En tête depuis presque trois semaines consécutives, Yannick Bestaven négociait lundi un anticyclone qui se dresse devant lui pour aborder sa remontée de l’Atlantique, dernier long tronçon avant l’arrivée aux Sables-d’Olonne.
Il reste encore quelque 6500 milles nautiques théoriques (environ 12.000 km) à Bestaven (Maître Coq IV) pour boucler le tour du monde en solitaire, soit encore environ quatre semaines de navigation.
Lors de la dernière édition du Vendée Globe, qui s’était déroulée sous des conditions météo exceptionnelles, le vainqueur Armel Le Cléac’h avait été le premier à franchir le cap Horn – dernier des trois caps mythiques du tour du monde – après 47 jours de mer. Bestaven, lui, aura mis exactement huit jours de plus, soit un passage après 55 jours de course.
Négocier cette zone de haute pression
Et la remontée de l’Atlantique pourrait ne pas être des plus rapides. Il faut déjà négocier cette zone de haute pression, qui affectera aussi les poursuivants.
« Pour les deux premiers, il est envisageable de contourner l’anticyclone par l’est. Et de ressortir dans son nord », a projeté le « monsieur météo » du Vendée Globe, Christian Dumard.
Les deux premiers, ce sont Bestaven et Charlie Dalin (Apivia), qui pointe lundi avec un retard de presque 200 milles nautiques (370 km) sur le leader et qui a atteint le cap Horn en 55 jours et 15 heures.
Derrière le tandem de tête, se tiennent respectivement Thomas Ruyant (LinkedOut) et Damien Seguin (Groupe Apicil), eux aussi « cap-horniers ».
« Le grand Sud a été vraiment dur cette année »
Bestaven, Dalin, Ruyant et Seguin sont les seuls marins sur les 27 encore en course à avoir franchi ce cap si emblématique, car synonyme de clap de fin dans les mers du sud et de retour dans l’Atlantique, avec en point de mire l’arrivée aux Sables-d’Olonne.
« C’est dingue, c’est tout le chemin qu’on a fait pour aller passer ce fameux cap », a souligné Ruyant lundi, lors de l’émission quotidienne de l’organisation.
« Il y avait encore quelques albatros en vol ou les fesses dans l’eau, une super lumière du matin. J’ai vraiment savouré ce moment-là. Le cap Horn en tant que tel n’a rien d’extraordinaire, c’est tout le chemin accompli et la route qu’on a faite pour en arriver là. Il clôture le grand Sud qui a été vraiment dur cette année », a-t-il poursuivi.
Ruyant, qui a connu la position de leader avant de céder sa place handicapé par des problèmes lié à l’un de ses « foils » (ces appendices latéraux qui permettent au bateau de voler), est « assez remonté à bloc pour cette remontée de l’Atlantique ».
« Je suis en forme, j’ai les idées claires et beaucoup d’envie sur cette dernière portion. Yannick (Bestaven) a la meilleure position qui soit, il fait une course assez incroyable jusqu’à maintenant. Je m’accroche, la route est encore longue », a-t-il prévenu.
Isabelle Joschke auteure d’une belle course
Et la route sera encore plus longue pour Isabelle Joschke (MACSF), auteure d’une belle course depuis plusieurs semaines. Elle a pris un gros coup sur la tête dimanche avec une avarie majeure à la quille, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa course mais qui la contraint à faire une croix sur ses ambitions sportives.
Evoluant avec brio dans le Top 10, la navigatrice franco-allemande s’est dit « inconsolable » lundi après la perte d’un vérin hydraulique placé sur la quille de son bateau, déjà en souffrance durant le week-end avec un pilote automatique qui ne peut plus fonctionner avec le mode vent, puis une voile déchirée.
La quille est désormais bloquée, ce qui diminue de façon drastique le potentiel du bateau. Classée huitième samedi, Joschke était tombée en 11e position lundi midi.
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