Venise: dans « Woman », les femmes du monde se racontent

Par afp
1 septembre 2019 06:33 Mis à jour: 1 septembre 2019 06:44

De la femme d’affaires indonésienne à la paysanne du Togo, femme soldat ou victime de violences: « Woman », le documentaire de Yann Arthus Bertrand, présenté dimanche à la Mostra, donne la parole aux femmes du monde, qui expriment leurs souffrances et leur capacité à les surmonter.

Quatre ans après « Human », son précédant film qui se voulait une immersion dans l’être humain à travers une succession de récits et d’images du monde, Yann Arthus Bertrand récidive en se concentrant cette fois sur l’une des moitiés de l’humanité.

« Nous avions senti en faisant Human qu’il y avait un film à faire sur les femmes. C’était avant l’affaire Weinstein, le mouvement #MeToo », explique à l’AFP Yann Arthus Bertrand, que son livre « La Terre vue du ciel », paru en 1999, a fait passer du statut de photographe aérien à celui de défenseur de la planète.

« Il y avait une vraie envie des femmes de parler et lorsqu’on leur donne la parole, et qu’elles ont confiance, elles se lâchent », confie le documentariste, qui coréalise son film (présenté hors compétition) avec la journaliste Anastasia Mikova.

-Succession de témoignages sur fond noir-

Entièrement financé par des mécènes, « Woman » est construit selon le même procédé que « Human », avec une succession de témoignages face caméra sur fond noir.

Vu par des millions de personnes, ce précédent opus n’avait pas reçu que des éloges, notamment en France, où il avait été qualifié par certains de « zapping frustrant et ennuyeux » ou de catalogue « des meilleurs sentiments » (L’Obs).

« Je constate que c’est souvent une même presse intello qui m’attaque mais à travers mes films c’est moi qui suis visé, sur l’argent, mon milieu bourgeois », se défend le réalisateur de 73 ans, né dans une célèbre famille de joailliers.

« J’ai pourtant beaucoup de mal à financer mes films », poursuit-il. Il cherche un distributeur pour « Woman » -après avoir notamment essuyé un refus chez Netflix- et espère une sortie mondiale le 8 mars 2020 pour la journée de la femme.

Deux ans de tournage, 2.000 entretiens réalisés dans 50 pays ont été nécessaires pour parvenir au résultat final: une galerie de portraits de femmes du monde très différentes, dont chacune se caractérise par son histoire familiale, sa culture ou ses croyances.

Certaines racontent leur combat pour lutter contre les discriminations au travail, pour l’accès à l’école, parlent des violences subies dans leur couple, des réseaux de prostitution. D’autres gardent le silence pour présenter leur visage défiguré par une attaque à l’acide.

Elles abordent aussi de façon émouvante, parfois facétieuse, des thèmes intimes comme l’amour, le désir, l’orgasme, le rapport à leur corps ou les règles.

-La vie d’une femme, souvent un combat-

« Certaines que nous voulions interroger sur un thème précis ont digressé au fil de l’entretien et se retrouvent dans le film à parler de tout autre chose », explique à l’AFP la coréalisatrice Anastasia Mikova.

« Mais malheureusement, la plupart des histoires que nous avons écoutées étaient douloureuses et nous font comprendre que la vie d’une femme est aujourd’hui encore souvent un combat », confie la femme de 36 ans, qui a sillonné la planète pour superviser les tournages.

La journaliste a particulièrement été marquée par un témoignage, celui de Norma Bastidas « qui ouvre le film et le résume ». Violée à 11 ans, esclave sexuelle à 19, passée par un divorce et mère d’un enfant infirme, cette Mexicaine aujourd’hui quinquagénaire a pris sa revanche sur la vie en devenant l’une des plus grandes triathlètes du monde.

« J’ai escaladé de hautes montagnes, j’ai traversé le désert, j’ai nagé 193 km dans l’océan mais dire que je suis une survivante d’agressions sexuelles et du trafic d’êtres humains a été la chose la plus difficile de ma vie », raconte-t-elle dans un récit poignant.

Anastasia Mikova explique que c’est « cette capacité à surmonter les épreuves, cette résilience des femmes » qu’elle retient de ce projet. « Parce qu’à chaque fois que l’une d’elles me racontait des choses terribles qu’elle avait vécues, je me demandais comment après tout ça elle pouvait encore avoir la force d’être là, devant moi. »

 

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