Quatorze personnes ont été placées en garde à vue mardi dans l’enquête sur l’action menée contre une cimenterie Lafarge de Provence par des activistes écologistes fin 2022, alors que le gouvernement a confirmé la dissolution du mouvement Les Soulèvements de la terre, qui avait « soutenu » cette action.
Ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique et notamment à Notre-Dame-des-Landes, où divers militants écologistes ont élu refuge au sein de l’ex-zone à défendre (ZAD), selon le parquet d’Aix-en-Provence, mais également dans la région marseillaise. C’est précisément dans cette ex-ZAD près de Nantes, constituée contre un projet d’aéroport depuis abandonné, que s’est créé en janvier 2021 Les Soulèvements de la terre (SLT), collectif hétéroclite d’associations, syndicats et groupements.
Le gouvernement avait engagé une procédure de dissolution de SLT le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d’eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) dont il avait imputé la responsabilité au mouvement.
Le décret de dissolution
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait fustigé « l’écoterrorisme » des auteurs de violences en pointant du doigt ce groupe, présenté comme appartenant à l’ultragauche. La procédure est restée bloquée pendant plus de deux mois, mais M. Darmanin a finalement annoncé mardi qu’il présenterait mercredi en Conseil des ministres le décret de dissolution. Le ministre s’exprimait à l’Assemblée nationale après une nouvelle manifestation soutenue par SLT ce week-end, contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, marquée par des échauffourées.
Les personnes interpellées dans l’enquête sur le « désarmement », selon les termes des activistes, de l’usine Lafarge, sont soupçonnées de « dégradation en bande organisée par moyen dangereux », « dégradation en réunion » et « association de malfaiteurs », a expliqué le parquet à l’AFP. Elles sont toutes actuellement, à l’exception d’une, en garde à vue à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), les interpellations ayant été menées par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police, en lien avec la section de recherches de la gendarmerie.
Les Soulèvements de la terre ont dénoncé dans un communiqué une « dissolution très politique et particulièrement inquiétante », fustigeant les arrestations comme « une opération de communication et d’intimidation contre le mouvement social dans son ensemble ».
Une quinzaine d’arrestations début juin
Une première vague d’une quinzaine d’arrestations avait eu lieu début juin dans le cadre de l’enquête menée par deux juges d’instruction sur la cimenterie Lafarge. Tous les interpellés avaient été « remis en liberté à l’issue de leur audition » et sans suite judiciaire, selon le parquet d’Aix-en-Provence. Le parquet n’a pas voulu établir de lien entre ces nouvelles arrestations et SLT.
Le samedi 11 décembre, plusieurs dizaines d’activistes vêtus de combinaisons blanches à capuche avaient pris pour cible une cimenterie située à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) du groupe Lafarge, accusé d’être un gros « pollueur » au niveau mondial, y occasionnant d’importants dégâts. Dans une vidéo de l’opération, postée sur plusieurs sites, on voyait des membres du groupe s’en prendre à une caméra de surveillance à coups de marteau ou à un tuyau à coups de hachette et ce qui semblait être des débuts d’incendies dans des camions stationnés.
Un texte anonyme accompagnant cette vidéo avait revendiqué l’action contre le « cimentier-pollueur » en précisant que celle-ci avait été menée par « 200 personnes qui ont envahi et désarmé par surprise l’usine Lafarge de la Malle à Bouc-Bel-Air ». SLT avait de son côté salué cette action « contre le géant écocidaire du béton » sans pour autant la revendiquer.
Les Soulèvements de la terre ont appelé à des rassemblements devant les préfectures mercredi à 19h00 dans toute la France. Certains rassemblements ponctuels étaient prévus mardi.
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