Une enquête des services du procureur de Pennsylvanie publiée mardi a mis au jour des abus sexuels perpétrés par plus de 300 « prêtres prédateurs ». Leurs agissements ont été couverts par l’église catholique de cet État, dont ont été victimes au moins mille enfants.
Le rapport final, rédigé par un jury populaire auquel avaient été soumises les conclusions de l’enquête, indique que « quasiment tous les cas » allégués sont aujourd’hui frappés par la prescription et ne peuvent être poursuivis pénalement. En procédure pénale américaine, le ministère public peut soumettre des faits à un jury populaire, qui décidera s’il y a ou non matière à poursuites.
Deux prêtres ont néanmoins été inculpés, l’un pour des agressions sexuelles répétées sur plusieurs enfants, dont les plus récentes remontent à 2010. L’autre prêtre, accusé d’agression sur un enfant de 7 ans, a plaidé coupable fin juillet mais le chef d’accusation retenu est un délit et non un crime et n’est passible que de cinq ans d’emprisonnement au maximum.
Même s’ils ne sont plus passibles de poursuites, les jurés ont également choisi de rendre publics les noms de dizaines d’hommes d’Église accusés de pédophilie par des éléments de l’enquête.
Le rapport évoque des agressions sexuelles dont certaines victimes présumées avaient moins de dix ans. Il cite le cas d’un prêtre ayant abusé de cinq sœurs, dont la plus jeune n’avait que 18 mois au début des faits présumés.
Ce n’est pas la première fois qu’un jury populaire publie un rapport dévoilant des cas de pédophilie au sein de l’Église catholique américaine, mais jamais une enquête n’avait révélé autant de cas.
« Des prêtres violaient des petits garçons et des petites filles et les hommes d’Église qui étaient leurs responsables n’ont rien fait. Durant des décennies », ont écrit les membres du jury dans le rapport publié mardi.
De nombreuses anecdotes, figurant dans le rapport, dépeignent une hiérarchie ayant souvent eu une démarche active pour ne pas ébruiter les cas d’abus sexuels et pour protéger les auteurs de ces agressions.
Lors d’une conférence de presse mardi, le procureur de Pennsylvanie Josh Shapiro a également souligné que l’enquête avait mis en cause l’attitude de plusieurs policiers, refusant d’enquêter sur des accusations visant des prêtres.
Les jurés disent « reconnaître que beaucoup de choses ont changé (au sein de l’Église catholique) ces quinze dernières années » mais soulignent que les deux inculpations montrent que « les abus d’enfants au sein de l’Église n’ont pas disparu ».
Malgré des réformes institutionnelles, « les hauts responsables de l’Église ont le plus souvent échappé à leurs responsabilités », poursuit le rapport.
Des évêques et des cardinaux « ont, pour l’essentiel, été protégés. Beaucoup, dont certains sont nommés dans ce rapport, ont été promus. Tant que cela ne change pas, nous pensons qu’il est trop tôt pour refermer le chapitre des scandales sexuels de l’Église catholique. »
« Nous aimerions tous que d’autres inculpations soient possibles, mais la manipulation de nos faibles lois par l’Église a mis trop de prédateurs hors de portée », a commenté M. Shapiro.
« La dissimulation a rendu impossible que justice soit rendue pour ces victimes », a-t-il ajouté.
Dans son rapport, le jury formule plusieurs propositions de réforme, notamment une modification de la législation de la Pennsylvanie pour allonger le délai de prescription, au pénal et au civil, et restreindre le champ des accords de confidentialité, auxquels l’Église catholique a eu fréquemment recours, d’après l’enquête.
Selon l’organisation Bishop Accountability, 6 721 prêtres ont été accusés d’abus sexuels aux Etats-Unis pour des faits présumés inclus dans la période allant de 1950 à 2016. La même association estime à 18 565 le nombre d’enfants victimes de ces agissements. Fin juillet, le pape François a accepté la démission du célèbre cardinal Theodore McCarrick, accusé d’abus sexuels sur un adolescent.
Plusieurs autres hauts prélats ont été contraints de démissionner pour avoir fermé les yeux, dont les cardinaux Roger Mahony (Los Angeles) et Bernard Law (Boston), décédé fin 2017.
Les agissements de l’archevêque Bernard Law ont été au cœur d’une vaste enquête du Boston Globe, qui a reçu le prix Pulitzer avant de faire l’objet d’un film, Spotlight, couronné des Oscars du meilleur film et du meilleur scénario en 2016.
D.V avec AFP
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