Allumer la torche de son smartphone, lire des poèmes ou imprimer des t-shirts… Des Hongkongais rivalisent d’idées pour commémorer Tiananmen vendredi, en dépit de l’interdiction de la traditionnelle veillée par les autorités pro-Pékin.
La palme de l’inventivité revient probablement à l’artiste Kacey Wong qui a récupéré lors des veillées précédentes des centaines de morceaux de bougies consumées et compte les redistribuer vendredi. « Il est temps de les redistribuer aux Hongkongais afin qu’ils les gardent en lieu sûr », explique-t-il.
« Chaque bougie consumée porte en elle le recueillement d’une personne envers ceux qui se sont sacrifiés pour la démocratie, ainsi que les espoirs de voir un jour la démocratie triompher », a poursuivi M. Wong. « Chacune est un mélange d’émotions complexes. »
Les chiffres 4 et 6, pour la date du 4 juin
L’ex-député incarcéré Albert Ho, un des organisateurs de la veillée, a invité les Hongkongais à allumer des bougies, ou la torche de leur smartphone, dans leur quartier. « On peut considérer que tout Hong Kong est le parc Victoria », a-t-il déclaré la semaine dernière au South China Morning Post.
L’artiste Pak Sheung-chuen a appelé tous les habitants à écrire les chiffres 4 et 6, pour la date du 4 juin, sur les interrupteurs de leur maison, pour transformer le fait d’allumer la lumière en geste de commémoration. « Protégez la vérité et refusez d’oublier », a-t-il écrit sur Facebook.
Chan Ka-hing, un créateur, a proposé une autre idée sur un réseau social, en publiant un rectangle noir de format 4 par 6 et en suggérant de l’imprimer sur des t-shirts blancs à porter.
Debby Chan, une conseillère de district, projette de son côté une lecture de poèmes dans son quartier. « Commémorer le 4 juin est un rendez-vous emblématique du mouvement pro-démocratie. » « Si nous arrêtons aujourd’hui, les lignes rouges ne cesseront de se rapprocher. »
Les militants pro-démocratie veulent croire que le pouvoir ne sera pas en mesure d’empêcher tous les actes de commémoration. Traditionnellement, c’est à l’heure symbolique de 8h 09 que les bougies s’allumaient lors de la veillée, en référence à la date de 1989.
Pendant des décennies, Hong Kong et Macao furent les seuls endroits de Chine où l’on commémorait le 4 juin l’intervention sanglante de l’armée chinoise contre le mouvement social et étudiant de 1989 à Pékin.
7 000 policiers prévus autour du parc
Pour la première fois en 30 ans, la veillée n’a pas été approuvée en 2020 par les autorités qui avaient avancé le prétexte de l’épidémie, dans un contexte de reprise en main musclée de la ville par le pouvoir central chinois. Pour autant, des dizaines de milliers de personnes avaient bravé l’interdiction et s’étaient recueillies pacifiquement dans un parc au cœur de l’île de Hong Kong.
Cette année, la police a de nouveau refusé d’autoriser tout rassemblement, avertissant qu’elle interviendrait contre toute tentative de commémoration. Les autorités ont également averti que ceux qui se rassembleraient pour commémorer Tiananmen pourraient tomber sous le coup de la loi sur la sécurité nationale. L’année dernière, la police avait observé sans intervenir les milliers de personnes se répandre pacifiquement pour la veillée – illégale – dans le parc Victoria. Certains organisateurs ont depuis écopé de peines d’emprisonnement.
Cinq ans de prison
Les forces de sécurité ne devraient pas se montrer aussi passives cette année puisque 7 000 policiers seront mobilisés pour empêcher tout rassemblement dans le parc. Elles ont par ailleurs rappelé que la participation à un rassemblement non autorisé était passible de cinq ans de prison.
5 ans de prison, voilà ce qui attend les Hongkongais qui participeront à la veillée commémorative du massacre de la place Tian’Anmen le 4 juin https://t.co/Fcho45QEEB
— Charles Voisin (@charlesvoisin) May 31, 2021
Les slogans jugés « illégaux »
Mardi, des inspecteurs des affaires sanitaires se sont rendus dans un musée du souvenir de Tiananmen qui a récemment rouvert, et qui est géré par le même groupe organisant la veillée annuelle. Les inspecteurs ont affirmé que le lieu n’avait pas les autorisations adéquates. Le musée a fermé le lendemain. Des personnalités du camp pro-Pékin ont de leur côté affirmé que les slogans qui étaient souvent scandés lors des veillées, comme « Fin du parti unique » ou « Démocratie en Chine », étaient illégaux.
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