Le FBI américain a lancé une enquête de grande envergure pour tenter de comprendre qui est derrière l’envoi de colis explosifs à l’ancien président Barack Obama, Hillary Clinton, d’autres députés démocrates, un homme d’affaires opposé à Donald Trump, ainsi qu’à la chaîne de télévision CNN, une des bêtes noires de l’actuel président. Alors que les élections de mi-mandat sont dans moins de deux semaines, M. Trump avait d’abord réagi en appelant au rassemblement, mais est vite revenu à la politique, soulignant la « responsabilité » des médias dans la détérioration du climat actuel.
CNN est connu pour ses nombreuses critiques du gouvernement de M. Trump et s’est souvent attiré les foudres de celui qui a battu Hillary Clinton en 2016 pour succéder à Barack Obama à la Maison Blanche. Donald Trump avait d’abord déclaré que « tout acte ou menace de violence politique » était « une attaque contre notre démocratie elle-même ». Mais il a dans le même temps, lors d’un meeting de campagne dans le Wisconsin (nord), appelé les médias à « cesser les hostilités sans fin et les attaques négatives constantes et souvent fausses ».
L’affaire avait commencé lundi avec un colis envoyé au domicile du milliardaire George Soros, démocrate notoire devenu une cible des nationalistes américains et européens, suivi mardi et mercredi de l’interception d’autres colis explosifs adressés respectivement à l’ex-secrétaire d’État démocrate Hillary Clinton, qui réside dans la banlieue de New York, et à l’ex-président démocrate Barack Obama, qui habite à Washington. Peu après, la chaîne d’information CNN, souvent dénoncée par Donald Trump qui l’accuse de critiquer systématiquement sa présidence, évacuait ses bureaux new-yorkais après la découverte d’un colis suspect adressé à John Brennan, ex-directeur de la CIA et maintenant commentateur sur CNN.
L’élue au Congrès Debbie Wasserman Schultz, ex-présidente du comité national du parti démocrate, a également été visée, ainsi que deux autres personnalités démocrates, noires, l’ex-ministre de la Justice d’Obama, Eric Holder et la députée californienne Maxime Waters – qui a reçu deux colis. « A ce point de l’enquête, nous ne savons toujours pas si c’est le fait d’une seule personne ou d’un réseau », a expliqué à CNN le chef de la police new-yorkaise James O’Neill told CNN, qui a dit toutefois son espoir que le ou les responsables seraient identifiés et arrêtés dans les prochains jours.
Au total, neuf de ces paquets similaires, enveloppés dans une enveloppe matelassée en kraft et portant une adresse imprimée par ordinateur. Toutes donnaient comme expéditeur le nom (écrit avec des fautes d’orthographe) de l’ex-dirigeant du Comité national démocrate, Debbie Wasserman Schultz. Une photo de l’engin envoyé à CNN montre un petit tuyau enveloppé d’adhésif noir, avec des fils électriques sortant des deux côtés. Selon la chaîne de télévision ABC, un autre paquet suspect, adressé à l’ex-vice-président Joe Biden, a été intercepté mercredi. Le FBI n’a toutefois pas confirmé cette nouvelle.
Le directeur du FBI Christopher Wray a lancé un appel général à de l’aide. « Nous demandons à qui que ce soit qui pourrait avoir une information de nous contacter. N’hésitez pas à appeler; le moindre petit détail peut nous aider dans cette enquête », a-t-il déclaré. Plusieurs voix ont dénoncé une polarisation de la vie politique américaine depuis l’élection de Donald Trump qui est allée trop loin. « C’est une période de divisions profondes et nous devons faire tout notre possible pour nous rassembler », a déclaré Hillary Clinton depuis la Floride.
« Nous traversons une période où les gens ressentent beaucoup de haine dans l’air », a déclaré pour sa part le maire démocrate de New York, Bill de Blasio. Malgré l’appel au rassemblement de M. Trump, et des condamnations de la violence par plusieurs responsables républicains, les chefs démocrates au Congrès ont accusé le président de cautionner la violence. En rappelant qu’il avait traité les médias d’« ennemis du peuple », et tardé à dénoncer les militants d’extrême droite à l’origine de violentes manifestations à Charlottesville à l’été 2017.
D.C avec AFP
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