Un expert a qualifié la gestion du Covid en Chine de « crise d’une ampleur inégalée depuis Mao » en raison du nombre de décès.
Dans un article d’opinion publié le 5 janvier, le sinologue et conseiller militaire Ben Lowsen a averti que les citoyens chinois étaient potentiellement confrontés à la plus grande mortalité de masse depuis la Grande famine chinoise de 1959‑1961.
Le 14 janvier, les autorités chinoises ont fait état de 59.938 décès liés au Covid enregistrés entre le 9 décembre 2022 et le 12 janvier 2023.
Pourtant, plusieurs spécialistes de la santé, dont le Dr Xiaoxu Sean Lin, virologue, et le Dr Scott Atlas, chercheur principal à Stanford, pensent que ces chiffres constituent encore une très nette sous-évaluation.
Bien que cette augmentation semble plus raisonnable que les 37 décès précédemment signalés au cours de cette période, le Dr Lin explique qu’un bilan d’environ 60.000 décès est incompatible avec les récits de morgues inondées.
Baisse de la population
La récente annonce de la Chine concernant la baisse de sa population pour l’année 2022 laisse également percevoir une situation bien plus critique qu’il n’y parait.
Selon le Bureau national des statistiques, le déclin de la population de la Chine en 2022, d’environ 850.000 personnes, sur un total de 1,41 milliard, est la première baisse officiellement signalée par la Chine depuis 1961, dernière année de la Grande famine de Mao.
La reconnaissance officielle de cette chute de la population en 2022 est un « point d’inflexion historique vraiment crucial », a écrit sur Twitter Fuxian Yi, chercheur à l’université du Wisconsin à Madison et opposant de longue date à la politique de l’enfant unique.
D’autres preuves d’un nombre de décès plus élevé proviennent du comté de Tongjiang, dans la province du Sichuan. Les rapports officiels du comté ont montré qu’à la fin 2019, il y avait plus de 670.000 habitants, mais à la fin novembre 2020, ce nombre est tombé à quelque 520.000.
En 11 mois, la population locale a donc a diminué de plus de 148.000, soit plus de 20%.
Il est peu probable que le déclin de la population soit dû à la migration, étant donné que le comté de Tongjiang fournit une main‑d’œuvre importante à la province du Sichuan et qu’il est marqué par de nombreuses opportunités d’emploi.
Depuis la découverte de ces chiffres, la page Web officielle du comté de Tongjiang qui présente ces données est inaccessible.
Les comtés voisins de Tongjiang, Nanjiang et Pingchang, ont également signalé une chute spectaculaire de la population en 2020.
Un taux de mortalité incohérent
Les spécialistes de la santé et les analystes politiques ont tous exprimé leur scepticisme à l’égard du nombre officiel de décès en Chine.
Avec des estimations de 900 millions de personnes infectées en Chine, cela signifierait que le taux de mortalité par infection au Covid‑19 est inférieur à 0,0067%. Mais un tel taux de mortalité serait nettement inférieur à celui des pays développés, pourtant à la pointe en matière de ressources et de technologies de santé.
Selon la Chine, le variant dominant du Covid est Omicron, qui est associé à un taux de mortalité d’environ 0,3 à 0,4% en Occident. Cependant, les chercheurs ne savent pas si la moindre gravité du variant Omicron est attribuable à l’immunité collective ou au fait que ce variant provoque moins de pathologies.
Hong Kong, qui bénéficie d’une meilleure distribution des soins de santé que la Chine continentale, a signalé un taux de mortalité global (pdf) d’environ 0,1% pendant la vague Omicron.
L’analyste politique Jingyuan Tang et ancien médecin en Chine a exprimé son incrédulité face au calcul du taux de mortalité par infection (IFR) chinois. Le Dr Atlas, conseiller Covid‑19 sous l’administration Trump, a exprimé un scepticisme similaire.
« Nous ne pouvons pas faire confiance aux chiffres provenant de la Chine. Dès le début, ils n’avaient aucun sens », a affirmé le Dr Atlas lors d’une récente interview avec NTD, média partenaire d’Epoch Times.
Alors que les autorités chinoises ont apporté des révisions au nombre de morts, le Dr Atlas indique que la véritable situation reste dissimulée.
Selon lui, « il est très difficile de comprendre ce qui se passe quand il n’y a pas de transparence ».
Le Dr Lin, virologue et ancien directeur de laboratoire du département de virologie du Walter Reed Army Institute of Research, a émis des réserves quant à l’implication d’Omicron dans cette dernière vague.
La rapidité de la propagation actuelle dans les grandes villes et les zones rurales proches, la vitesse des infections peuvent indiquer que la charge virale des Chinois est plusieurs fois supérieure à celle des épidémies observées en dehors de Chine. Le Dr Lin a comparé cette dernière vague à un tsunami ou à une tempête de sable.
« La progression vers des symptômes graves peut être très différente lorsque l’organisme est attaqué par un grand volume de virus », a‑t‑il affirmé. Si la charge virale est faible, les symptômes graves peuvent se manifester en quelques jours, mais « si vous êtes vraiment surchargé, tout le processus s’accélère ».
Des morgues débordées
De nombreux récits font état de crématoriums submergés La situation réelle en Chine est donc bien plus terrible que celle présentée officiellement.
