Les Uruguayens élisent dimanche leur président dans ce pays riche d’Amérique du Sud où le candidat de centre-droit, Luis Lacalle Pou, est le favori face à Daniel Martinez, représentant du parti au pouvoir, après 15 ans de présidence de gauche.
Quelque 2,6 millions d’électeurs ont jusqu’à 22H30 GMT pour élire le successeur du président Tabaré Vasquez, qui prendra ses fonctions en mars pour cinq ans.
Le président Vasquez a assuré que l’Uruguay respecterait « toutes les étapes constitutionnelles et légales », en faisant allusion aux crises qui secouent plusieurs pays de la région.
« Aujourd’hui, nous pouvons choisir, que l’on gagne ou que l’on perde. C’est un droit et un devoir, et vu l’état de la région, tout le monde n’a pas cette possibilité. Il faut savoir l’apprécier », déclare Juan Pablo Abella, 40 ans, venu voter avec sa compagne et leur fils de 9 ans. « On est nés tous les deux sous la dictature » militaire dans les années 1970, souligne-t-il.
« On veut que le Frente amplio (Front élargi, gauche) gagne, car on sent qu’avec la gauche nos droits sont garantis », espère-t-il, mais « quoi qu’il arrive, il faudra l’accepter, car nous voulons la démocratie avant tout, c’est ce qu’on explique à notre fils ».
Luis Lacalle Pou est en tête, selon les sondages
Au premier tour, Luis Lacalle Pou, le leader du Parti national (centre-droit), a obtenu moins de voix que M. Martinez, du Frente amplio, mais il a ensuite mis en place une coalition avec les autres prétendants battus au premier tour, allant de la droite aux sociaux-démocrates. Il caracole depuis en tête.
Selon les derniers sondages, Luis Lacalle Pou, ancien sénateur de 46 ans, obtiendrait cinq à huit points d’avance face à Daniel Martinez, ex-maire de Montevideo et ingénieur franco-uruguayen de 62 ans.
Alors que plusieurs pays latino-américains connaissent des crises politiques et sociales majeures, « l’Uruguay continue d’être cité comme un exemple de démocratie qui fonctionne dans la région, tout en rejetant les issues populistes extrémistes », souligne Paul Webster Hare, ex-ambassadeur britannique qui a été en poste à Cuba et au Venezuela, et désormais professeur à l’université de Boston (Etats-Unis).
Quelques incidents dans un quartier de Montevideo
Dimanche matin, un incident s’est produit dans un quartier de Montevideo quand des personnes qui participaient à une fête de musique électronique ont lapidé des véhicules de police et un bus militaire qui transportait du personnel chargé de garder les urnes durant le scrutin.
Selon les médias uruguayens et des vidéos circulant sur Twitter, plusieurs voitures de particuliers ont également été endommagées.
« Quand j’ai vu ça ce matin, j’ai pensé que c’était un autre pays. Malheureusement, c’était l’Uruguay. Ce n’est pas logique », a déploré M. Lacalle Pou, soulignant le climat de concorde entre les militants des divers partis lors de la campagne.
Le succès de M. Lacalle Pou mettrait fin à 15 ans de gouvernements de gauche
Pour Diego Lujan, politologue de l’université de la République, la plus grande d’Uruguay, ce second tour s’apparente à un référendum pour ou contre la gauche. « Quand il y a un parti qui est au gouvernement depuis trois mandats, avec la majorité au Parlement et qui peut appliquer son programme, les résultats sont de la responsabilité de ce parti », explique-t-il.
Lors des dernières élections, en 2014, l’économie était en croissance et le programme était incarné par Tabaré Vasquez, premier président de gauche de l’Uruguay (2005-2010) et un des dirigeants historiques du Frente Amplio. M. Vasquez avait battu M. Lacalle Pou, fils de l’ancien président Luis Alberto Lacalle (1990-1995) et candidat pour la première fois.
« Ce troisième gouvernement du FA a peu de succès à faire valoir », relève M. Lujan. En 15 ans, la coalition au pouvoir a notamment approuvé l’avortement (2012), le mariage homosexuel (2013) et a été pionnière dans la légalisation du cannabis (2013).
Dans ce pays réputé pour être un des plus sûrs d’Amérique latine, la criminalité arrive en tête des préoccupations des électeurs. L’Uruguay a connu une hausse de 45% des homicides entre 2017 et 2018.
Côté économique, le taux de chômage se rapproche des 9,5% et le coût de la vie ainsi que la pression fiscale reviennent souvent parmi les récriminations des chefs d’entreprises et commerçants.
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