Ce mardi, la militante pro-démocratie Chow Hang-tung a accusé la justice hongkongaise de faire de la liberté de parole un délit et d’aider les autorités à effacer le souvenir de la répression de Tiananmen lors de sa condamnation, pour la deuxième fois, pour incitation à participer à cette veillée.
Mme Chow, une avocate âgée de 36 ans qui a toujours assuré elle-même sa défense avec fougue, était l’une des dirigeantes de l’Alliance de Hong Kong. Cette association, qui a voté sa dissolution en septembre dernier, organisait une veillée annuelle en hommage aux victimes de la sanglante répression des manifestants en faveur de la démocratie à Pékin le 4 juin 1989 sur la place Tiananmen.
En 2020 et 2021, la police hongkongaise avait interdit la tenue de ces rassemblements, invoquant l’épidémie de Covid-19- maladie causée par le virus du PCC (Parti communiste chinois) –et des menaces en matière de sécurité.
Des tribunaux ont déjà condamné de nombreux militants, parmi lesquels Mme Chow, à des peines d’emprisonnement pour avoir enfreint en 2020 cette interdiction.
15 mois d’emprisonnement
L’avocate avait été arrêtée le 4 juin 2021 après avoir publié deux articles appelant les habitants à allumer des bougies et à commémorer cet anniversaire.
Mardi, un tribunal l’a condamnée à 15 mois d’emprisonnement après avoir jugé que ses articles revenaient à inciter des personnes à braver l’interdiction de la police.
« Le message que ce verdict envoie est qu’allumer une bougie est un délit, que les mots sont un délit », a déclaré Mme Chow à la cour.
« La seule façon de défendre la liberté d’expression est de continuer à s’exprimer », a-t-elle ajouté. « Le véritable crime est de couvrir les meurtriers avec des lois et d’effacer les victimes au nom de l’État ».
Les manifestations pro-démocratie interdites par Pékin
Hong Kong a longtemps été le seul endroit en Chine où la commémoration des événements de Tiananmen était tolérée.
Depuis plus de trois décennies, chaque 4 juin, des dizaines de milliers de personnes se réunissaient pour participer à ces veillées de commémoration. Mais depuis les immenses manifestations pro-démocratie de 2019 et la reprise en main par Pékin de Hong Kong, elles sont interdites.
Tout au long de ses comparutions, Mme Chow a exprimé à haute voix ses sentiments et ses convictions. Mardi, elle a lu devant le tribunal des extraits des mémoires de familles de personnes tuées à Tiananmen.
La magistrate, Amy Chan, lui a aussitôt adressé un blâme et les policiers ont reçu l’ordre de relever les numéros d’identité des personnes qui ont applaudi.
22 mois de prison au total
Mme Chow purge déjà une peine d’un an de prison après avoir été condamnée il y a quelques mois pour avoir incité en 2020 à participer à une veillée de Tiananmen.
Elle devra donc passer un total de 22 mois derrière les barreaux, selon le nouveau calcul effectué par le tribunal.
Elle a également été inculpée pour avoir enfreint la drastique loi sur la sécurité nationale, des faits passibles de la prison à perpétuité.
Les dirigeants de l’Alliance de Hong Kong, parmi lesquels Mme Chow, font partie des dizaines de militants poursuivis pour avoir enfreint cette loi.
Éliminer de la ville tout ce qui est « anti-chinois »
Le musée du 4-Juin dédié à la répression de Tiananmen en 1989, géré par l’Alliance de Hong Kong, a été contraint de fermer ses portes en juin.
Fin décembre, deux sculptures commémorant la répression de Tiananmen ont été déboulonnées dans la nuit par deux universités de la ville.
Une campagne officielle a également été lancée pour éliminer de la ville tout ce qui est « anti-chinois », ainsi que les personnes jugées anti-patriotiques.
Certains cours dans les écoles et universités ont été revus pour encourager un plus grand patriotisme envers la Chine. Des médias critiques envers l’exécutif ont fait l’objet de perquisitions et certains de leurs dirigeants arrêtés. Un journal et deux sites d’information ont fermé en un peu plus de six mois.
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