Stéphane Chicot « ne s’en sort pas trop mal » : il vient de trouver dix sacs de granulés de bois pour alimenter son poêle, chez un vendeur de Saint Bonnet-de-Mure, dans le Rhône.
« J’ai appelé énormément de fournisseurs : soit personne n’a de stocks, soit ils n’approvisionnent que leurs clients… C’est une denrée rare », plaisante cet homme de 47 ans qui a équipé sa maison d’un poêle à granulés il y a plusieurs années, en complément du chauffage électrique.
Chez Bois Rosa, une entreprise distribuant bois de chauffage et granulés située à une vingtaine de kilomètres de Lyon, le ballet incessant de voitures, coffre ouvert pour collecter les précieux granulés combustibles, a poussé le gérant à limiter les ventes directes.
« Quand les clients viennent de loin, on va jusqu’à 15 sacs », précise le patron, Stéphane Rosa, qui réalise « 99% de (ses) ventes » auprès de particuliers. Son carnet de commandes est plein, avec trois mois de délai de livraison, contre deux à trois semaines d’habitude.
La tendance est générale, certains fournisseurs ne répondent plus au téléphone. Un message pré-enregistré demande d’adresser « une demande par écrit » via un formulaire accessible en ligne.
L’Auvergne-Rhône-Alpes est pourtant la première région productrice de billes de bois en France, un mode de chauffage en plein essor.
Une « panique » engendrée par la guerre
« C’est la panique engendrée par la guerre en Ukraine qui a fait peur sur toutes les énergies », explique Eric Vial, délégué général de Propellet, l’association nationale du chauffage au granulé de bois – « pellet » en anglais.
La demande actuelle, deux à six fois supérieure à 2021, est selon lui « en inadéquation avec le besoin », alors que la consommation n’aurait dû augmenter que de 12 à 13% cette année selon les projections de Propellet.
« C’est irrationnel: il faut que les gens réfléchissent et ne paniquent pas » poursuit le délégué général en dénonçant un « sur-achat » motivé par « la peur de manquer ».
En même temps, avec la hausse conjuguée du carburant, de l’électricité et du plastique utilisé pour emballer les palettes de granulés, les prix ont doublé. Un sac de 15 kilos se vend désormais autour de dix euros.
Poêles ou chaudières à granulés
Malgré la « surchauffe du marché », le délégué général de Propellet se veut rassurant : « Si les consommateurs arrêtent de de se ruer sur les granulés et achètent uniquement le strict minimum, ils font baisser la demande et naturellement le prix va baisser ».
En attendant, il faut composer avec les restrictions.
Stéphane Chicot utilise « une à deux tonnes » de granulés pour se chauffer chaque hiver. Et pour lui, se contenter de « 10 sacs, c’est un peu une blague ». Pierre Liotard, 66 ans, lui, est venu chez Bois Rosa chercher quelques sacs pour sa fille habitant en Bourgogne, où selon lui, les pellets sont « introuvables » alors que « le froid arrive ».
Selon Propellet, en 2021, 1,5 million de foyers français étaient équipés de poêles ou de chaudières à granulés.
Longs de quelques centimètres, ces petits cylindres de sciure de résineux compressée sont considérés comme une énergie renouvelable par l’Union européenne, malgré l’opposition des défenseurs de l’environnement.
Les ventes d’appareils à granulés, poêles et chaudières, ont respectivement augmenté de 43,2% et 119,6% en France l’année dernière selon l’Observatoire des énergies renouvelables – une hausse dopée par diverses subventions à l’achat pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros.
Une production domestique qui couvre environ 85% des besoins
Les poêles, destinés principalement au chauffage d’appoint, représentent plus de 90% des appareils à granulés, les chaudières, plus volumineuses et reliées au réseau d’eau chaude, sont plus rares.
Si la production domestique permet de couvrir « environ 85% des besoins » avec du bois français, la hausse de la demande force la branche à importer « à des prix exorbitants », principalement de Belgique, selon le représentant de Propellet.
Comme d’autres distributeurs, M. Rosa rechigne à importer ses granulés.
« C’est plus logique d’être à côté, ne serait-ce que pour un coût (écologique) ou de transport », selon lui.
La demande actuelle aiguise les appétits et « les arnaques en ligne se multiplient » pour les ventes de bois et de chauffage, selon une alerte de la banque CIC à ses clients. De faux sites marchands affichent ainsi des prix attractifs mais ne livrent pas les commandes payées d’avance.
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