Mise en scène, danse, musique : que sait-on de la cérémonie d’ouverture des JO 2024 ?

Par Ludovic Genin
18 juillet 2024 09:14 Mis à jour: 18 juillet 2024 21:51

D’abord, 6000 à 7000 athlètes seront répartis dans 85 péniches aux couleurs de leur délégation le long des six kilomètres de Seine qui séparent le pont d’Austerlitz du pont d’Iéna devant la Tour Eiffel. Ils passeront devant les monuments les plus emblématiques de la capitale : Notre-Dame, le Louvre, le musée d’Orsay, etc. pour finir leur parcours au Trocadéro, où auront lieu les danses et les chants pour le bouquet final.

Les détails de la cérémonie d’ouverture des Jeux, conçue il y a un an et demi, seront tenus secrets jusqu’au jour J. Seulement une dizaine de personnes, dont la romancière Leïla Slimani, l’historien Patrick Boucheron et la scénariste Fanny Herrero (« Dix pour cent »), connaissent le déroulé de ce spectacle de 3h45, qui commencera à 19h30 le 26 juillet et qui entend « casser les codes ».

Quelque 3000 danseurs, musiciens, comédiens prendront d’assaut les berges, les ponts et le ciel, sur un parcours le long duquel sont attendus 326.000 spectateurs. Environ 200 habilleurs et près de 300 coiffeurs et maquilleurs seront postés dans des loges de chaque côté de la Seine. Près de 80 écrans géants seront également installés sur les quais.

Le spectacle sera suivi par plus d’un milliard de téléspectateurs et contiendra, selon France Télévisions, des séquences vidéos enregistrées au préalable et insérées dans le récit. Le « plus grand spectacle du monde » se doit d’être « merveilleux, divertissant, spectaculaire mais aussi porteur de sens », a confié son concepteur et directeur artistique, Thomas Jolly, à la tête de toute la scénographie. Le parcours sera composé de douze tableaux qui célèbreront les athlètes, raconteront « une histoire de ce qu’est la France », un pays de la « diversité », et fêteront le métissage planétaire.

Peu d’informations ont filtré sur le détail de leur contenu. Le nom du dernier relayeur apportant la flamme aux Tuileries, où se trouvera la vasque olympique, sera lui aussi tenu secret jusqu’au dernier moment.

Le « contraire d’une histoire héroïsée »

La romancière Leïla Slimani, l’historien Patrick Boucheron et la scénariste Fanny Herrero ont co-écrit la cérémonie d’ouverture des Jeux. Les trois personnalités ont été choisies fin 2022 par Thomas Jolly.

Il s’agit de construire un récit « très généreux », avec « de la joie, de l’émulation, du mouvement, de l’excitation […] et pas seulement ces fameuses valeurs philosophiques traditionnelles que la France exhibe volontiers avec parfois trop d’assurance », assure l’auteure Leïla Slimani.

Pour Patrick Boucheron, ce sera le « contraire d’une histoire virile, héroïsée ». L’historien dit s’être inspiré de « la cérémonie imaginée par Jean-Paul Goude pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989 ». « Le défilé déjouait les stéréotypes nationaux et ne craignait pas de prôner le métissage planétaire avec un optimisme que nous avons aujourd’hui perdu », estime-t-il.

Patrick Boucheron est connu pour avoir vivement critiqué le parc à thème historique du Puy du Fou, qui a pourtant reçu la récompense du meilleur spectacle du monde pour « Le Mime et l’Étoile », en mars 2024, par les Thea Awards à Los Angeles. L’historien est aussi l’auteur d’une « Histoire mondiale de la France », qui critique le roman national français à travers une vision idéologique mondialisée que le philosophe Alain Finkielkraut a décrit comme le fossoyeur « du grand héritage français ».

Selon la romancière Leïla Slimani, « nous nous jouons de l’image que les Français peuvent avoir dans le monde […]. Il y a beaucoup d’humour […] dans notre spectacle ». Fanny Herrero indique, quant à elle, avoir « veillé aux enchaînements, aux registres, aux variations d’émotions ».

Avec Thomas Jolly, « nous ne hiérarchisons aucune culture, nous chérissons Molière et Britney Spears, un film de Pasolini ou une finale de coupe du monde de foot », a déclaré dans un communiqué des organisateurs Damien Gabriac. Il dit avoir travaillé dans un « esprit rassembleur, éclectique, poétique, politique, en héritier des Jean Vilar et André Malraux, grandes figures de la décentralisation et de l’exceptionnelle culture française ».

