Une maison de prestige pour une famille taiwanaise partie de zéro

11 juin 2015 04:00 Mis à jour: 23 juin 2015 01:57

 

«Paul, tu dois être super riche!», disent tous les visiteurs en voyant la grande maison neuve de Paul et de Rebecca. Hé non, ce couple d’immigrants taiwanais, qui ne possédait rien il y a quelques années, a tout simplement décidé de faire de cette maison à Laval une priorité. Évidemment, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Voici leur histoire inspirante.

En 1996, Paul, encore étudiant, immigre au Québec en suivant ses parents. Trois ans plus tard, il retourne à Taiwan pour épouser la belle infirmière qu’il avait rencontrée avant d’immigrer et l’amène au Québec. Le jeune couple habite d’abord chez les parents de Paul, à Dollard-des-Ormeaux, où ils trouvent qu’une maison, c’est beaucoup trop de travail. Rebecca ne rêve absolument pas de devenir propriétaire d’une maison unifamiliale.

Un petit garçon naît, Theodore, puis une fille, Dorothy. La maison des parents de Paul étant maintenant trop petite, la jeune famille achète son premier nid à Lachine en 2008 : une maison de ville neuve. À cette époque-là, les nouveaux parents pensent qu’ils vont habiter là jusqu’à ce que les enfants partent pour l’université. Cependant, leurs plans changent. D’une part, ils s’aperçoivent que la plupart des gens qui ont acheté une maison de ville la revendent après cinq ans et que personne n’est là à long terme comme eux.

D’autre part, la vie en maison de ville signifie la proximité avec les voisins. Certains d’entre eux font jouer la musique très fort sans penser aux autres, la plupart des voisins se plaignent des chiens de la famille taiwanaise. Ils ne supportent pas d’entendre un ou deux jappements lorsque le couple sort ses animaux en rentrant de leur restaurant. «Même lorsque le chiot fait pipi dans la rue, ils veulent qu’on nettoie», s’indigne Paul.

Finalement, la dernière raison qui pousse le couple, propriétaire d’un sushi shop à cette époque, à chercher une nouvelle maison, c’est que Paul commence à s’intéresser au Feng Shui et rencontre un maître en cet art. Celui-ci lui dévoile que cette maison de ville n’est pas appropriée pour un propriétaire d’entreprise et que le plus simple est de déménager.

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Paul et Rebecca se sont souvent disputés sur le style de leur nouvelle demeure. Voulant juste relaxer chez lui après ses longues journées de travail, le mari souhaitait des couleurs claires. Il a fini par obtenir gain de cause, à la condition de laisser sa femme choisir les couleurs des meubles et des armoires de cuisine. (Nathalie Dieul/Epoch Times)
Paul et Rebecca se sont souvent disputés sur le style de leur nouvelle demeure. Voulant juste relaxer chez lui après ses longues journées de travail, le mari souhaitait des couleurs claires. Il a fini par obtenir gain de cause, à la condition de laisser sa femme choisir les couleurs des meubles et des armoires de cuisine. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

La décision prise, Paul et Rebecca commencent à chercher une maison neuve autour de Montréal, puisque leur restaurant est situé sur l’île de Montréal. «Nous sommes même allés sur la Rive-Sud, nous sommes allés vers l’est, aussi complètement à l’est de Laval. Nous sommes allés partout pour regarder toutes les sortes de maisons et finalement nous avons trouvé ce lieu. C’est le dernier endroit que nous avons visité», résume l’heureux propriétaire d’une grande maison aux Cours Chomedey, à Laval.

Le couple se renseigne dans les magazines gratuits trouvés dans les pharmacies. Certaines maisons parmi les six ou sept visitées sont très chères et tout est en option, c’est-à-dire qu’il y a un prix additionnel à chaque ajout, ce qui fait un prix final beaucoup plus cher que le prix initial. «Oh, mon Dieu, ça fait tellement de choses à calculer», assure Rebecca, qui se souvient en avoir eu mal à la tête.

À ce moment-là, le budget que s’étaient fixé les immigrants taiwanais était en dessous d’un demi-million de dollars. «Le problème, c’est qu’à cette époque, trouver une maison neuve près de Montréal, qui ne soit pas une maison de seconde main, à moins d’un demi-million, c’était difficile à trouver», s’en rend compte Paul. Le couple trouve bien un projet sur la Rive-Sud qui construit des maisons neuves qui correspondent à ce budget. Alors que la famille visite la maison modèle une journée de pluie, elle s’aperçoit qu’il y a des infiltrations d’eau dans le sous-sol!

Puis, des amis habitant Laval leur disent à quel point ils aiment vivre là. Une annonce en première page d’un magazine attire leur attention : les Cours Chomedey. Chez l’un des deux constructeurs du projet, Construction Briançon, Paul et Rebecca rencontrent directement le promoteur Richard Gosselin qui répond tout de suite à toutes leurs interrogations. Cela contraste avec les autres projets où ils sont reçus par un représentant des ventes qui notent leurs questions pour y répondre le lundi suivant, une fois les bureaux des promoteurs ouverts.

Autre gros contraste : ici, tout ce que Paul et Rebecca voient dans la maison modèle est compris dans le prix de départ, à part un garage double et l’air climatisé, ce qui simplifie les calculs. M. Gosselin accepte tous les changements que le couple demande, pour la plupart sans frais additionnels. Il connaît toutes les lois et peut expliquer ce qui ne peut pas se faire.

