Alors que l’année scolaire vient à peine de commencer, le personnel de plusieurs écoles de Vaulx-en-Velin assiste impuissant à l’intensification du trafic de stupéfiants « devant le portail des établissements ».
Depuis la rentrée, plusieurs établissements scolaires du quartier du Mas-du-Taureau de Vaulx-en-Velin, une commune d’un peu moins de 50 000 habitants située dans la périphérie lyonnaise, sont confrontés à la recrudescence du trafic de stupéfiants.
Postés aux abords des écoles du quartier, les trafiquants de drogue font régner la terreur.
« Cette situation a toujours existé. Mais, quelques années auparavant, il y avait une sorte de trêve informelle jusqu’à 18 heures. On respectait le temps de l’école et il n’y avait pas d’incident notable. Il y avait une sorte d’étanchéité entre l’école et les points de deal. Tout ce qui était impliqué par les trafics restait cantonné au soir. Or, depuis deux ou trois ans, on assiste à une dégradation. On sent une réelle tension, une pression », témoigne un enseignant qui travaille dans le quartier depuis une dizaine d’années.
« Maintenant, les dealers ne se cachent plus, ils s’affichent en pleine journée. Ils s’installent non loin des écoles ou même parfois devant le portail des établissements. On les voit, armés, accompagnés de chiens dangereux », ajoute une de ses collègues prénommée Aurélie dans les colonnes de 20 minutes.
« Ils sont là, le long du chemin allant à l’école. Les enfants passent devant eux tous les jours. Les gars sont armés, ça peut mal finir », renchérit une autre enseignante.
Des mesures de confinement pour protéger les élèves
Le 23 septembre, un parent croise deux individus cagoulés et armés qui circulent en deux-roues devant l’école maternelle et élémentaire Courcelles. Il prévient les responsables de l’établissement qui confinent aussitôt les 500 pensionnaires pour « éviter de recevoir une balle perdue ».
Trois jours plus tard, le scénario se répète alors que les élèves sont déjà rentrés chez eux. La même scène se reproduira la semaine suivante.
Nouvel incident le 11 octobre lorsqu’un jeune du quartier poursuivit par une patrouille de police refuse de se rendre.
« Il a escaladé le grillage pour traverser la cour de la maternelle, puis a sauté un deuxième grillage pour regagner l’école élémentaire. Ensuite, il s’est échappé en franchissant les dernières clôtures. On a dû une nouvelle fois confiner tous les élèves », raconte un témoin.
« Ce qui nous préoccupe le plus, c’est de mettre les enfants à l’abri »
Mardi dernier, le personnel de l’école Courcelles a décidé de se mettre en grève afin de dénoncer la situation et de mettre les autorités face à leurs responsabilités.
L’Académie a annoncé une série de mesures destinées à assister le personnel de l’établissement scolaire, expliquant notamment qu’une équipe mobile de sécurité était prête à intervenir « autant que de besoin ». Une garde policière sera également assurée pendant les heures d’ouverture de l’école jusqu’aux vacances de la Toussaint.
Des mesures qui restent toutefois imparfaites selon certains enseignants.
« La difficulté est que l’Éducation nationale ne propose pas d’aide suffisante à la hauteur des besoins en cas d’urgence, comme celle-là. Et quand l’aide arrive, il est souvent trop tard. Les collègues sont épuisés. Les deux directeurs sont en arrêt. Il nous faut des renforts humains même si cela ne change rien à ce qui passe à l’extérieur de l’école », souligne Benjamin Grandener, responsable départemental du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PGEC (SNUipp) affilié à la FSU.
« Ce qui nous préoccupe le plus, c’est de mettre les enfants à l’abri dans tous les sens du terme. L’idéal serait d’avoir recours à des médiateurs », poursuit Aurélie, une enseignante de l’école Courcelles.
« On a déjà vu d’anciens élèves, qui ont quitté l’école, entrer dans ces trafics. Ils sont utilisés pour acheter des sodas ou pour faire le guet. Tout cela en échange d’un paquet de bonbons ou d’un petit peu d’argent », ajoute Benoît, un autre membre du personnel de l’établissement scolaire.
« Notre peur, c’est que cela devienne la norme pour eux, qu’ils pensent que c’est de cette façon qu’on gagne de l’argent. La présence supplémentaire de policiers sur le terrain risque de mettre le feu aux poudres et de déclencher une guerre de quartier », renchérit Aurélie.
« Les parents eux-mêmes ne réclament pas davantage de police. Ils aimeraient plutôt l’intervention d’éducateurs de rue ou de médiateurs, qui puissent convaincre les dealers d’aller plus loin et qui puissent aussi faire de la prévention auprès des enfants », ajoute-t-elle.
« Éloigner les points de deal serait en effet un moindre mal même si ce n’est pas la solution. Démanteler de tels réseaux demande du temps. Mais, nous, on ne peut pas se permettre d’attendre plusieurs années », observe Benoît.
Contactée par les journalistes de 20 minutes, la mairie de Vaulx-en-Velin a confié qu’elle allait augmenter les effectifs des policiers municipaux et des brigades nocturnes ainsi que le nombre de caméras, notamment aux abords de l’école Courcelles.
La municipalité, qui compte s’inscrire dans le plan national de lutte contre les stupéfiants présenté par le gouvernement à la mi-septembre, assure qu’un Groupe local de traitement (GLT) de la délinquance a également été mis sur pied.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.