement nouveau. Le poisson filmé était une chimère bleue à nez pointu (Hydrolagus trolli), une espèce que l’on trouve généralement près de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, selon une étude récente publiée dans la revue Marine Biodiversity Records.

« Trouver ce nouveau poisson était un coup de chance. Les personnes qui ont enregistré la vidéo étaient des géologues », a dit Ebert. « Normalement, les gens n’auraient probablement pas cherché dans cette zone, alors c’est un coup de chance. »

Étranges et anciennes raretés sous-marines
Le nom de « requin fantôme » lui est attribué à cause de son aspect étrange, blanchâtre et évanescent. Or, le requin fantôme ou chimère, n’est pas un requin à proprement parler. Selon les scientifiques, il s’agit d’une espèce apparue il y a environ 300 millions d’années. Cela signifie que les requins fantômes nageaient déjà au fond des océans pendant que les dinosaures régnaient sur terre, mais à différence de ces derniers, ils existent encore aujourd’hui !

Cet animal à l’allure étrange, n’a pas d’os dans le corps mais uniquement des cartilages et les mâles possèdent un pénis rétractable entre leurs yeux. D’ailleurs, ses yeux sont aveugles, sa vision n’étant pas nécessaire puisqu’il vit jusqu’à plus de 2000 m de profondeur.

Les requins fantômes se nourrissent principalement le long du fond océanique. Bien que la plupart des espèces sous-marines préfèrent les grandes plaines subaquatiques sablonneuses, la vidéo suggère que les chimères bleues à nez pointu préfèrent les affleurements sous-marins rocheux.

Contrairement aux requins les plus populaires possédant plusieurs rangées de dents tranchantes comme des lames de rasoir, les requins fantômes n’en sont pas pourvus. Au lieu de cela, ils broient leur nourriture. Ainsi, dans leur menu on trouve les mollusques, les vers et d’autres habitants du fond de l’océan.

Ebert ne peut pas être sûr à 100 % que le poisson dans la vidéo est une chimère bleue. Pour le vérifier, il faudrait effectuer une étude ADN, mais obtenir l’ADN de créatures vivant à autant de profondeur est très difficile. Se basant uniquement sur la vidéo, Marine Biodiversity Records a accepté son article décrivant la nouvelle découverte.

Il existe au moins trois espèces
Il y a au moins trois espèces de requins fantômes qui nagent au fond des océans de notre planète et la plupart d’entre eux migrent sur de grandes distances. Il n’est donc pas surprenant de voir une chimère bleue à nez pointu dans un endroit différent.

« Je soupçonne que de nombreuses espèces migrent sur de grandes distances, mais nous n’avons pas de données à ce sujet », a expliqué Dominique Didier, biologiste marin et chimiste à l’Université de Millersville en Pennsylvanie.

« La seule façon de capturer ces espèces c’est au chalut », a-t-il dit. « C’est comme une photo instantanée. Imaginez que vous essayez de comprendre la répartition de l’espèce dans le lac Michigan et que vous draguez le lac à l’aide d’un gobelet en plastique. La pêche au chalut c’est ça ».

« Les chimères, les poissons queue de rats ou même les « poissons-lapin » (du grec Hydrolagus) ne sont que l’une des nombreuses belles espèces peu étudiées qui partagent cette planète avec nous », a conclu Didier.

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