MOYEN-ORIENT

Une Saoudienne écope de 45 ans de prison pour avoir partagé ses opinions en ligne

septembre 2, 2022 16:26, Last Updated: septembre 2, 2022 16:26
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Une femme saoudienne a été condamnée à près d’un demi‑siècle de prison pour avoir partagé ses opinions en ligne, rapporte Human Right Watch.

Nourah bint Saeed al‑Qahtani a été condamnée à 45 ans de prison en août par la division d’appel du tribunal pénal spécialisé d’Arabie saoudite, selon Democracy for the Arab World Now (DAWN), citant des documents judiciaires.

La femme, dont l’âge n’est pas connu, a été condamnée pour avoir « brisé le tissu social du Royaume » en critiquant les dirigeants saoudiens, et pour avoir « produit et stocké des documents portant atteinte à l’ordre public et aux valeurs religieuses », selon DAWN.

La sentence stipule également qu’elle a « violé l’ordre public en utilisant les médias sociaux » en vertu de la loi sur le contre‑terrorisme et de la loi sur la cybercriminalité. On ne sait pas exactement ce que la ressortissante saoudienne a mis en ligne.

L’organisation DAWN, basée à Washington, a noté que le tribunal pénal spécialisé « est compétent pour les affaires liées au terrorisme et à la sécurité grâce à une loi antiterroriste trop large et trop vague ».

La condamnation de Saeed Al‑Qahtani survient quelques semaines seulement après la condamnation de Salma al‑Shehab, doctorante à l’université de Leeds, à 34 ans de prison pour des motifs similaires liés à son compte Twitter, selon Human Rights Watch.

« Quelques semaines seulement après la condamnation choquante de Salma al‑Shehab à 34 ans de prison ce mois‑ci, la condamnation de Saeed al‑Qahtani à 45 ans de prison, apparemment pour avoir simplement tweeté ses opinions, montre à quel point les autorités saoudiennes se sentent enhardies pour punir la moindre critique de la part de leurs citoyens », a indiqué Abdullah Alaoudh, directeur de recherche pour la région du Golfe à DAWN.

Impossible de ne pas faire le lien entre ces deux événements

  1. Alaoudh a noté une augmentation des « attaques répressives » contre les personnes qui osent dénoncer les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement saoudien depuis la visite du président américain Joe Biden dans le pays en juillet.

Joe Biden a défendu sa rencontre avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. En effet, il a fait volte‑face par rapport à sa promesse de campagne.

Selon Abdullah Alaoudh : « Il est impossible de ne pas relier la rencontre du prince héritier Mohammed bin Salman avec le président Joe Biden le mois dernier à Djeddah et la recrudescence des attaques répressives contre quiconque ose critiquer le prince héritier ou le gouvernement saoudien pour des abus bien documentés. »

L’Arabie Saoudite a fait l’objet de critiques répétées de la part d’organisations de défense des droits de l’homme et d’organes des Nations unies en raison de ses violations des droits humains et de ses lois qui restreignent l’expression politique et religieuse, notamment sa loi antiterroriste et sa loi contre la cybercriminalité.

Le meurtre en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi, critique à l’égard du gouvernement saoudien et à l’origine de DAWN, est étroitement lié au prince héritier.

Cependant, les responsables du pays ont rejeté tout lien entre le prince héritier et la mort de Jamal Khashoggi. Ils ont également nié les accusations de violations des droits de l’homme et affirment que leurs lois servent à protéger leur sécurité nationale.

« Dans les affaires al‑Shebab et al‑Qahtani, les autorités saoudiennes ont utilisé des lois abusives pour cibler et punir des citoyennes saoudiennes qui avaient critiqué le gouvernement sur Twitter », a conclu M. Alaoudh. « Mais ce n’est que la moitié de l’histoire. En effet, même le prince héritier n’autoriserait pas des condamnations aussi vindicatives et excessives si, à son avis, les États‑Unis et d’autres gouvernements occidentaux opposaient une censure significative à ces mesures. De toute évidence, ce n’est pas le cas. »

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