OPINION

Veolia signe un contrat de 2 milliards d’euros en Chine : une entreprise à contre-courant ?

octobre 21, 2023 16:59, Last Updated: avril 15, 2024 12:53
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Veolia a remporté un contrat de deux milliards d’euros pour la gestion des déchets à Hong Kong. Avec ce contrat qui l’engage pour vingt ans, la multinationale française entend notamment apporter son expertise technique à la région administrative chinoise et réduire son bilan carbone. À l’inverse de nombreux grands groupes américains et européens qui délaissent l’Empire du milieu depuis quelques années, le géant français de l’eau et du recyclage de déchets y développe ses positions.

Un contrat pour l’extension du site de valorisation des ressources West New Territories à Hong Kong

Le géant français poursuit ses activités sur le continent asiatique. Veolia a été choisie par le gouvernement local de Hong Kong pour l’extension du site de valorisation des ressources West New Territories situé à Nim Wan à Hong Kong. Ce contrat de 2 milliards d’euros pour la gestion des déchets de la région administrative chinoise acte la présence de la multinationale sur le territoire chinois pour vingt années supplémentaires. Le contrat a été négocié entre le département de la protection de l’environnement du gouvernement de Hong Kong et une coentreprise créée par Veolia et une entreprise étatique chinoise dont le géant français est actionnaire à 80 % et dispose donc de la marge de manœuvre nécessaire pour la diriger.

Apporter un savoir-faire et réduire l’empreinte carbone d’Hong Kong

Pour le géant français installé dans l’Empire du milieu depuis les années 1990 et présent dans 50 villes chinoises, l’objectif est d’apporter un savoir-faire en matière de traitement des déchets. Avec l’expertise de Veolia, Hong Kong et plus largement la Chine entend progresser dans un secteur où il reste énormément de travail à faire. Même si Pékin met en œuvre depuis quelques années des politiques environnementales ambitieuses, la gestion des déchets est un véritable problème pour la Chine. Selon Business France reprenant le rapport annuel 2018 du ministère de l’Écologie et de l’Environnement de Chine (MEE), le volume de production de déchets solides industriels a atteint 1,55 milliard de tonnes dans les 200 principales villes du pays, dont 46,4 millions de tonnes de déchets industriels dangereux. En 2021, le Forum économique mondial estimait que le volume des déchets solides urbains de la Chine sera le double de celui des Etats-Unis d’ici 2030.

Dans les détails, la multinationale française prévoit pour limiter le nombre de déchets et par conséquent libérer de l’espace dans les décharges, de développer les incinérateurs.

La directrice générale de Veolia, Estelle Brachlianoff, a également affirmé dans un post publié sur le réseau social X le 13 octobre que la multinationale compte s’inscrire dans l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 de HongKong et d’augmenter ses capacités de stockage de déchets. « Conformément à l’objectif de neutralité carbone de la ville en 2050, Veolia aura pour mission de traiter jusqu’à 90 millions de tonnes de déchets non recyclables sur une période vingt ans, sur le site de stockage de pointe que nous sommes chargés de concevoir, de construire et d’exploiter », a-t-elle confirmé.

Une multinationale à contre-courant : l’entreprise maintient ses positions en Chine

Avec ce contrat de 2 milliards d’euros, l’entreprise de l’eau et de la gestion des déchets semble être à contre-courant de la tendance actuelle. Veolia maintient ses positions et poursuit ses investissements dans un pays de plus en plus boudé par les entreprises étrangères, notamment européennes et américaines en raison de la réglementation, du ralentissement de la croissance chinoise et de l’image du pays à l’international. En septembre dernier, le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis affirmait devant des étudiants chinois à Pékin que « les entreprises européennes sont inquiètes de la direction que prend la Chine ». Le commissaire européen avait également dénoncé « des discriminations sur les normes et exigences en matière de sécurité » que subissent les entreprises européennes. Enfin, Valdis Dombrovskis avait averti la Chine que sa non-condamnation de l’invasion russe « nuit à son image ».

De leur côté, les entreprises américaines sont aussi inquiètes. Un rapport publié en septembre par la chambre de commerce américaine de Shanghaï indiquait que les entreprises américaines présentes en Chine sont pessimistes quant à leur avenir, en particulier à cause des tensions géopolitiques fortes et du ralentissement économique de la Chine. Ainsi, elles sont de plus en plus nombreuses à se diriger vers l’Asie du Sud-Est, précisément le Viêtnam et le Bangladesh.

Autre fait marquant, l’image de la Chine dans les pays développés n’a jamais été aussi mauvaise. Selon une étude publiée par le Pew Research Center en 2022, 82 % des Américains, 80 % des Sud-coréens et 74 % des Allemands ont une mauvaise opinion de la Chine. L’une des raisons principales ? Les atteintes aux droits de l’Homme et la persécution des Ouïghours.

La poursuite des activités du géant français en Chine interroge donc. Nous avons tenté de contacter le groupe Veolia pour avoir plus d’informations sur le renforcement de la présence de l’entreprise en Chine malgré la défiance grandissante de nombreuses entreprises étrangères et sur la pertinence de continuer à investir dans un pays dont l’image ne cesse de se dégrader, mais sommes restés sans réponse.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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