Une avocate expulsée par la force d’une salle d’audience du tribunal de Paris : « Un incident gravissime et révoltant »

23 mai 2019 16:20 Mis à jour: 23 mai 2019 16:20

Le Conseil de l’Ordre de Paris a condamné l’expulsion, considérant qu’il s’agissait d’une véritable « agression ».

C’est un incident peu commun qui s’est déroulé dans une des salles d’audience du Tribunal d’instance de Paris.

Le jeudi 16 mai dans l’après-midi, Anna Salabi, avocate au barreau de Paris, a en effet été évacuée de force de la salle d’audience située au 6étage du tribunal.

La présidente Laurence Haiat aurait décidé de reporter l’affaire en cours qui portait sur un dossier de saisies de rémunérations, demandant à l’avocate de quitter la salle.

Une requête à laquelle le conseil n’aurait pas voulu se soumettre, se plaignant de ne pas avoir pu s’exprimer sur le dossier et soulignant qu’aucune demande de report n’avait été faite. Après avoir demandé une suspension de séance, Anna Salabi a cherché à joindre le Conseil de l’Ordre des avocats par téléphone. La présidente du tribunal aurait alors demandé aux policiers de l’évacuer par la force.

« Une inconcevable et humiliante première »

En robe, l’avocate « a été saisie par les chevilles et les épaules et traînée de force hors de la salle, alors qu’elle refusait un report d’audience et tentait de contacter le Conseil de l’Ordre », rapporte Maître Thierry Vallat – avocat au barreau de Paris – sur son blog.

« Un incident gravissime et révoltant », selon Me Vallat – qui affirme que sa consœur a souffert « de douleurs thoraciques et au genou », ainsi que d’un « évident traumatisme psychologique ». D’après l’avocat, Anna Salabi s’est d’ailleurs « vu prescrire une ITT de deux jours ».

« Si les incidents entre avocats et magistrats ne sont pas rares, il n’ont jamais atteint cette extrémité et il s’agit sans conteste d’une inconcevable et humiliante première, qui témoigne d’une brutale dégradation des nos relations avec les juges qui porte atteinte à la dignité et au rôle de tous les avocats, maillons pourtant indispensables et garants de la chaîne de la justice », déplore Maître Vallat.

« Les avocats ne se laisseront pas bouter hors des tribunaux ! »

Le Conseil de l’Ordre de Paris n’a d’ailleurs pas manqué de condamner « l’agression » dont Anna Salabi a fait l’objet « au sein du Tribunal de Paris ». « L’expulsion par la force d’un avocat en cours d’audience est intolérable », a-t-il ajouté.

Il a également observé que « l’usage de la force contre un avocat [était] inacceptable », avant de rappeler que « l’article 434-8 du Code pénal réprime tout acte d’intimidation commis envers un avocat dans l’exercice de ses fonctions ».

« Le Conseil de l’Ordre assure notre consœur de son entier soutien, et s’associera à toute procédure engagée devant le Conseil supérieur de la magistrature, comme devant les juridictions répressives », poursuit l’instance.

« Il rappelle que tout différend entre un avocat et un magistrat doit être réglé en présence du Bâtonnier, dans la dignité et l’esprit de dialogue qui caractérisent leurs actions quotidiennes. »

Assurant sa consœur de son « soutien inconditionnel », Maître Vallat affirme de son côté que : « Les avocats ne se laisseront pas bouter hors des tribunaux ! »

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