Une délégation de dirigeants africains, dont le président sud-africain Cyril Ramaphosa, est arrivée vendredi en Ukraine pour une mission de médiation entre ce pays et la Russie, accueillie par une attaque de missiles russes qui a visé Kiev.
La mission a commencé son voyage par une visite à Boutcha, a indiqué la présidence sud-africaine sur Twitter en publiant plusieurs vidéos de leur déplacement dans la ville près de Kiev, théâtre d’un massacre de centaines de civils imputé à l’armée russe.
Le président sud-africain C. #Ramaphosa ??, le Comorien A. #Assoumani ??, le Sénégalais M. #Sall ??, le Zambien H. #Hichilema ?? et les représentants de trois autres pays sont arrivés ce matin à Kiev pour rencontrer le président V. #Zelensky ??, puis se rendront en Russie ?? pic.twitter.com/AAawrmgS7q
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) June 16, 2023
Peu après, des sirènes anti-aériennes suivies d’explosions ont retenti à Kiev où les responsables africains doivent rencontrer plus tard vendredi le président Volodymyr Zelensky. L’armée de l’air ukrainienne a indiqué avoir abattu 12 missiles russes dont six Kinjal hypersoniques. Tous les projectiles ont été interceptés dans l’espace aérien autour de Kiev, a indiqué son administration militaire.
Ces frappes russes, un message à l’Afrique
Le chef de la diplomatie ukrainienne a aussitôt estimé sur Twitter que ces frappes russes sur Kiev étaient un « message à l’Afrique : la Russie veut plus de guerre, pas de paix ». Selon Dmytro Kouleba, il s’agit de « la plus importante attaque de missiles contre Kiev depuis des semaines ».
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a avancé que cette attaque n’avait pas occasionné de dégâts dans la ville. Le porte-parole de la présidence sud-africaine Vincent Magwenya a lui indiqué que la mission « se déroule plutôt bien et comme prévu » dans une vidéo publiée sur Twitter.
« Le président est arrivé sain et sauf à Kiev aux côtés d’autres chefs d’État et de gouvernement », a-t-il dit, ajoutant que la délégation attendait le début de pourparlers avec M. Zelensky dans le but de « tenter de trouver un chemin de paix à ce conflit ».
La délégation doit ensuite rencontrer V. Poutine
Après Kiev, M. Ramaphosa, les présidents sénégalais Macky Sall et zambien Hakainde Hichilema, ainsi que le président comorien Azali Assoumani, à la tête de l’Union africaine depuis février, et des représentants congolais, ougandais et égyptien doivent rencontrer samedi Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie.
Pretoria avait annoncé le lancement d’une mission de paix africaine le mois dernier. Cette médiation intervient en pleine contre-offensive ukrainienne avec une intensification des combats sur le terrain et des bombardements russes répétés de grandes villes ukrainiennes. « En temps d’escalade du conflit, la recherche d’une solution de paix doit être parallèlement accélérée », a déclaré jeudi dans un communiqué M. Ramaphosa.
« Nous souhaitons entamer des discussions (…) pour voir si grâce à des efforts conjoints il serait possible de se rapprocher de la paix en Ukraine », a de son côté affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko.
Il s’agit de la dernière initiative en date d’une série d’efforts diplomatiques jusqu’ici infructueux. La mission africaine, affaiblie par la défection de dernière minute de certains des participants, s’annonce cependant délicate. Critiquée pour sa proximité avec Moscou, l’Afrique du Sud refuse de condamner la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, affirmant tenir une position neutre et vouloir privilégier le dialogue.
Les pays africains ont dénoncé moins unanimement que les grandes puissances occidentales l’invasion russe de l’Ukraine lancée en février 2022. Le Kremlin s’efforce d’attirer dans son camp les dirigeants africains en posant la Russie comme un rempart contre l’impérialisme occidental et en accusant l’Occident de bloquer avec ses sanctions les exportations de céréales et des engrais russes essentielles à l’Afrique.
L’Ukraine, se voyant la victime d’une guerre coloniale russe, tente elle aussi de peser auprès des dirigeants africains. Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a déjà fait deux tournées sur le continent depuis le début de l’invasion.
Les chances de réussite sont minces
Selon les experts, les chances de succès de la mission sont minces. Les dirigeants africains « ne seront pas en mesure de nous offrir quoi que ce soit en termes de résolution de conflit », a estimé l’analyste politique ukrainien Anatoliy Oktysiouk, interrogé par l’AFP. « Ils ne peuvent pas jouer un rôle de médiateurs. Ils ont peu de poids politique, ils n’ont aucune influence », a-t-il poursuivi.
L’Afrique est durement touchée par l’augmentation des prix des denrées alimentaires et les conséquences de la guerre sur le commerce mondial. Les exportations des céréales ukrainiennes – dans le cadre d’un accord que Moscou a menacé de quitter – mais aussi d’engrais, ainsi que les échanges de prisonniers devraient faire partie des thèmes abordés, selon les analystes.
Pour Alex Vines, du groupe de réflexion britannique Chatham House, la médiation « a une chance » d’aboutir à quelques concessions de la part du Kremlin. « C’est du théâtre », rétorque pour sa part Jeremy Seekings, qui enseigne la politique à l’Université du Cap.
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