« Garanties, sauf-conduits et incitations » : c’est ce que propose la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado au président Nicolas Maduro s’il quitte le pouvoir après sa réélection contestée, assurant détenir les preuves d’une fraude du régime au pouvoir.
Vivant dans la clandestinité depuis plus d’une semaine et disant craindre pour sa vie, Mme Machado a répondu par des messages vocaux à un questionnaire envoyé par l’AFP.
Elle appelle à une « négociation pour la transition démocratique », qui « inclut des garanties, des sauf-conduits et des incitations pour les parties impliquées, c’est à dire (pour les membres) du régime qui a été vaincu lors de cette élection présidentielle ». Elle espère ainsi que M. Maduro quittera volontairement le pouvoir après onze ans à la présidence.
« Nous sommes déterminés à aller de l’avant dans les négociations », insiste-t-elle. « Il s’agira d’un processus de transition complexe et délicat, dans lequel nous rassemblerons toute la nation ».
« L’élection la plus inégalitaire et arbitraire »
« Je me sens profondément fière de ce que nous avons fait, de ce que la société vénézuélienne a fait, en surmontant tous les obstacles de l’élection la plus inégalitaire et arbitraire en termes d’abus et d’outrages du régime », se félicite Mme Machado, 56 ans, qui a battu campagne pendant des mois, sans pouvoir se présenter car déclarée inéligible par le pouvoir.
Le Conseil national électoral (CNE), accusé d’être inféodé au pouvoir, a proclamé M. Maduro vainqueur du scrutin du 28 juillet avec 52 % des voix, sans rendre public le décompte exact des voix et les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d’un piratage informatique.
Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs — dont la validité est rejetée par M. Maduro — Edmundo Gonzalez Urrutia, qui avait remplacé au pied levé Mme Machado a remporté le scrutin avec 67% des voix.
Le président Maduro a saisi à la Cour suprême pour faire « valider » sa victoire, un processus que l’opposition, et de nombreux analystes considèrent comme « inapproprié ».
« Maduro a complètement, absolument, perdu sa légitimité », assène Mme Machado. « Tous les Vénézuéliens et le monde entier savent qu’Edmundo Gonzalez a gagné haut la main et que Maduro a l’intention d’imposer la plus grande fraude de l’histoire de ce pays. Mais il n’y parviendra pas ».
Mme Machado, qui avait remporté les primaires de l’opposition, a été dans l’impossibilité de se présenter et a soutenu la candidature du diplomate Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. « Nous sommes une équipe, un bloc indissoluble », assure Mme Machado, qui est restée le visage et le cerveau de la campagne de l’opposition.
« Il travaille très dur pour obtenir un plus grand soutien »
Comme elle, M. Gonzalez Urrutia n’est pas apparu en public depuis plus d’une semaine : « Il travaille très dur pour obtenir un plus grand soutien et pour avancer dans les processus à l’intérieur et à l’extérieur du pays qui sont nécessaires pour que son élection en tant que président soit valide », confie Mme Machado.
Si la réélection de M. Maduro a été remise en question par les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique latine, la dirigeante appelle à plus d’implication internationale : « Il est temps que tous les gouvernements du monde élèvent la voix contre la répression et reconnaissent la victoire d’Edmundo Gonzalez (…) tout en faisant comprendre à Maduro que sa meilleure option est une transition négociée ».
Dès l’annonce du résultat du scrutin, des manifestations ont éclaté faisant au moins 24 morts, selon les organisations de défense des droits de l’homme, et plus de 2200 arrestations, selon M. Maduro.
Mme Machado rejette aussi les déclarations de « loyauté absolue » du haut commandement militaire à l’égard de Maduro, affirmant que beaucoup d’officiers sont favorables à l’opposition. Selon elle, de nombreux militaires chargés de surveiller le scrutin ont même aidé l’opposition à recueillir les procès-verbaux des bureaux de vote.
« Je suis absolument convaincue que la grande majorité des citoyens, des militaires, ainsi que des forces de police, aspirent à un changement vers un Venezuela où règnent la justice, les opportunités et la liberté », dit-elle avant de conclure : « Le 10 janvier (2025, jour de l’investiture), le Venezuela aura en Edmundo Gonzalez Urrutia son nouveau président et son nouveau commandant en chef ».
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