Selon Jingyuan Tang pour NTD, média partenaire d’Epoch Times, avec moins de 60.000 décès en un mois, les salons funéraires à Pékin n’auraient eu aucun mal à gérer la situation.
Il y a 94 fours à Pékin. Si tous ces fours fonctionnaient 24/7, il faudrait moins de 27 jours pour incinérer ces quelque 60.000 corps.
Or, les morgues continuent d’être débordées, et ce, à travers tout le pays. Dans le Hebei, une province proche de Pékin, plusieurs salons funéraires fonctionnent également 24h/24. Donc que le nombre réel de corps est beaucoup plus élevé.
Un employé du salon funéraire Baoxing de Shanghai a déclaré à Epoch Times en décembre 2022 qu’il brûlait 400 à 500 corps par jour, contre un maximum de 90 avant la levée des restrictions.
En raison d’une demande écrasante, le salon funéraire Babaoshan, le principal crématorium de Pékin, fonctionne également 24h/24 une semaine après sa réouverture.
M. Lin (pseudonyme), un employé du funérarium, a déclaré à Epoch Times le 14 décembre qu’il y avait une semaine de retard dans les crémations.
« Nous sommes très occupés tous les jours, et nous n’avons jamais eu un emploi du temps aussi chargé. Il y a plus de personnes à incinérer qu’avant, et les appels pour prendre rendez‑vous sont trop nombreux pour que nous puissions les gérer. Beaucoup de gens font la queue. Nous n’avons pas un seul moment de repos ici. »
L’établissement accueille 19 fours crématoires, selon les observations de 2017. C’est apparemment le seul endroit de Pékin pour la crémation spécialisée, contenant des fours plus larges, plus longs et plus hauts pour les cadavres de grande taille ou obèses.
Du 8 décembre 2022 au 12 janvier 2023, le volume d’activité de Babaoshan était presque sept fois supérieur à son volume moyen antérieur.
En examinant les nombreux récits sur les crématoriums tournant en continu, M. Lin a calculé que si tous les fours crématoires signalés en Chine fonctionnaient désormais 24/7, cela représenterait environ 6 millions de décès entre le 8 décembre 2022 et le 12 janvier.
Et ce chiffre avoisinerait à peine la moitié de tous les morts. En effet, en 2021, les crémations représentaient moins de 60% des procédures funéraires des Chinois. Le nombre de décès peut sans doute déjà avoir atteint les 10 millions, a déclaré M. Lin.
Depuis début janvier, NTD a trouvé au moins 37 crématoriums ayant présenté des dossiers d’appel d’offres pour la construction de fours sur les sites Web du gouvernement.
L’exemple le plus parlant des demandes de crémation est peut‑être celui du funérarium Shantou Funeral Management Station dans la province du Guangdong. D’après ce que NTD a découvert, le centre avait besoin d’acquérir deux fours d’urgence. La construction devait commencer dans les trois jours ouvrables et les fours devaient être installés dans les dix jours suivant le paiement.
L’histoire se répète
Avant la récente vague de Covid‑19, les données provenant de sources officielles indiquaient déjà que le nombre réel de décès était dissimulé, revu à la baisse, et les témoignages directs étaient contradictoires.
Le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a signalé 3869 décès dus au Covid à Wuhan pour l’ensemble de l’année 2020, un tiers des décès ayant été ajouté le 17 avril 2020. Avant la mise à jour, la ville a donc signalé 2500 décès environ en tout et pour tout.
Mais un article chinois publié dans le British Medical Journal contredisait ces chiffres officiels. L’article signalait qu’entre janvier et mars 2020, il y avait eu 5954 décès excédentaires à Wuhan, le Covid représentant 3653 cas.
Les auteurs de l’étude travaillaient pour le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. Donc ils avaient accès aux données de mortalité toutes causes confondues du système de surveillance national du pays.
Le supplément de l’étude enregistrait environ 2500 décès excédentaires à Wuhan grâce au système de surveillance, mais celui-ci ne couvre qu’un cinquième de la population de Wuhan, de même qu’il ne couvre qu’un cinquième de la population chinoise.
Les chercheurs de The Economist ont donc tôt fait de soupçonner que le total des décès excédentaires et des décès liés au Covid était encore plus élevé.
Ils ont supposé que les autres zones peu peuplées de Wuhan non prises en compte avaient connu des taux similaires de surmortalité. Ils ont fait une estimation du nombre de mort couvrant l’ensemble de la ville, d’environ 13.400 décès ou plus.
« Cela représente plus du triple du décompte officiel, et plus du double de l’estimation figurant dans l’article du BMJ », ont écrit les chercheurs de The Economist.
Pendant les deux années de la Grande famine chinoise, on estime que 15 à 55 millions de personnes sont mortes. Après 1960, le Parti communiste chinois a cessé de publier toute donnée statistique susceptible d’indiquer les performances économiques. La publication de données a toutefois augmenté à partir de 1979.
M. Lowsen a fait remarquer que le régime chinois a également dissimulé le nombre de morts pendant la famine et que nous assistons aujourd’hui à une répétition « inquiétante », le régime « refusant globalement de fournir les chiffres du Covid‑19 ».
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