Un spécialiste en toxicité de l’aluminium contraint de quitter son université

"Nous avons associé l'aluminium à la maladie d'Alzheimer"

Par Jennifer Margulis & Joe Wang
27 novembre 2022 13:51 Mis à jour: 28 novembre 2022 18:44

Christopher Exley est un des chercheurs en aluminium les mieux informés et les plus cités au monde. Il a publié plus de 200 articles scientifiques et a récemment écrit un livre sur l’aluminium intitulé Imagine You Are an Aluminum Atom : Discussions With Mr. Aluminum (Skyhorse, 2020) [Imaginez que vous êtes un atome d’aluminium : Discussions avec M. Aluminum].

Cependant, en juillet de l’année dernière, le Dr Exley a été contraint de quitter son poste de professeur universitaire. Ses découvertes scientifiques remettent en question l’innocuité de l’aluminium, surtout lorsqu’il est séquestré  dans le cerveau.

Au lieu de saluer ses découvertes importantes, l’université a arrêté de financer ses recherches.

Spécialiste de l’aluminium

Tous les jours, dans son ancien laboratoire de l’université de Keele, dans le Staffordshire, en Angleterre, le Dr Exley, lunettes, jean bleu et queue de cheval, faisait des expériences avec ses étudiants diplômés, revérifiait les résultats d’une analyse ou discutait de la signification d’une découverte récente faite par son équipe.

Son parcours de chercheur était des plus simples : il avait obtenu un diplôme de premier cycle en biologie et avait réussi à décrocher une bourse de l’Imperial Chemical Industries (ICI), la plus grande compagnie chimique britannique, pour passer son doctorat. L’ICI est la société mère de Syngenta, spécialisée dans la bio‑ingénierie des semences et d’autres produits agricoles, et du fabricant de vaccins AstraZeneca.

En 1992, le Dr Exley a rejoint Keele. L’université se trouve sur un campus boisé avec sept lacs et des bâtiments du XIXe siècle. Aujourd’hui, elle compte quelque 10.000 étudiants.

Une des meilleures choses à propos de Keele, selon le Dr Exley, est qu’elle offrait aux étudiants des cours à double spécialisation bien avant que cela ne soit disponible dans d’autres universités. Si on souhaitait étudier la musique et la physique, par exemple, c’était possible.

« J’appréciait la flexibilité que l’université offrait à l’époque », explique le Dr Exley lors d’un appel vidéo. « C’était un endroit agréable à fréquenter. J’avais un bon bureau et un excellent espace de laboratoire. Je n’ai pas reçu de financement direct de l’université… mais j’ai réussi à trouver mes propres fonds au fil des ans. J’ai créé un groupe. Personne n’interférait avec nous et nous faisions ce que nous voulions. »

Pendant huit ans, le Dr Exley est un chercheur universitaire de la Royal Society et se consacre exclusivement à ses travaux. Il devient ensuite professeur d’université en biologie. Parmi ses nombreuses responsabilités, il s’occupe des travaux dirigés de biochimie des étudiants de première année.

Le rôle de l’aluminium

Tout au long de sa carrière universitaire, le Dr Exley a cherché à comprendre le rôle de l’aluminium : « Quel est le rôle de l’aluminium dans la vie ? Cette question a toujours été primordiale », explique‑t‑il. « Je n’étais pas un scientifique comme les autres qui passe d’un sujet à l’autre. » Bien que ses collègues lui aient conseillé de « changer de sujet » et de « faire autre chose », il ne les a jamais écoutés.

Le Dr Exley a publié plus de 200 études. Parmi les sujets abordés : les taux anormalement élevés d’aluminium dans le cerveau de patients autistes (publiés dans le Journal of Trace Elements in Medicine and Biology) ; la présence d’aluminium dans le tissu mammaire humain (publiés dans le Journal of Inorganic Biochemistry) ; la façon dont l’aluminium peut induire des changements structurels dans les cellules embryonnaires qui se développeront plus tard en cellules nerveuses (publiés dans la revue Chemosphere) ; etc.

En tant que scientifique prolifique disposant de diverses sources de financement et dont les analyses chimiques minutieuses pouvaient être appliquées pour résoudre des problèmes médicaux réels, la réduction de la maladie d’Alzheimer, par exemple, le Dr Exley a bénéficié du soutien de son université pendant plus de 25 ans.

Jusqu’à il y a six ans, l’université publiait habituellement un communiqué de presse détaillé sur chacun de ses nouveaux résultats de recherche.

Mais tout cela a changé en 2016.

L’aluminium comme adjuvant des vaccins

En dehors des vaccins vivants atténués, tous les autres types de vaccins, y compris les vaccins Covid‑19 à ARNm et les vaccins à vecteur viral, nécessitent généralement l’ajout d’un adjuvant pour être efficaces.

