Real Ice, une start-up britannique, souhaite sauver la banquise arctique en l’arrosant avec de l’eau de mer, afin de renforcer la glace pour qu’elle ne fonde pas complètement l’été. Une idée qui inquiète la communauté scientifique qui craint que cette méthode se révèle mauvaise pour le climat et certains écosystèmes.
Épaissir la calotte glaciaire artificiellement en l’arrosant ? C’est ce que propose la start-up britannique Real Ice. Une idée au premier abord décalée qui a pourtant été testée. Le forage pilote a eu lieu sur l’île Victoria, au Canada, en collaboration avec le Centre for Climate Repair de l’université de Cambridge.
« L’idée est que plus la glace est épaisse [à la fin de l’hiver], plus elle survivra longtemps lorsque nous entrerons dans la saison de fonte », explique à la BBC Andrea Ceccolini, chercheur chez Real Ice. De l’eau de mer a ainsi été pompée par de gros tuyaux et versée sur la banquise, afin d’épaissir la couche de glace.
Les tests de cette méthode inédite auraient donné des résultats éloquents, assure l’entreprise. En effet, une augmentation de l’épaisseur de la glace de plus de 50 centimètres aurait été observée entre janvier et mai 2024 par les chercheurs sur la zone d’expérimentation, de la taille d’un terrain de football.
À présent, Real Ice souhaite passer à la vitesse supérieure et utiliser des drones sous-marins capables de percer la surface et faire remonter de l’eau sur la banquise, le tout sur une étendue plus vaste. « Un seul drone pourrait couvrir 2 km2 de glace par saison. Il en faudrait 500.000 pour avoir un effet significatif sur le climat et on chiffre le budget d’une telle opération à 6 milliards de dollars par an, soit près de 5,4 milliards d’euros », écrit Korii Slate.
La communauté scientifique perplexe voire inquiète
Malgré tout, on ne peut pas dire que la communauté scientifique soit emballée par cette nouvelle technique, qui conteste sa viabilité. « C’est assez insensé à mon avis que cela puisse être fait à l’échelle de l’ensemble de l’océan Arctique », déclare Julienne Stroeve, professeure d’observation et de modélisation polaires à l’University College de Londres, citée par la BBC. « La grande majorité des scientifiques polaires pensent que cela ne fonctionnera jamais », prévient Martin Siegert, glaciologue expérimenté de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni), également cité par le média anglais.
Sur son site internet, l’entreprise Real Ice affirme vouloir « protéger les communautés mondiales et locales des effets drastiques du réchauffement de l’Arctique » et « contribuer à préserver la biodiversité naturelle d’un écosystème essentiel ». Pourtant, selon Ouest-France, un certain nombre de scientifiques, y compris les organismes climatiques et météorologiques de l’ONU, ont averti que ces approches auraient pour conséquence de perturber gravement les conditions météorologiques mondiales, amenant plusieurs chercheurs à prôner leur interdiction.
« Les technologies de géo-ingénierie s’accompagnent d’énormes incertitudes et créent de nouveaux risques pour les écosystèmes et les populations », explique à la BBC Lili Fuhr, directrice du programme d’économie fossile au Centre pour le droit international de l’environnement. « L’Arctique est essentiel au maintien de nos systèmes planétaires : pomper de l’eau de mer sur la glace de mer à grande échelle pourrait modifier la chimie des océans et menacer le fragile réseau de la vie. »
Pas refroidie par ces avis peu enthousiastes, la société compte poursuivre les essais dans la baie de Cambridge ce mois de novembre, en effectuant 5 forages couvrant un kilomètre carré de banquise, pour voir dans quelle mesure la banquise peut s’épaissir en étant traitée au début de la saison hivernale.
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