Située place de la Concorde, au pied des Champs-Élysées, la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques (28 août) sera également « ambitieuse », promettant « un spectacle absolument spectaculaire avec l’environnement » alentour. Ce sera un condensé « d’histoire, avec ses paradoxes », une place où « on a coupé la tête de nos rois » et « la plus belle (avenue) du monde, sur laquelle on fête nos Bleus en 1998, où on se réunit pour faire la fête le jour de l’an, et aussi, dans la mythologie, le séjour des hommes et des femmes vertueux ».

La mise en scène le long du fleuve

« Pourquoi construire des décors, alors que j’ai le plus beau du monde ? » remarquait Thomas Jolly, qui a choisi de mettre en scène les monuments célèbres bordant le fleuve. Parmi ces vedettes à qui il était « impensable de ne pas rendre hommage », selon lui, Notre-Dame de Paris, qui doit rouvrir le 8 décembre après le gigantesque incendie de 2019.

La chorégraphe Maud Le Pladec, nommée directrice du Ballet de Lorraine à Nancy, a été chargée de la danse lors des cérémonies, où l’on peut s’attendre à une succession de différents styles de danse. Elle a collaboré en 2016 avec Thomas Jolly à l’Opéra national de Paris à la mise en scène de l’opéra baroque « Eliogabalo ». Dans sa dernière pièce (« Silent Legacy »), elle s’associe à une danseuse de krump, mouvement né dans les années 2000 dans les ghettos californiens et marqué par une gestuelle saccadée.

Le long du fleuve, les artistes pourraient prendre d’assaut les échafaudages extérieurs encore installés, où « des répétitions ont été organisées », avant deux autres étapes au théâtre du Châtelet et au musée du Louvre, selon des sources du milieu de la culture. Pour compléter le défilé sur les eaux et sur la terre, la cérémonie se déroulera aussi « dans le ciel », indique Thomas Jolly.

Concernant les costumes, 3000, tous uniques, ont été créés pour l’occasion, comme des pourpoints aux allures de vestes de survêtement ou des encolures ressemblant aux collerettes du XVIe siècle, avec le souci d’utiliser des matières recyclées, selon la directrice des costumes de Paris 2024 Daphné Bürki, qui a croisé l’univers vestimentaire du sport avec celui des costumes historiques et des vêtements de gala.

« C’est un événement énorme qui donne sans doute le ton aux dix-sept jours qui suivent. Une cérémonie d’ouverture réussie permet de commencer les Jeux de la meilleure façon et de se concentrer ensuite sur les athlètes », estimait l’ancien ministre britannique des Sports chargé des Jeux olympiques 2012 à Londres, Hugh Robertson.

Ce que l’on sait de la bande son

La bande son de la cérémonie inclut les créations du directeur musical Victor Le Masne, mêlant pop, orchestre symphonique, chœurs et musique électronique. Elle pioche aussi dans « d’autres registres », selon Thomas Jolly, pour qui « la France, c’est à la fois Jul, Edith Piaf ou encore Nathalie Dessay ».

Côté stars, Aya Nakamura, dont le nom circule depuis des mois avec insistance, sera habillée en Dior, selon une source proche du dossier. D’après Le Canard enchaîné, Céline Dion est également attendue si son état de santé le permet.

D’autres noms circulent, sans savoir encore ce qui relève du fantasme ou de la réalité, du côté français – comme le pape du disco Cerrone, la chanteuse Yseult, peu connue du grand public – ou du côté de la pop internationale, la chanteuse internationale Dua Lipa.

Pour la clôture

Quelques minutes de répétition de la cérémonie de clôture ont été dévoilées début juillet à la presse. Thomas Jolly y voit les Jeux comme un « monument fragile » et a imaginé, avec son équipe d’auteurs et d’autrices, un univers dystopique où les JO avaient « disparu et que quelqu’un les refondait dans un avenir plutôt lointain ».

Une courte séquence a été dévoilée à la presse « où des voyageurs venus d’un autre espace-temps arrivent sur notre Terre et découvrent des vestiges reliés à l’histoire de l’olympisme ». Des centaines de danseurs-acrobates redressent ensuite des anneaux géants – symboles de l’olympisme – avant de se les réapproprier en les gravissant.

Signe du folklore local et d’un retour à la réalité, un syndicat des artistes interprètes (SFA-CGT) a déposé un préavis de grève pour le 26 juillet, jour de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, pour protester contre « de criantes inégalités de traitement » entre les artistes recrutés pour le spectacle.

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