Le mot « adjuvant » vient du latin « adjuvare », qui signifie aider ou améliorer. Les adjuvants sont des éléments essentiels des vaccins car ils aident l’organisme à reconnaître les antigènes contenus dans les vaccins comme étrangers.

L’activité adjuvante des composés d’aluminium a été démontrée pour la première fois en 1926 avec l’anatoxine diphtérique absorbée dans de l’alun. Depuis, les composés à base d’aluminium (principalement l’hydroxyde ou le phosphate d’aluminium) sont les adjuvants les plus couramment utilisés pour les vaccins humains.

Outre l’aluminium, l’ASO1‑B, un composé naturel extrait de l’écorce de savon, est utilisé dans le vaccin contre le zona ; le CpG 1018, un segment d’ADN synthétique, est utilisé dans le vaccin contre l’hépatite B ; et le MF59, une émulsion huile‑dans‑eau (H/E) fabriquée à partir de squalène (un composé naturel présent notamment dans le foie de requin), est utilisée dans certains vaccins contre la grippe.

Une étude récente publiée dans la revue Nature par une équipe de 19 scientifiques basés au Brésil, en Chine et aux États‑Unis, indique que les nanoparticules d’or peuvent être utilisées efficacement comme adjuvants.

En 2016, le Dr Exley et son équipe publient un article sur les adjuvants à base d’aluminium.

Les recherches dont il est question dans l’articles ont révélé que les adjuvants à base d’aluminium varient en termes de réactivité dans l’organisme et de quantité absorbée par les cellules. L’équipe postule que si l’oxyhydroxyde d’aluminium n’est pas immédiatement toxique pour les cellules, il a cependant le potentiel d’être transporté dans tout le corps et ce, jusqu’au cerveau.

La sécurité des vaccins : un sujet tabou ?

Initialement, comme de coutume, le service de presse de l’université de Keele publie un communiqué sur cette étude. Le Dr Exley aide à la rédaction du communiqué et le doyen des sciences naturelles l’approuve ensuite. Cependant, un ou deux jours plus tard, une partie du communiqué de presse est supprimé. Lorsque le Dr Exley demande des explications auprès du doyen, celui‑ci répond qu’il « n’est pas sûr de l’anglais écrit ».

Ce sera le dernier communiqué de presse que l’université publiera sur une de ses recherches. L’attaché de presse, avec qui il travaille depuis 20 ans, quitte soudainement Keele et il ne le reverra plus jamais.

« Nous avons été mis en avant pendant de très nombreuses années, plus de 25 ans de coopération vraiment positive, et puis tout s’est arrêté. »

Cette censure n’est qu’une première étape. Dès lors que le Dr Exley commence à publier des recherches remettant en question l’innocuité de l’aluminium dans les vaccins, il fait l’objet de conseils disciplinaires. Il est finalement admis qu’il n’est coupable de rien, mais une note reste inscrite dans son dossier disciplinaire. Quiconque obtient trois notes de ce type la même année peut être licencié, et les professeurs titulaires ne dérogent pas à la règle.

« J’avais même peur de faire des commentaires, souvent, sur mes intérêts de recherche et autres, parce qu’on me disait sans cesse que je jetais le discrédit sur l’université. »

À la mi‑mars 2020, du fait du Covid, les professeurs de l’université de Keele se voient interdits d’accès à leurs laboratoires, interdits de poursuivre leurs recherches. Le Dr Exley commente alors un article du Times Higher Education Supplement, un magazine britannique, déclarant qu’il est ridicule de pouvoir commander des graines pour oiseaux, considérées comme « essentielles », mais de ne pas être autorisé à poursuivre ses recherches en cours pour aider les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

« Donc les gens qui vendent des graines pour oiseaux ont pu continuer à travailler, mais pas les scientifiques. »

Juste pour avoir laissé ce commentaire en ligne en mai 2020, le Dr Exley subit de nouvelles mesures disciplinaires. En juillet, il est interrogé par le président du département, qui l’accuse de « jeter le discrédit sur l’université ».

« C’était une absurdité totale. »

Le Dr Exley n’a jamais pointé du doigt l’université, il critiquait les politiques hypocrites du gouvernement qui permettaient aux travailleurs de l’industrie des graines pour oiseaux de continuer à travailler, mais empêchaient les scientifiques de le faire. Mais « cela n’a fait aucune différence ». On lui ordonne de passer un nouveau conseil disciplinaire, prévu pour Noël 2020, mais il refuse d’y assister.

« Des recherches historiques dans le domaine »

Le Dr George Perry, un des principaux chercheurs mondiaux sur la maladie d’Alzheimer et rédacteur en chef du Journal of Alzheimer’s Disease, publie un communiqué de presse dans lequel il qualifie les travaux du Dr Exley de « recherches historiques dans le domaine ».

