Venezuela : la police dépose balles à blanc et gilet pare-balles, et se joint aux contestations du scrutin

Par Epoch Times
31 juillet 2024 16:00 Mis à jour: 31 juillet 2024 16:06

Une partie de la communauté internationale a accru la pression mercredi sur le président vénézuélien Nicolas Maduro, engagé dans un bras de fer pour faire reconnaître sa réélection contestée, au prix déjà d’une douzaine de morts et de centaines d’arrestations.

« Les autorités du Venezuela doivent mettre fin aux détentions, à la répression et à la rhétorique violente contre les membres de l’opposition », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell sur le réseau social X, quelques heures après avoir demandé un « accès immédiat aux procès-verbaux des bureaux de vote », faute de quoi le résultat officiel du scrutin ne sera pas reconnu.

« La transparence est impérative dans les opérations de recomptage électoral », a également exhorté le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez, appelant « au calme, au civisme et au respect des droits fondamentaux ».

M. Maduro, 61 ans, a été proclamé réélu pour un troisième mandat jusqu’en 2031, avec 51,2% des voix contre 44,2% à son adversaire. L’opposition dénonce une « fraude massive » du pouvoir socialiste et exige un dépouillement transparent des bulletins de vote.

Mardi, dans un entretien téléphonique, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et son homologue américain Joe Biden ont convenu de l’importance d’avoir des résultats détaillés complets.

Au Venezuela, des milliers de partisans de l’opposition ont manifesté mardi aux cris de « Liberté, liberté ! » pour revendiquer la victoire de leur candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Devant ses sympathisants dans la capitale Caracas, celui-ci a interpellé l’armée et le gouvernement. « Il n’y a aucune raison de réprimer le peuple du Venezuela », a lancé cet ancien ambassadeur, la doublure de la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado déclarée inéligible.

La police, qui jusque-là avait ordre de tirer à blanc sur les manifestants, refuse et se joint maintenant aux protestations. Ces images montrent des agents, certains en larmes, enlever leur gilet pare-balles et leur uniforme.

Depuis lundi, au moins 11 civils dont deux mineurs ont été tués au cours des manifestations, selon quatre ONG de défense des droits humains. Le procureur général Tarek William Saab a fait état d’un 12e mort, un soldat tué par balle. On dénombre également 84 civils et 23 militaires blessés, d’après des chiffres respectivement de l’ONG Enquête nationale sur les hôpitaux et du ministère de la Défense.

Selon le parquet, « 749 délinquants » ont été arrêtés dans le cadre des manifestations, certains pour « terrorisme ». L’opposition a dénoncé une « escalade de la répression » et l’arrestation d’un de ses cadres, Freddy Superlano. Nicolas Maduro en a rejeté la faute sur celle-ci.

« La justice passera contre les diables et les démons », a-t-il averti devant plusieurs centaines de personnes qui ont marché jusqu’au palais présidentiel pour lui apporter leur soutien. Il a tonné contre « le fascisme » et ciblé son rival, qu’il a appelé « Monsieur le lâche ».

Le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodriguez, a estimé que « Maria Corina et Edmundo » devaient être arrêtés car « on ne négocie pas avec le fascisme ».

Une crise sans précédent

Le Venezuela, longtemps une des nations les plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise sans précédent : effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté et systèmes de santé et éducatif délabrés. Plus de sept millions de Vénézuéliens ont fui leur pays.

Pilier du pouvoir sous le président Hugo Chavez de 1999 jusqu’à sa mort en 2013, comme sous son dauphin Nicolas Maduro, l’appareil sécuritaire tient entre ses mains une bonne partie du destin du Venezuela.

Le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino, a d’ores et déjà « réaffirmé » la « loyauté absolue » des forces armées à M. Maduro.

Le chef de l’État peut compter sur le soutien de la Chine et de la Russie tandis que Washington a jugé mardi « inacceptable » la répression. Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit « extrêmement inquiet ».

La fondation Carter, dont les observateurs ont suivi la présidentielle, a conclu qu’elle ne pouvait « être considérée comme démocratique ».

Réactions et répercussions sur les pays voisins

L’Organisation des États américains (OEA) a quant à elle dénoncé « une manipulation aberrante ».

Neuf pays d’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont appelé dans une déclaration commune à un « réexamen complet avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ».

En représailles, le Venezuela a retiré son personnel diplomatique de sept États de la région et rompu ses relations avec le Pérou qui a reconnu le candidat d’opposition en tant que président « légitime ». Le Costa Rica lui a offert l’asile politique, comme à l’opposante en chef.

Le Panama va suspendre ses vols à destination du Venezuela, en réponse à une mesure similaire de Caracas.

Le président mexicain de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador, de son côté, a demandé de « ne pas se mêler » des affaires du Venezuela, tout en plaidant pour la transparence sur les résultats.

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