Le skipper Yannick Bestaven (Maître Coq IV), cinquième du Vendée Globe, peut encore remporter la course grâce à la compensation de 10 heures et 15 minutes qu’il obtiendra pour avoir participé au sauvetage de Kévin Escoffier. A la veille de son arrivée, prévue dans la nuit de mercredi à jeudi, il s’est confié à l’AFP.
Q: Vous êtes dans quel état d’esprit à l’approche de l’arrivée?
R: « Super content, super content d’en finir déjà parce que ça fait déjà 79 jours ou bientôt 80 qu’on fait ce tour du monde, et d’avoir un finish aussi serré, aussi haletant. C’est excitant mais aussi usant parce que, pour ne rien vous cacher, on tire fort sur les bateaux, donc vivement que ça se termine. Il faut tenir 24 heures encore à fond la caisse ».
Q: La semaine dernière, vous étiez découragé, aujourd’hui vous êtes à fond. Pouvez-vous nous raconter cet ascenseur émotionnel ?
R: « C’est toute la magie, le charme du Vendée Globe. J’étais heureux de passer mon premier cap Horn en tête du Vendée Globe. Le bateau était très abîmé parce que j’avais pris une grosse dépression …. Du coup je me suis posé des questions sur la remontée de l’Atlantique. J’ai pris une bonne option avec l’anticyclone et j’ai eu 450 milles d’avance sur Charlie Dalin, deuxième. Donc voilà j’étais on ne peut plus heureux et puis, devant le Brésil, le vent s’est arrêté pour moi.
Tous mes espoirs se sont évanouis. Tout le monde est revenu et m’a mis un vent, c’est le cas de le dire. Ca a été dur, il a fallu aller chercher au fond, loin, le retour, il a fallu aussi soigner un peu le bateau en prévision de ce final pour pouvoir revenir dans le match après ne plus trop y avoir cru. C’est vrai que ça booste, c’est excitant. Je pense que Louis Burton est dans le même état d’esprit. Quand il s’est arrêté à l’île Macquarie (entre la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique, ndlr), il est monté dans son mât par deux fois. Il ne pensait pas être en tête du Vendée Globe ou pas loin, donc c’est l’ascenseur émotionnel, c’est de plus fort en plus fort. Moi, pour le coup, ça me rend fort en ce moment ».
Q: Comment vous sentez-vous après 80 jours en mer ?
R: « Je crois que ça ne se voit pas ou ça ne se ressent pas mais je pense qu’on est sacrément usés parce que ça a été un Vendée Globe dur, des conditions météo très dures dans les mers du Sud. Ca a été aussi beaucoup de régate au contact donc beaucoup à faire avancer les bateaux vite, à calculer sa route météo la meilleure, donc il y a eu beaucoup de stress pendant tout ce tour du monde. Donc lorsqu’on va amarrer le bateau au ponton, lorsqu’on va mettre le pied sur le ponton, tout ce stress va partir, ça va nous faire du bien ».
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