TRANCHE DE VIE

Une double amputée, survivante d’une bombe, vise les Jeux paralympiques de 2021 : « Ma destinée »

mars 24, 2021 21:10, Last Updated: mai 10, 2021 6:25
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Il y a près de 16 ans, une petite fille a survécu à une explosion lorsque ses parents biologiques ont fait exploser une bombe dans leur maison au Vietnam. Elle a survécu, mais a perdu ses jambes.

Après avoir été adoptée par une famille aimante des États-Unis, Haven Faith Shepherd, une star de la natation double-amputée en devenir, a appris comment assumer son identité de personne handicapée.

En tant que défenderesse et espoir de la natation paralympique, Haven est heureuse et fière d’être amputée.

Haven Faith Shepherd (Avec l’aimable autorisation de Shelly Shepherd)

« C’est ce qui fait que je suis… moi », dit-elle dans l’histoire qu’elle a soumise à Love What Matters.

« J’étais censée mourir cette nuit-là, et j’ai failli mourir. On m’a retrouvée à 9 mètres de la hutte détruite et enflammée, mutilée et brûlée avec des éclats d’obus dans la tête et dans mon tout petit corps. Je le sais grâce aux cicatrices que je porte encore aujourd’hui. »

Haven, née Do Thi Thuy Phuong, n’avait que 16 mois lorsque ses parents, désespérés, ont fait exploser une bombe dans leur minuscule hutte au toit de chaume, dans la province vietnamienne de Quang Nam, le 19 juillet 2004. Haven ne se souvient pas de l’explosion, et elle ne sait pas non plus pourquoi la bombe a explosé. Ses parents sont morts dans l’explosion.

« J’ai dû reconstituer mon histoire à partir de ce qui a été dit à mes parents adoptifs, d’articles de journaux traduits du vietnamien et d’entretiens ultérieurs avec mes grands-parents biologiques », écrit Haven.

La petite Haven et sa grand-mère dans un hôpital au Vietnam après l’explosion de la bombe (Avec l’aimable autorisation de Shelly Shepherd)

Les médias ont rapporté que le père de Haven avait menti en disant qu’il avait une autre famille, qu’il avait été mis à la porte par la mère biologique de Haven et qu’il était revenu se venger avec une bombe. Ses grands-parents ont raconté l’histoire d’amants désespérés croyant qu’un meurtre/suicide était « la seule façon pour eux d’être ensemble pour toujours ».

Haven raconte qu’elle a été emmenée d’urgence à l’hôpital par sa grand-mère ; les médecins ont amputé les jambes de Haven sous le genou. Trop pauvres pour payer les factures, les grands-parents de Haven ont accepté des dons pour garder leur petite fille à l’hôpital pendant 38 jours au total.

À l’étranger, Shelly et Rob Shepherd, de Carthage, dans le Missouri, envisageaient d’agrandir leur famille de six enfants biologiques. En lisant dans les journaux l’horrible épreuve vécue par Haven, Shelly a eu à cœur de l’aider.

La petite Haven avec sa mère adoptive, Shelly Shepherd (Avec l’aimable autorisation de Shelly Shepherd)

En collaboration avec l’organisation de leurs amis proches, la fondation Touch a Life, le couple s’est rendu au Viêt Nam et a ramené Haven aux États-Unis avec un visa médical. Les Shepherd l’ont adoptée, donnant ainsi à Haven quatre grandes sœurs et deux grands frères.

« J’ai fait partie de la plus incroyable des familles », écrit Haven. « On m’a appris à aimer mes différences et à poursuivre ma destinée avec tout ce que j’ai.

« Ils n’ont pas seulement enseigné ces choses à leur enfant handicapée adoptée parce que j’étais un ‘miracle’. Ils ont enseigné et attendu ces choses de tous leurs enfants parce que nous étions tous des ‘miracles’ ! »

Les frères et sœurs de Haven étaient tous des athlètes en herbe. À l’âge de 7 ans, encouragée à poursuivre ses rêves malgré son handicap, Haven s’est équipée de baskets et a essayé la piste, mais la course était douloureuse, se souvient-elle. À 10 ans, Haven a changé de couloir et a essayé la natation de compétition. Elle a adoré.

« J’ai eu la piqûre », écrit-elle. « Je pouvais enlever mes prothèses et me déplacer librement dans l’eau sans l’aide de personne, ni d’aucun équipement. »

(Avec l’aimable autorisation de Shelly Shepherd)

À l’âge de 12 ans, Haven a été intégrée à l’équipe paralympique émergente des États-Unis. Alors que son étoile d’athlète brille de mille feux, des opportunités de défendre le handicap et la diversité se présentent également. Haven s’est aussi lancée dans le mannequinat et les conférences de motivation.

Haven raconte que sa mère l’a encouragée lorsqu’elle a brièvement lutté contre la pression de la performance, craignant que son échec ne décourage tous ces gens qui ont placé leurs espoirs en elle.

« Une chose que [ma mère] nous a répétée sans cesse, c’est : ‘Ton sport est quelque chose que tu fais. Ce n’est pas qui tu es. Tu dois toujours avoir une idée de qui tu es vraiment. De cette façon, lorsqu’on échoue dans ce qu’on fait, on a une base solide sur laquelle on peut rester.' »

(Avec l’aimable autorisation de Shelly Shepherd)

Haven a appris à ne jamais se voir comme une victime ; elle savait qu’elle vivait une vie extraordinaire.

« J’ai rencontré les personnes les plus étonnantes avec des histoires étonnantes, parce que, avouons-le, tout le monde a une histoire », réfléchit-elle. « J’ai voyagé dans d’autres pays et j’ai pu partager mon histoire avec des milliers de jeunes… Je suis tellement reconnaissante. »

À 17 ans, Haven raconte sa vie sur sa page Instagram, @HavenFaithShepherd. Elle espère se qualifier pour les Jeux paralympiques de 2021 à Tokyo, au Japon, s’ils ont lieu. Son entraîneur de natation, Shawn Klosterman, la soutient à chaque étape de son parcours.

On est loin des débuts tragiques de sa vie. « Comme le dit le proverbe, la suite des choses, nous la connaissons... bien que je n’aie que 17 ans et que j’aie encore une longue histoire à écrire », a-t-elle déclaré.

« C’est beaucoup de pression de se dire qu’on est un miracle, mais je suppose que je le suis. »

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