Le Hongrois Viktor Orban a douché vendredi les espoirs européens de compromis rapide sur le plan de relance de l’UE au lendemain d’un premier fléchissement de son allié polonais, qu’il a rappelé vendredi à sa promesse de faire front commun.
Varsovie et Budapest mettent leur veto à la décision permettant de financer ce plan de relance massif (750 milliards d’euros), refusant que l’octroi des fonds européens soit lié au respect de l’Etat de droit.
Toutefois, la Pologne a fait jeudi un pas inédit vers Bruxelles : « on peut trouver un compromis même sans rouvrir la discussion » sur ce mécanisme, a déclaré le vice-Premier ministre, Jaroslaw Gowin.
« La Pologne ne soulève pas la moindre objection à une formulation du principe de conditionnalité liant l’allocation de fonds budgétaires complets à leur utilisation transparente et équitable », a-t-il ajouté.
Selon lui, Varsovie voudrait juste avoir la certitude que l’accord ne soit jamais utilisé pour faire pression sur des sujets n’ayant rien à voir avec la manière dont les fonds européens sont dépensés.
Viktor Orban ne cède pas
Toutefois pour Viktor Orban, il n’est pas question de céder sur un principe clé, à savoir lier le budget de l’UE à des questions politiques sur l’Etat de droit.
Il faut distribuer les fonds d’abord, discuter de l’Etat de droit ensuite, a-t-il martelé, malgré la fin de non recevoir des 25 autres pays de l’UE.
Et alors que l’un de ses eurodéputés a présenté ses excuses vendredi après avoir comparé l’attitude du chef allemand des conservateurs européens Manfred Weber à celle d’un membre de la Gestapo, le Premier ministre a en personne convoqué le passé de l’Allemagne dans le débat actuel vendredi soir.
« La situation est claire, cher Manfred : vous voulez modifier le statut juridique actuel pour créer un mécanisme que vous retournerez immédiatement contre la Hongrie et la Pologne », a écrit le souverainiste sur le site internet du gouvernement.
« Maintenant, vous voulez que nous, les Hongrois, donnions notre consentement. Au cours de l’Histoire, les Allemands nous ont demandé beaucoup de choses, à nous les Hongrois. Mais vous êtes les premiers à nous traiter en fraudeurs, ce que nous ne sommes pas », a-t-il réagi.
Respecter des engagements
Plus tôt dans la journée, Viktor Orban avait par ailleurs intimé à Varsovie de respecter ses engagements. « Les Polonais se sont également engagés (au veto), nos pays ont signé une déclaration affirmant que la Hongrie et la Pologne se soutiendront mutuellement », avait-il souligné.
Aucun des deux « ne doit accepter une proposition irrecevable pour l’autre », selon le document paraphé fin novembre à Budapest.
Après cette mise au point, le gouvernement polonais a jugé nécessaire de rappeler qu’il « maintenait sa position dans son intégralité ».
« Seules les dispositions conformes aux traités et aux conclusions du Conseil européen (où l’unanimité est la règle) sont acceptables pour la Pologne », a estimé sur Twitter Piotr Muller, porte-parole du gouvernement nationaliste « Droit et Justice » (PiS).
Une série noire en politique hongroise
Selon les commentateurs, Viktor Orban est affaibli par une série noire en politique intérieure. Un député européen de sa majorité a démissionné après avoir participé à une soirée libertine gay à Bruxelles, en violation des normes sanitaires et avec usage de stupéfiants.
A ce sujet, M. Orban a dit vendredi « pouvoir imaginer » que l’affaire fasse « partie de la pression » dont est victime la Hongrie, tout en admettant n’avoir aucune preuve liant ce scandale à son bras de fer avec Bruxelles.
Le Premier ministre hongrois a vu partir ces derniers temps deux spécialistes des questions européennes, l’eurodéputé György Schöpflin et son proche conseiller Peter Gottfried.
Face à Budapest et Varsovie, les autres membres de l’UE ne bougent pas d’un iota. « Nous ne céderons pas à un veto, cela devrait être très clair pour la Hongrie et la Pologne », a insisté le commissaire européen à l’Economie vendredi.
« Nous sommes transparents envers ces Etats membres: nous continuerons sans eux » s’ils s’obstinent à ne pas faire évoluer leur position pour trouver un compromis, a tranché Paolo Gentiloni.
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