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Unédic : révélations et épopée de l’ex-directrice de l’AGS sur la disparition de 7 milliards d’euros

novembre 20, 2023 19:34, Last Updated: avril 15, 2024 12:53
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Il y a quelques années, Houria Aouimeur-Milano, alors directrice nationale de l’Agence de garantie des salaires (AGS), révélait à la suite de plusieurs enquêtes internes ce qui s’avère être un système frauduleux impactant directement l’association en charge de l’assurance chômage, l’Unédic. Depuis lors, elle traverse un véritable chemin de croix, tant sur le plan psychologique que judiciaire. Houria Aouimeur-Milano s’est récemment fait refuser sa demande de statut de lanceuse d’alerte, mais elle n’a pas dit son dernier mot. Un avenir mouvementé pour l’Unédic ? 

Enquêtes et révélations chocs

Tout commence à l’automne 2018. À cette époque, madame Aouimeur-Milano est choisie par le patron du Medef, vice-président et président de l’Unedic, Geoffroy Roux de Bézieux, pour succéder à Thierry Météyé à la tête de l’AGS, organisme de l’Unédic en charge du versement des salaires pour les entreprises défaillantes. Dès son entrée en fonction, elle réalise que le fonctionnement de l’AGS ainsi que certaines pratiques de son prédécesseur ne sont pas clairs. Elle découvre que certains administrateurs et mandataires judiciaires font l’objet de favoritisme dans l’obtention d’affaires, n’étant que peu contrôlés avant le paiement. Houria Aouimeur-Milano met la main sur des contrats assez louches avec des entreprises extérieures.

L’organisation patronale va ensuite donner son feu vert sur demande de l’ex-directrice pour la tenue d’audits par les cabinets de conseil EY et Advolis Orfis qui vont enquêter de manière plus approfondie sur les anomalies de l’organisme. Les conclusions du premier cabinet engagé sont alarmantes et confirment les suspicions d’Houria Aouimeur-Milano qui décide de porter plainte avec le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) pour abus de confiance, vol, corruption active et passive, faux et usage de faux et prise illégale d’intérêts. L’Unédic va ensuite porter plainte à son tour pour les mêmes motifs.

Mais le rapport d’Advolis Orfis est encore plus inquiétant et révèle que l’AGS a perdu en moyenne 1,5 milliard d’euros pendant 5 ans (2013-2018), soit environ 7 milliards d’euros, dans le cadre de sommes avancées pour les salaires des employés des sociétés ayant des problèmes financiers et que des cabinets, des administrateurs et des mandataires judiciaires auraient (CNAJMJ) détourné des fonds. Un pavé dans la marre jeté pour tous les acteurs d’un système en train d’être dénoncé.

Menaces, harcèlement : le chemin de croix d’Houria Aouimeur-Milano

Ces révélations ont coûté cher psychologiquement à celle qui fut un temps en charge de la délégation Unédic AGS. À partir de décembre 2018, elle fait l’objet de premières menaces, de tentatives d’intimidation et de piratage informatique. Elle est contrainte de changer de domicile à cause de différentes intrusions et vit même pendant une certaine période sous protection de gardes du corps. Apparemment certaines personnes parmi les dirigeants de l’Unédic n’ont guère apprécié les enquêtes menées par Houria Aouimeur-Milano et vont chercher à la diffamer.

Ils organisent à leur tour un audit en 2022 sur un prétendu grand train de vie de la directrice de l’association patronale et des dépenses excessives. Des accusations très vite démenties, par l’intéressée, son entourage et son avocat, preuves à l’appui.

Du côté de l’Unédic et de son dirigeant Christophe Valentie, on persévère dans le règlement de comptes. La directrice est licenciée pour « faute lourde » en février 2023 et ses anciens collaborateurs sont aussi victimes de harcèlement moral et licenciés.  

La rude bataille judiciaire et l’avenir de l’Unédic

Une bataille entre Houria Aouimeur-Milano et l’Unédic a aussi lieu au tribunal des prud’hommes à la suite de nombreuses plaintes. L’ancienne directrice du régime des garanties des salaires avait demandé auprès de la juridiction quelques mois après son licenciement l’obtention du statut de « lanceuse d’alerte ». Un statut permettant à la personne concernée de bénéficier d’une meilleure protection et d’éviter le plus possible les représailles visant l’entourage du lanceur d’alerte. Malheureusement, le 7 novembre dernier, le conseil des prud’hommes a rejeté sa demande. Une victoire donc pour l’organisme gérant l’assurance chômage. Mais la guerre n’est pas perdue pour la femme réputée résiliente. De plus, ses avocats confirmaient récemment au Journal du Dimanche qu’ils allaient « relever appel de ces ordonnances ».

Pour le moment, l’affaire n’a pas fini de faire parler d’elle et d’éclabousser l’Unédic, association historiquement prestigieuse créée en 1958. D’autant qu’Anticor a récemment évalué à 15,1 milliards d’euros le montant d’avances distribuées aux administrateurs et mandataires judiciaires que l’AGS n’a pas récupérées.

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