Une voiture à moins de 20.000 euros, et la promesse de profits propulsés par une forte baisse des coûts : Renault tente de séduire les investisseurs avant le lancement en Bourse de sa filiale électrique, Ampere.
La marque, qui vient de sortir du gouffre, a lancé début novembre cette filiale qui rassemble ses activités électriques et logicielles en France.
Elle prépare l’entrée en Bourse d’Ampere pour le printemps 2024, avec une valorisation estimée entre huit et dix milliards d’euros, soit autant que Renault Group actuellement. À la Bourse, les constructeurs automobiles historiques font en effet pâle figure face à leurs nouveaux concurrents électriques.
Renault sera totalement électrique en 2030
Renault a organisé mercredi une journée dédiée aux investisseurs pour les convaincre du sérieux d’Ampere, nommée ainsi en hommage à l’inventeur français de la mesure de l’intensité du courant.
« Ampere, c’est aujourd’hui le projet le plus ambitieux, solide, holistique, en réponse aux défis qui nous viennent de l’est et de l’ouest », a souligné le patron du groupe Luca de Meo lors d’une conférence de presse. Ampere rassemble plus de 11.000 collaborateurs, dont un tiers d’ingénieurs, qui conçoivent, développent, fabriquent et commercialisent des véhicules sous la marque Renault.
« C’est aussi une manière de réinventer la marque Renault et d’en faire une marque complètement électrique en 2030 (…). C’est un peu comme dans l’armée, tu envoies des voltigeurs cinq kilomètres à l’avant », a fait valoir M. de Meo.
L’entrée en Bourse doit dégager de l’argent frais pour accélérer le virage électrique de Renault, et « donner plus rapidement des dividendes aux actionnaires et au groupe », a insisté Luca de Meo.
Ampere prévoit de vendre environ 300.000 véhicules en 2025 et un million en 2031, soit la moitié de ce que Renault a écoulé dans le monde en 2022. La filiale vise un chiffre d’affaires ambitieux de 10 milliards d’euros dès 2025, contre 46 milliards pour le groupe Renault en 2022, et un taux de croissance annuel de plus de 30% entre 2023 et 2031.
Faire face à la concurrence
« Ce qu’on veut, c’est démocratiser les véhicules électriques en Europe », a indiqué le directeur financier de Renault, Thierry Piéton. « On va réduire nos coûts de façon importante pour réduire les prix, tout en améliorant la marge ». Si les ventes de voitures électriques ont explosé, la facture reste encore salée à l’achat pour la plupart des modèles.
Début 2024, la Renault 5 électrique, assemblée dans le nord de la France, devra démocratiser cette technologie avec des premiers tarifs à 25.000 euros. Un autre modèle encore plus compact et urbain, fabriqué en Europe (mais pas en France) et vendu moins de 20.000 euros, sera lancé après 2025, sous le nom de code « Legend ».
Renault compte ainsi faire face à la concurrence asiatique (BYD) et américaine (Tesla), mais aussi à la future Citroën C3 électrique. La nouvelle filiale de Renault proposera au total sept modèles électriques d’ici 2031 : les Mégane, Scenic, R5 et R4 (en 2025), cette petite « Legend », et deux autres modèles.
Le prix de vente des modèles de segment moyen, comme les Mégane et Scenic, sera à parité avec les véhicules thermiques d’ici à 2027/2028 « tout en préservant les marges », a souligné Renault.
Alors que plusieurs lancements en Bourse ont beaucoup déçu cet automne, Renault se réserve le droit de ne pas introduire Ampere sur les marchés si sa valeur potentielle n’est pas satisfaisante en 2024, ont prévenu ses dirigeants mercredi. Renault pourrait aussi financer ce projet « tranquillement avec (ses) ressources », a souligné Luca de Meo. « On n’est pas fous, on ne va pas balancer une partie de l’entreprise pour rien », a-t-il lancé.
Nissan et Mitsubishi, ses partenaires japonais au sein de l’Alliance, reformée sur de nouvelles bases cette année, ont annoncé qu’ils investiraient à hauteur de 800 millions d’euros au total dans Ampere. Pour dégager des fonds, le Losange pourrait également vendre prochainement sa participation de 28,4% dans Nissan, a déclaré M. de Meo à Bloomberg mercredi.
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