Mais lorsque le communiqué de presse est transmis à l’université de Keele, le doyen le rejette en le qualifiant de « sensationnaliste ». Il déclare au rédacteur en chef que l’université n’est pas intéressée par la publication d’un communiqué de presse ou par tout autre soutien.

Départ forcé en raison du refus de financement

Sa situation devient insoutenable dès lors que l’université refuse d’accepter un don pour soutenir ses travaux.

« Bobby Kennedy m’a envoyé 15.000 dollars comme don personnel pour nos recherches. Il l’a envoyé sous forme de chèque par la poste. Je l’ai donc apporté aux responsables financiers pour qu’ils le mettent sur notre compte… et Keele l’a refusé. »

L’université adresse alors une lettre à Robert Kennedy Jr., le célèbre neveu de JFK connu pour ses positions antivaccins. On lui explique que l’établissement ne peut accepter ce chèque car un don personnel venant d’une personnalité publique tel que lui contrarie les principaux investisseurs de l’université.

C’est le professeur David Amigoni, vice‑chancelier pour la recherche et l’entreprise et le Dr Mark Bacon, directeur de la recherche, de l’innovation et de l’engagement qui répondent au nom de l’université à Robert Kennedy par une lettre datée du 20 février 2020, ultérieurement publiée sur Internet : « (…) accepter tout don important de la part de grandes personnalités publiques ou de fondations pourrait placer l’institution dans une situation difficile sur le plan de l’éthique et de la réputation. »

Treize mois plus tard, Keele bloque le site Web du Dr Exley.

« Je crois que l’université subissait des pressions extérieures. Nous avons associé l’aluminium à la maladie d’Alzheimer à un point tel que je dis à qui veut l’entendre que si on n’a pas d’aluminium dans le cerveau, on n’aura pas la maladie d’Alzheimer, si on mène une vie normale. »

Cependant, avant ces pressions extérieures, l’université voulait déjà réduire les travaux de son équipe prolifique sur l’aluminium et sur son impact en tant qu’adjuvant dans le cerveau, précise le chercheur.

Le vice‑chancelier parvenant à empêcher le Dr Exley d’obtenir des fonds de recherche auprès d’organisations philanthropiques, de dons personnels ou d’œuvres de bienfaisance, il estime qu’il n’a pas d’autre choix que de quitter son poste. Avant son départ forcé, son équipe rapportait environ 200.000 dollars par an.

Catalogué antivax

AstraZeneca fabrique le vaccin Covid‑19 sur le campus de l’université de Keele. La Fondation Bill-et-Melinda-Gates, qui a beaucoup investi dans la recherche et la promotion des vaccins, est également un des bailleurs de fonds de l’université.

Le vice‑chancelier de Keele accuse alors le Dr Exley d’être un acteur de premier plan du mouvement antivax britannique. Il affirme que toutes ses recherches sont « antivax ».

Un article paru en 2019 dans le journal britannique The Guardian classe également les recherches du Dr Exley comme antivax dans la mesure où il ose faire le lien entre les vaccins et l’autisme.

Aucune des recherches du Dr Exley n’est cependant antivax. Le Dr Exleys’intéresse à l’aluminium uniquement. En réalité, nombre de ses études ne mentionnent pas même le mot « vaccin ».

Récemment, le rédacteur en chef de la revue scientifique Food and Chemical Toxicology (FCT) a globalement été contraint de démissionner pour conserver son indépendance professionnelle après avoir publié un article scientifique sur l’impact des vaccins à ARNm sur l’immunité innée. D’autres scientifiques et médecins qui se sont exprimés sur les problèmes de sécurité des vaccins ont été confrontés à des mesures disciplinaires, à la censure, à l’ostracisme et à la calomnie.

Cependant, des scientifiques comme le Dr Exley soutiennent que leurs opinions personnelles et les éventuelles répercussions professionnelles ne sont pas aussi importantes que de suivre la science, même si cela implique de travailler dans un endroit inattendu.

« La science, c’est ce qui doit primer. C’est elle qu’il faut écouter. Pas mes opinions. Pas ce que je pense. Mais la science. »

C’est la science, récemment, qui l’a amené à soupçonner que l’aluminium contenu dans les vaccins peut faire plus de mal que de bien.

« Il faudrait stopper tous les vaccins qui contiennent des adjuvants à base d’aluminium. Je crois que les adjuvants vaccinaux aluminiques sont dangereux et qu’il n’y a aucune raison pour qu’on les utilise, à part le coût. Nous pouvons fabriquer des vaccins qui ne contiennent pas d’adjuvants à base d’aluminium et qui fonctionneront. »

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