Un répit avant une autre échéance cruciale : le promoteur chinois Country Garden à l’endettement astronomique a obtenu in extremis de ses créanciers le rééchelonnement d’un remboursement, qui repousse un potentiel défaut de paiement.
Le promoteur, qui a longtemps été réputé solide financièrement, a été incapable début août de rembourser 22,5 millions de dollars d’intérêts sur des emprunts, au moment où le secteur immobilier connaît une crise sans précédent en Chine. Après des pertes record enregistrées au premier semestre, il devait s’acquitter ce samedi du remboursement d’un emprunt obligataire d’un montant total de 3,9 milliards de yuans (environ 500 millions d’euros).
Selon Bloomberg, les créanciers ont donné leur accord vendredi soir pour reporter la date butoir à 2026, lors d’un vote prolongé à deux reprises depuis vendredi dernier. Country Garden n’avait pas communiqué dans l’immédiat. Le groupe, qui était l’an dernier encore le plus gros promoteur de Chine, n’est pas pour autant tiré d’affaires.
La notation Moody’s au plus bas
Une autre échéance se profile la semaine prochaine pour les deux paiements d’intérêts qu’il n’a pas honorés en août. S’il ne le fait pas, Country Garden risque formellement un défaut de paiement car son délai de grâce de 30 jours prendra fin mardi. Un impayé enverrait une onde de choc sur les marchés et plongerait un secteur immobilier déjà échaudé par la crise sanitaire et le ralentissement économique en Chine un peu plus dans le marasme.
Country Garden « ne dispose pas de sources de trésorerie suffisantes » pour faire face aux prochaines échéances, a estimé jeudi l’agence de notation Moody’s, qui a abaissé de trois crans la note de solidité du groupe. Elle est désormais de « Ca », synonyme de « en défaut, avec quelques espoirs de recouvrement ». Début août, Moody’s avait déjà diminué une première fois sa note.
Les logements payés avant leur construction
Country Garden avait fin 2022 une dette considérable estimée à 1430 milliards de yuans (180 milliards d’euros). Il disposait fin juin de 147,9 milliards de yuans de trésorerie (18,6 milliards d’euros), une somme qui lui sert à achever des logements déjà payés par les propriétaires avant même leur construction.
Les groupes immobiliers en Chine se sont longtemps reposés sur ce modèle de financement. Mais leur endettement massif est perçu ces dernières années par le pouvoir comme un risque majeur pour l’économie et le système financier du pays. Pékin a ainsi progressivement durci à partir de 2020 leurs conditions d’accès au crédit, ce qui a tari les sources de financement de groupes déjà endettés. Une vague de défauts de paiement a suivi, notamment celui du groupe Evergrande, qui mine la confiance des acheteurs potentiels et se répercute sur l’ensemble du secteur, sur fond de ralentissement économique.
Des conséquences incommensurables
Une faillite de Country Garden aurait des conséquences incommensurables pour le système financier en Chine, avec un lot de logements inachevés, des fournisseurs non payés et plusieurs dizaines de milliers de Chinois qui risquent de ne pas pouvoir récupérer leur argent.
Pour revigorer un secteur qui a longtemps représenté le quart du PIB de la Chine, plusieurs grandes villes, dont Pékin et Shanghai, ont assoupli les critères pour obtenir un prêt hypothécaire, afin que davantage de ménages puissent en bénéficier et stimulent ainsi la demande. La banque centrale a de son côté annoncé la baisse prochaine des taux sur les prêts hypothécaires pour les primo-accédants. Mais l’effet de ces mesures est incertain, prévient l’économiste Larry Hu, de la banque d’investissement Macquarie. Elles ne vont « pas nécessairement se traduire par des achats », estime-t-il.
Les acheteurs potentiels restent préoccupés par leur situation financière, la baisse des prix de l’immobilier qui font perdre de la valeur aux biens et les déboires des promoteurs.
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