SANTé

Traitement des troubles obsessionnels compulsifs : un supplément antioxydant présente un potentiel

août 2, 2024 0:07, Last Updated: août 2, 2024 1:19
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L’antioxydant n-acétylcystéine (NAC) apparaît comme un traitement prometteur des troubles obsessionnels compulsifs (TOC), offrant un nouvel espoir aux quelque 50 % d’adultes atteints de TOC qui ne répondent pas aux traitements habituels.

Au cours des dernières années, les chercheurs ont accumulé des preuves que la NAC, un dérivé de l’acide aminé cystéine, disponible sous forme de supplément en vente libre, pouvait aider les personnes souffrant de TOC. Elle s’avère également prometteuse dans le traitement des patients souffrant de trichotillomanie, un trouble qui consiste à s’arracher les cheveux, et fait l’objet d’études pour le traitement des joueurs et des buveurs compulsifs.

Cependant, la recherche sur la NAC a été lente, en partie parce que le médicament, désormais disponible sans ordonnance, a un potentiel commercial limité, selon le Dr Massimo Carollo, pharmacologue et toxicologue clinique au département de diagnostic et de santé publique de l’université de Vérone, en Italie.

Actuellement, les traitements de première intention des TOC sont généralement les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Cependant, « environ 40 à 60 % des patients souffrant de TOC ne parviennent pas à soulager suffisamment leurs symptômes avec les traitements de première intention ou présentent des effets/réactions indésirables qui empêchent la poursuite du traitement », a déclaré le Dr Carollo à Epoch Times.

« Ce taux élevé de résistance au traitement souligne la complexité des TOC et la nécessité de trouver d’autres approches thérapeutiques », a-t-il ajouté. Cette complexité, écrit-il dans une lettre publiée dans le numéro de février de la revue CNS Neuroscience & Therapeutics, « émerge probablement d’une interaction multiforme de facteurs, englobant les déséquilibres neurochimiques, les prédispositions génétiques, les déclencheurs environnementaux et les influences psychologiques ».

Le Dr Carollo et ses collègues ont publié cette lettre pour sensibiliser à l’utilisation de la NAC dans le traitement des TOC.

Ils y écrivent qu’à leur connaissance, malgré l’efficacité potentielle de la NAC, « seuls cinq essais contrôlés randomisés ont testé l’efficacité potentielle de la NAC en tant que traitement d’appoint des troubles obsessionnels compulsifs ». Quatre de ces études ont fait état d’une amélioration significative des symptômes, mesurée par les scores de l’échelle Y-BOCS, Yale-Brown Obsessive-Compulsive Scale (Echelle d’obsession-compulsion de Yale-Brown) à des doses de 2000 mg à 3000 mg par jour, écrivent-ils.

La NAC s’est avérée sûre même à ces doses élevées, affirment-ils. Mais comme les produits à base de NAC actuellement disponibles sur le marché contiennent généralement de 200 mg à 600 mg, l’intérêt pratique d’atteindre une dose thérapeutique est limité.

TOC et sérotonine

Selon le Dr Carollo, l’efficacité potentielle de la NAC dans le traitement des TOC suggère que la cause du trouble pourrait se trouver dans le système glutamatergique de l’organisme.

Selon certains chercheurs, les TOC pourraient être dus à des problèmes de glutamate, un neurotransmetteur excitateur, et non de sérotonine, un neurotransmetteur inhibiteur, et pourraient donc être mieux traités par la NAC que par les ISRS. Mais les recherches sur le rôle du glutamate dans les TOC ont été limitées, selon le Dr Carollo.

« La majorité des traitements des TOC se sont traditionnellement concentrés sur la modulation des niveaux de sérotonine, comme en témoigne l’utilisation répandue des ISRS [pour traiter les TOC] », a déclaré le Dr Carollo à Epoch Times. « L’importance accordée aux ISRS n’est pas propre aux TOC, mais s’étend à d’autres troubles psychiatriques tels que la dépression et l’anxiété, où le dysfonctionnement sérotoninergique est également une cible clé. »

Des niveaux anormaux de glutamate ont été observés dans des régions spécifiques du cerveau des personnes atteintes de TOC, telles que le cortex cingulaire antérieur, crucial pour le contrôle de l’attention et la régulation des émotions, a déclaré le Dr Carollo.

Ces résultats, ainsi que les altérations documentées du fonctionnement des récepteurs et des transporteurs de glutamate, suggèrent que le dysfonctionnement glutamatergique joue un rôle important dans les TOC, explique-t-il, même s’il n’explique probablement pas la totalité du trouble. « Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les traitements ciblant le glutamate », a-t-il ajouté.

Davantage de preuves et de financements sont nécessaires

Le Dr Carollo a cité trois raisons pour expliquer l’absence d’essais à grande échelle sur l’utilisation de la NAC dans le traitement des TOC :

1. Des incitations financières limitées pour la réalisation d’essais coûteux à grande échelle. « Les sociétés pharmaceutiques financent généralement des essais à grande échelle pour les nouveaux médicaments ayant un fort potentiel commercial, un scénario qui s’applique moins à la NAC », a-t-il déclaré.

2. La nécessité de disposer de preuves plus concluantes concernant les doses optimales, l’efficacité à long terme et l’innocuité de la NAC dans le traitement des troubles obsessionnels compulsifs. « Cela nécessite des études de phase 2 et 3, qui requièrent beaucoup de temps et de ressources », a-t-il ajouté.

3. L’accent historique mis sur les mécanismes sérotoninergiques des TOC a pu détourner l’attention et les ressources de l’exploration d’autres voies.

La NAC aide-t-elle les enfants souffrant de TOC ?

La NAC pourrait être moins utile pour les enfants souffrant de TOC, selon un article de synthèse publié dans le numéro de juin de la revue Pediatric Drugs.

Selon Eric Storch, co-auteur de l’article et directeur du département de psychologie du Menninger Department of Psychiatry and Behavioral Sciences du Baylor College of Medicine à Houston, les lignes directrices recommandent la monothérapie par la TCC pour les jeunes souffrant de TOC légers à modérés, et un traitement combiné pour ceux qui présentent des symptômes plus graves.

« La NAC ne devrait pas être un traitement de première intention, compte tenu des données très limitées concernant les jeunes atteints de TOC (ainsi que les adultes atteints de TOC) », a déclaré à Epoch Times, Eric Storch, titulaire d’un doctorat en psychologie clinique.

« J’espère réellement que d’autres recherches seront menées, mais en même temps, ce qui a été rapporté n’a pas été en faveur de la NAC pour le traitement des TOC pédiatriques », a-t-il déclaré. « Il serait utile de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents […et] de faire des recherches sur la diffusion des traitements efficaces. »

Environ 10 % des enfants sont réfractaires au traitement, a-t-il ajouté, et une étude récente publiée dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry a montré que 90 % des jeunes souffrant de TOC étaient soit en rémission, soit en nette amélioration trois ans plus tard.

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