Le couple taiwanais a décidé d’installer une hotte de qualité au-dessus de la table de manière à pouvoir faire des barbecues pendant l’hiver (en particulier des fondues chinoises), sans que l’odeur se propage dans toute la maison. (Nathalie Dieul/Epoch Times)
Le couple taiwanais a décidé d’installer une hotte de qualité au-dessus de la table de manière à pouvoir faire des barbecues pendant l’hiver (en particulier des fondues chinoises), sans que l’odeur se propage dans toute la maison. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

La confiance s’installe entre eux et Richard, et ils décident de réserver un terrain pour une construction dans la première phase du projet.

Économiser chaque dollar pour payer le dépôt

Il n’est pas facile de faire un dépôt de 10 000 $ lorsque l’on n’a pas encore vendu son ancienne maison. Cependant, Paul avait commencé à mettre de l’argent de côté plusieurs années auparavant, sans encore savoir de quelle manière il allait l’utiliser.

Après avoir lu un livre, qui lui en donne l’idée, il se procure un gros contenant. Chaque soir, sans exception, pendant une année, il y met 1 $. «Je n’ai pas de patience, alors je le fais pour pratiquer ma patience, tout en faisant des économies.» Peu importe si ses amis, ses parents, ses employés rient de lui, rien n’arrête le jeune père de famille.

La seconde année, Paul ajoute 2 $ par jour à son contenant. Facile lorsque l’on a l’habitude. La troisième année commence à être un peu plus difficile : 4 $ par jour. Puis 8 $ par jour, la quatrième année. «C’est difficile, mais seulement un peu, parce que je ne peux pas dépenser pour ceci ou cela, il faut que je mette cet argent dans mon contenant chaque jour

La cinquième année : 16 $ par jour. «C’est vraiment difficile parce que c’est impossible d’avoir 16 $ de pourboires par jour au restaurant, alors il faut que je me serre la ceinture, mais j’y suis arrivé!», déclare-t-il fièrement, en calculant le total des économies réalisées avec ces pièces de monnaie : 11 346 $! C’est donc cet argent durement mis de côté qui servira au dépôt pour réserver le terrain de la nouvelle maison, la première étape vers une nouvelle vie.

Vendre et acheter

La vente de la maison de ville, juste à l’époque où le marché de l’immobilier connaît une baisse importante à l’été 2012, est plus difficile que prévu. Le couple, qui voulait faire affaire avec Du Proprio, finit par engager une agente immobilière taiwanaise et la transaction se fait à temps. Ayant vécu plus d’un an dans la maison de ville de Lachine, Paul et Rebecca ne paient pas de taxes à la revente et investissent immédiatement cet argent dans leur nouvel achat.

La famille emménage finalement dans la maison neuve le 1er juillet 2013. Heureux dans la demeure, il faut quand même se serrer la ceinture en permanence pour pouvoir la garder, puisque le couple ne peut compter sur le soutien financier de leurs familles respectives. Peu importe, ce qui serait une vie difficile pour d’autres est une source de grande fierté pour les immigrants taiwanais partis de zéro.

La chambre à coucher du couple est à l’image du reste de la maison : de grands espaces épurés, sans meubles ni objets superflus. (Nathalie Dieul/Epoch Times)
La chambre à coucher du couple est à l’image du reste de la maison : de grands espaces épurés, sans meubles ni objets superflus. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Par exemple, Paul n’achète jamais plus de deux tasses de café à l’extérieur… par année! Le couple ne va jamais manger à l’extérieur, le mari comme la femme cuisinant tous leurs repas. «En fait, ce n’est pas que j’aime cuisiner, remarque Rebecca. C’est plutôt que nous n’avons jamais trouvé un bon restaurant à Montréal!» Il n’est donc pas difficile de préférer la bonne nourriture maison.

Finalement, le choix de Paul et de Rebecca est d’investir environ 80 % de leurs revenus dans leur maison : un choix qu’ils ne regrettent pas, même s’ils ne vont pas au cinéma chaque semaine, contrairement à ce que certains pensent en voyant leur maison.

Nouveau quartier

Le quartier Chomedey, en plein cœur de Laval, a tout pour plaire aux nouveaux habitants. Centres commerciaux, épiceries, écoles, tout est à quelques minutes de voiture. La petite famille découvre avec plaisir que Laval n’est pas uniquement francophone, de nombreux voisins dans ce nouveau quartier sont anglophones. «Et même les francophones ici, je trouve qu’ils sont plus sympathiques que les gens de Montréal. Si je l’avais su il y a longtemps, j’aurais choisi Laval pour ma première maison», remarque Paul, enthousiaste.

«Depuis que nous avons déménagé ici, il y a un an et trois mois, je dirais que la plupart des choses sont presque parfaites. Le seul inconvénient est qu’il y a des camions qui passent pendant la semaine, parce que notre maison est dans la phase 1. Mais comme elle a coûté 100 000 $ de moins que celles de la phase 2, je n’ai pas de problème à accepter ça», admet le père de famille heureux de son achat.

On est bien dans une maison chinoise. (Nathalie Dieul/Epoch Times)
On est bien dans une maison chinoise. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Après avoir vendu le sushi shop, Paul prépare l’ouverture d’un nouveau restaurant, à Laval cette fois-ci. Richard Gosselin, le promoteur, est devenu son ami, et le Taiwanais va régulièrement lui demander conseil lorsque l’homme d’affaires n’est pas occupé. J’imagine que le nouveau restaurant aura un décor zen, de la bonne nourriture maison, et l’accueil chaleureux de Paul et Rebecca!

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