Une mère de l’Oregon, qui avait trouvé un SOS troublant dans une lettre cachée dans une décoration « cimetière » d’Halloween, a finalement retrouvé l’homme qui avait écrit cet appel à l’aide. La lettre, cachée à l’intérieur de l’objet et fabriqué dans un camp de travaux forcés chinois, avait fait la Une des journaux en 2012. On connaît maintenant le sort de cet homme.
Julie Keith avait acheté des décorations « cimetière » d’Halloween dans un magasin K-Mart, lesquelles sont restées dans un coin pendant quatre ans avant qu’elle ne ressorte l’une des décorations et découvre une lettre troublante écrite par un homme.
Mme Keith, qui s’était inquiétée pour la sécurité de cet homme, avait décidé de l’aider en montrant le message à une organisation de défense des droits de l’homme. Le troublant S.O.S. avait ensuite fait les gros titres internationaux. Puis, quelques années plus tard, en mai 2016, elle a pu entrer en contact et rendre visite à cet homme, qui avait entre temps été libéré d’un camp de travaux forcé et s’était enfui de Chine.
Auparavant, on ignorait l’histoire choquante et incroyable qui se cachait derrière ce message. Aujourd’hui, deux livres ont été publiés, racontant les terribles expériences de cet homme dans le camp brutal de travaux forcés de Masanjia en Chine.
L’auteur de la lettre est un ingénieur chinois du nom de Sun Yi et avait été kidnappé par la police chinoise lors du Nouvel An chinois de 2008. La raison : il est un pratiquant de Falun Gong.
La dictature communiste chinoise s’oppose aux libertés telles que la liberté d’expression et la liberté de religion, car elles sont considérées comme une menace au pouvoir gouvernemental ; le Falun Gong − aussi appelé Falun Dafa − est une ancienne méthode de Qigong pour améliorer le corps et l’esprit, composée d’exercices, d’une méditation et d’enseignements moraux.
Ceux qui le pratiquent font des exercices de « Qigong » − comme le Tai Chi − et vivent selon les principes universels de : « Authenticité-Bienveillance-Tolérance ». Les bienfaits sur la santé physique et moral ont amené la pratique a connaitre un succès fulgurant dans les années 90 en Chine, un chinois sur 12 pratiquait le Falun Gong.
Cependant, suite à sa popularité grandissante dans la société, le parti communiste chinois a proscrit et persécuté cette pratique, et a depuis assassiné des dizaines de milliers de personnes, ou selon certaines estimations, plus de 100 000 pratiquants de Falun Gong. Cette persécution se poursuit encore aujourd’hui.
Pendant 15 ans, M. Sun a été arrêté à plusieurs reprises et a également été incarcéré pendant plus de deux ans et demi au camp de travaux forcés de Masanjia. Les procédures juridiques avaient été esquivées, l’État totalitaire n’ayant pas de règle de droit.
En écrivant son S.O.S, M. Sun a risqué la torture et même la mort
Selon la lettre, qui était rédigée dans un anglais saccadé, la décoration de cimetière avait été fabriquée dans l’unité 8 du deuxième département du camp de travaux forcés de Masanjia, à Shenyang, en Chine.
M. Sun et d’autres détenus étaient forcés de travailler 15 heures par jour dans des conditions difficiles, « Sinon, ils seraient torturés, battus et soumis aux insultes et autres traitements humiliants. Ils ne recevaient quasiment aucun paiement pour leur travail − tout juste 10 yuans par mois − », dit la lettre. Dix yuans sont équivalents à environ 1 euro.
Selon M. Sun, ceux qui pratiquent le Falun Gong « subissent souvent bien plus de châtiments que les autres détenus ».
Mais le travail forcé n’était rien comparé à ce que M. Sun a enduré en plus. Une grande variété de méthodes cruelles a été utilisée pour torturer brutalement M. Sun et d’autres pratiquants de Falun Gong dans le but de les amener à renoncer à leur croyance : y compris des chocs de matraques électriques de 800 000 volts, l’étirement des 4 membres, la suspension au plafond, la privation de sommeil et divers « lits et bancs » de torture, etc. Le but de toutes ces méthodes de torture était d’amener les pratiquants de Falun Gong à abandonner leur pratique et leur croyance en « Authenticité-Bienveillance-Tolérance ».
N’ayant aucunes intentions d’abandonner ses croyances, la police a puni M. Sun en le soumettant à des tortures d’étirement des membres où les victimes tombent souvent inconscientes sous la douleur extrême, et pouvant aller jusqu’à la mort. Mais, même après des étirements répétés, M. Sun s’accrochait toujours à sa croyance. Ainsi, la police a essayé de le soumettre à la torture appelée « suspendre comme un avion », où la victime est menottée et suspendue à des poteaux.
Pendant quatre mois, M. Sun a été soumis à ces tortures ainsi qu’au manque de sommeil. Après avoir entamé une grève de la faim pour protester, il a été transféré et attaché sur un « lit de mort », où les bras et les jambes de la victime sont étirés et attachés aux quatre coins d’un lit pendant des jours et des nuits.
La torture sans fin a conduit M. Sun au seuil de la mort. Sans sa croyance dans le Falun Gong, M. Sun a dit qu’il n’aurait pas pu survivre. Après avoir été libéré de Masanjia, après deux ans et demi de détention, il était « totalement déformé » et méconnaissable même pour sa propre sœur.
Étonnamment, M. Sun s’est rétabli peu après sa libération, ce qu’il attribue à ses exercices de Falun Gong.
En décembre 2016, M. Sun a réussi à s’enfuir de la Chine vers l’Indonésie, mais il n’était toujours pas en sécurité, à moins de parvenir à se rendre en Occident.
Malheureusement, son vrai nom et sa photo ont été publiés dans une interview qu’il avait accordée aux médias. En juillet 2017, il a rédigé son testament, car il soupçonnait qu’il pourrait être assassiné. En août 2017, il a discuté de la publication de son histoire et peu après, sa santé s’est soudainement détériorée et il a été hospitalisé.
M. Sun est décédé le 1er octobre 2017. L’hôpital a affirmé qu’il était mort d’insuffisance rénale et son corps a été incinéré sans le consentement de sa famille, ce qui a soulevé des soupçons de la part de sa famille et de ses amis.
Les événements entourant la mort de M. Sun sont semblables à ceux d’autres pratiquants de Falun Gong qui sont morts subitement à l’hôpital alors qu’ils étaient en pleine forme. On soupçonne qu’il a été tué par une injection de poison en raison de la pression de la Chine.
L’écrivaine américaine Amelia Pang, qui écrit actuellement un livre racontant l’histoire de M. Sun, a été choquée par sa mort subite, elle a dit qu’elle devrait réécrire la fin du livre avant de le publier.
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