Une université chinoise a envoyé des chercheurs étudier à l’Université de l’Illinois du Nord pour leur faire acquérir des connaissances permettant de contribuer au développement du système chinois de navigation par satellite, selon des documents récemment obtenus par le journal Epoch Times qui ont fait l’objet d’une fuite.
Cette année, le régime chinois a achevé le déploiement du système de navigation par satellite BeiDou (BDS), dans le but de rivaliser avec le système de positionnement mondial (GPS) des États-Unis. Le système BeiDou comporte des applications à la fois civiles et militaires, mais Pékin l’a développé principalement à des fins militaires.
Le journal Epoch Times a obtenu un document de l’université de Lanzhou Jiaotong (LJU), dans lequel l’école s’adresse au Conseil chinois des bourses d’études – créé par le ministère chinois de l’éducation afin que les étudiants puissent étudier à l’étranger – pour obtenir des bourses destinées à trois chercheurs de haut niveau, dont un chercheur invité et un boursier de troisième cycle afin de démarrer cette année un programme de formation d’un an en sciences de l’information géographique à l’université de l’Illinois du Nord (NIU).
Dans une demande datée du 16 juin, l’université explique qu’elle a déjà signé un accord avec la NIU pour « former ensemble des talents » dans ce domaine. Le programme débuterait au mois d’août.
Selon une annonce publiée sur le site web de l’université de Lanzhou Jiaotong LJU, l’accord a été signé le 26 avril.
Dans une section du dossier de candidature sur « l’importance du projet », LJU affirme que la science de l’information géographique « est devenue une partie de la stratégie nationale du pays » et que le programme aidera à « déployer pleinement le système BeiDou chinois ».
Le programme permettrait de former les boursiers de la LJU pour qu’ils aient une « perspective internationale », a écrit l’école.
La LJU a également écrit qu’elle a signé un autre accord avec la NIU pour envoyer chaque année dix de ses étudiants de premier cycle suivre un programme de deux ans en sciences de l’information géographique. Les étudiants paieraient leurs propres frais de scolarité. L’école a déclaré que le programme d’études à l’étranger servirait les intérêts du 13e plan quinquennal de Pékin, qui prévoit de faire progresser les études géologiques et la cartographie relatives au système BeiDou.
La NIU n’a pas répondu aux questions concernant ses accords avec l’université chinoise, ni aux questions relatives aux chercheurs mentionnés ci-dessus.
On ne sait pas si les chercheurs se sont finalement inscrits à la NIU.
Projets de fusion militaire et civile
En août 2016, la Commission nationale chinoise pour le développement et la réforme avait publié un plan qui détaillait la place des sciences de l’information géographique dans les politiques économiques décrites par le 13e plan quinquennal.
L’agence a expliqué que ce domaine contribuerait à la cartographie nécessaire pour le système BeiDou.
En utilisant la science de l’information géographique, Pékin a prévu de construire au moins 2 500 stations de référence à travers le pays ainsi que des stations à l’étranger, ce qui permettrait d’améliorer la précision du positionnement.
Ce secteur permettrait « d’approfondir le développement de la fusion civilo-militaire », selon le plan. La fusion civilo-militaire fait référence à la stratégie du régime chinois destinée à exploiter la puissance des innovations de l’industrie privée pour encourager la modernisation militaire.
Cette stratégie a été examinée par l’administration américaine ; début novembre, le président américain Donald Trump a publié un décret interdisant les investissements américains au profit d’un groupe de sociétés entretenant des relations avec l’armée chinoise.
Le département d’État a décrit la fusion civilo-militaire de cette manière : « C’est une stratégie nationale du Parti communiste chinois (PCC) qui vise à faire de l’Armée populaire de libération (APL) une ‘armée de classe mondiale’ d’ici 2049 […] non seulement par ses propres efforts de recherche et de développement, mais aussi en acquérant et en détournant les technologies de pointe existantes dans le monde – y compris par le vol. »
BeiDou
Le passé militaire du système BeiDou est bien connu.
Le projet a été lancé par les forces militaires en 1983. La société d’État chinoise Norinco est le principal concepteur et développeur du système BeiDou.
Le journal d’État Beijing News a rapporté en octobre 2012 que Norinco ferait don de 500 de ses terminaux BeiDou au bureau de police de la ville de Pékin pour l’aider à assurer la « stabilité sociale » – un euphémisme pour désigner la répression des dissidents.
Norinco est l’une des entreprises liées à l’APL qui relève du décret de Donald Trump. Les investisseurs américains auront jusqu’à novembre 2021 pour se désengager de cette société et des autres entreprises liées à l’APL désignées par le Pentagone.
Certains fonctionnaires ont donné des explications plus précises sur le rôle de BeiDou.
Le directeur du Centre d’ingénierie des applications satellites du Xinjiang, Huang Xinli, a déclaré le 4 septembre 2014 qu’un bon système de navigation pourrait garantir la victoire lors d’un conflit militaire, selon un rapport du site d’information Yaxin Net.
« Nos armes ne peuvent pas se fier au système GPS. Une fois que les États-Unis désactiveront le GPS [au cours d’une guerre], notre système d’armement sera paralysé. Il sera beaucoup plus sûr d’utiliser notre propre système de navigation », a déclaré M. Huang à Yaxin.
Huang Xinli a ajouté que dans la région du Xinjiang, l’utilisation la plus importante de BeiDou est de maintenir la stabilité du Parti communiste au pouvoir en surveillant ses citoyens. Sous le couvert de la lutte contre l’extrémisme, Pékin a fortement contrôlé et réprimé la population locale des Ouïghours et des autres minorités ethniques musulmanes. Les responsables américains estiment qu’environ un million de personnes sont actuellement détenues dans les camps de concentration du Xinjiang.
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