Le parquet de Lille a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête après des violences rapportées par un délégué CGT de l’enseigne de puériculture Vertbaudet en plein conflit social à Marquette-lez-Lille (Nord) et après des dénonciations de violences de la CGT et du PCF.
« Des investigations sont en cours, notamment des réquisitions d’images de vidéo-protection », a-t-on précisé au parquet. L’union locale de la CGT avait affirmé dans un communiqué qu’un des deux délégués CGT du site avait été mardi soir « copieusement gazé, frappé » par des personnes se présentant comme des « policiers en civil » venus l’interpeller devant son domicile au cri de « sale gréviste ». La Direction départementale de la sécurité publique du Nord s’est refusée à tout commentaire.
Le patron du PCF et député du Nord Fabien Roussel avait annoncé à l’AFP avoir saisi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin de cette agression « extrêmement grave », et souhaité que le parquet s’en saisisse, indépendamment du dépôt d’une plainte par le délégué, « traumatisé ».
Une gréviste aux urgences et plusieurs gardes à vue
Tout comme le responsable communiste, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a dénoncé mercredi des violences dans le conflit social en cours dans l’enseigne Vertbaudet, où la police a évacué mardi un piquet de grève tenu depuis le 20 mars. « Non seulement le patron refuse de négocier mais en plus le préfet, au lieu de faire organiser une médiation, vient de leur envoyer les CRS pour démanteler le piquet de grève et nous avons une gréviste qui a fini aux urgences et plusieurs gardes à vue », a-t-elle déploré sur France Inter.
L’évacuation s’est tenue mardi matin pour déloger les grévistes mobilisés à l’appel de la CGT pour des augmentations salariales. Selon la direction, 72 salariés sur 327 sont toujours en grève. Reçue en fin d’après-midi par Élisabeth Borne, la responsable syndicale a assuré que la Première ministre s’était engagée auprès d’elle à faire « cesser toutes les poursuites contre les ouvrières » et « à garantir une médiation avec la direction de l’entreprise ».
« Aucun salaire au-dessus de 1500 euros »
Une quarantaine de salariés grévistes se sont réinstallés mercredi devant le site, encadrés par les forces de l’ordre, a indiqué l’une d’elles, Anaïs Vanneuville, à l’AFP. « Nous poursuivons notre grève et restons mobilisés sur le site », a-t-elle assuré. Selon la CGT, les forces de l’ordre étaient déjà intervenues lundi et avaient interpellé deux militants extérieurs, placés en garde à vue. Ils ont été relâchés, sans suite dans l’immédiat, selon leur avocat, Me Ioannis Kappopoulos.
Dans cette entreprise, « il n’y a aucun salaire au-dessus de 1500 euros, les filles qui travaillent à la chaîne pour faire des colis font 22 kilomètres par jour debout », avait dans la matinée dénoncé sur CNews M. Roussel, réclamant également une médiation. Il a pointé un climat de violences et d’insultes sexistes, invitant les grévistes à « porter plainte ».
Le député Insoumis de la Somme, François Ruffin, a pour sa part réaffirmé mercredi son soutien aux salariés en grève dans un communiqué. « Elles demandent du respect. On leur répond par de la brutalité », a-t-il déploré.
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