Un tanker iranien touché par de « probables » frappes de missiles en mer Rouge

Par Epochtimes.fr avec AFP
11 octobre 2019 15:31 Mis à jour: 11 octobre 2019 15:43

Un tanker iranien a été touché vendredi par deux frappes de missile présumées en mer Rouge, à une centaine de kilomètres d’un port saoudien, premier incident où un navire iranien est visé depuis une série d’attaques dans le Golfe.

Cet incident survient sur fond de vives tensions entre l’Iran d’un côté et l’Arabie saoudite et son allié américain de l’autre, ces deux derniers ayant récemment accusé Téhéran d’être derrière des attaques contre des sites pétroliers du royaume saoudien, allégations démenties par la République islamique.

La National Iranian Tanker Company (NITC), compagnie étatique iranienne, a déclaré que la coque du tanker Sabiti avait été touchée par deux explosions à environ 100 km des côtes saoudiennes, au large du port de Jeddah (ouest).

Les explosions « ont probablement été causées par des frappes de missile », a affirmé la NITC, précisant que les dégâts s’étalaient sur un à 1,5 mètres carrés de la coque.

« Tous les membres de l’équipage sont sains et saufs », a ajouté la compagnie, précisant que le navire se dirigeait vers les eaux du Golfe et que les personnes à bord tentaient de réparer les dégâts. « Il n’y a pas d’incendie à bord », a-t-elle affirmé.

-Une fuite de pétrole en mer Rouge-

L’attaque a été lancée « depuis un endroit près du corridor (maritime par lequel passait le tanker), dans l’est de la mer Rouge », a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères.

Selon la télévision d’Etat iranienne, il est possible que l’incident ait été causé par « une attaque terroriste ». Sur des photographies qu’elle a diffusées, le pont du navire ne parait pas endommagé.

Les explosions ont causé une fuite de pétrole en mer Rouge, selon l’agence Isna. Une enquête est en cours sur « cet acte irresponsable », a affirmé Abbas Moussavi, porte-parole de la diplomatie iranienne.

D’après le site TankerTrackers, qui surveille les mouvements des navires-citernes, le Sabiti transporte un million de barils de pétrole.

Le prix du Brent était en hausse de plus de 2% vendredi. « Cela ajoute de l’huile sur le feu au Moyen-Orient », selon Bjarne Schieldrop, analyste de la banque suédoise SEB.

-L’incident le dernier d’une longue série dans la région-

Le cours du pétrole grimpe « non pas parce que ce tanker contenait assez de pétrole pour avoir un impact sur le marché mais en raison du risque qu’un incident similaire se reproduise en Iran, Arabie saoudite ou Irak », a estimé auprès de l’AFP l’analyste Thina Margrethe Saltvedt.

L’incident est le dernier d’une longue série dans la région, après notamment des attaques en Arabie saoudite, des saisies de pétroliers dans le Golfe et la destruction d’un drone américain par Téhéran.

En septembre, Ryad, Washington, puis Londres, Berlin et Paris ont accusé Téhéran d’être responsable de frappes aériennes contre deux sites pétroliers stratégiques dans le royaume saoudien, faisant bondir brièvement les prix du brut de 20%.

Téhéran a nié toute implication dans ces attaques revendiquées par les rebelles yéménites, soutenus par l’Iran et combattus par une coalition militaire dirigée par Ryad.

-Trump a annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes-

Après les attaques de septembre, Washington avait affirmé être « prêt à riposter » et annoncé l’envoi de renforts militaires dans la région.

Ces attaques avaient réveillé la crainte d’un affrontement militaire avec l’Iran, alors que Washington et Téhéran ont frôlé l’affrontement militaire direct en juin. Le président américain Donald Trump avait dit avoir annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes après que Téhéran eut abattu un drone américain.

L’attaque présumée de vendredi survient aussi après la saisie de plusieurs tankers par l’Iran ces derniers mois dans la région du Golfe et l’arraisonnement en juillet au large de Gibraltar (extrême-sud de l’Espagne) d’un pétrolier iranien, autorisé à repartir en août.

L’Iran, qui se considère comme le gardien du Golfe, dénonce la présence de forces étrangères dans la région et a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit stratégique d’Ormuz, point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole, en cas d’action militaire américaine.

En mai et juin, Washington avait imputé à l’Iran des attaques et des actes de sabotage contre des pétroliers dans la région du Golfe. Depuis, les Etats-Unis ont formé une coalition militaire maritime pour protéger la navigation, rejointe par Ryad et Abou Dhabi.

L’Iran a lui présenté un projet régional afin d’assurer « la sécurité énergétique et la liberté de navigation » dans les eaux du Golfe.

Les tensions irano-américaines n’ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral en 2018 de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran. Téhéran a répliqué en s’affranchissant progressivement de certains engagements de l’accord.

 

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