Le 2 décembre, Jessy Jacob, de Détroit, était au bord des larmes lorsqu’elle a témoigné au cours d’une audience à Lansing, dans le Michigan, sur l’intimidation et le harcèlement qu’elle avait subis alors qu’elle travaillait comme responsable du traitement des bulletins de vote pour le comté de Wayne durant les élections de novembre dernier.
« Ils m’ont traitée comme une criminelle, m’ont humiliée, m’ont harcelée », a déclaré Mme Jacob dans sa déclaration de témoin lors de sa comparution aux côtés de Rudy Giuliani et Jenna Ellis, avocats de la campagne de Donald Trump. « C’était tellement horrible. »
L’audition publique a été convoquée par la commission de surveillance du Sénat de l’État. Le bureau électoral de l’État, composé de deux démocrates et de deux républicains, « a demandé à l’unanimité à cette législature d’examiner les questions qui ont été soulevées lors de cette élection et d’entendre les témoignages du public », a déclaré le sénateur Ed McBroom (Parti républicain, Michigan), président de la commission, aux personnes réunies lors de la procédure.
« Nous organisons cette audience en réponse à la demande du conseil d’administration », a-t-il déclaré. « Nous avons la responsabilité, en tant que législateurs, de garantir la confiance des résultats du vote. »
Mme Jacob, qui réside à Détroit depuis 34 ans, a déclaré à la salle qu’elle avait été marginalisée par les fonctionnaires chargés des élections le matin du 4 novembre parce qu’elle avait refusé d’antidater les bulletins de vote par correspondance, qui, selon la loi de l’État, devaient être reçus avant le 3 novembre à 21 heures pour être dépouillés.
« Je ne pouvais rien faire, parce qu’en rentrant le bulletin de vote, je ne pouvais pas mentir sur la date », a déclaré une Mme Jacob visiblement désemparée, après avoir expliqué qu’on lui avait demandé de saisir les bulletins de vote comme reçus le 2 novembre pour qu’ils puissent être dépouillés.
Elle a dit avoir appris d’un autre employé du bureau électoral que le personnel avait traité les bulletins de vote toute la nuit, aussi vite qu’il le pouvait, au centre des congrès de Détroit, le TCF center, où de nombreuses préoccupations ont été soulevées quant à la manière dont les bulletins de vote par correspondance ont été dépouillés.
« Donc, en gros, ce qu’ils faisaient, c’était d’entrer tous ces bulletins dans le QVF[fichier des électeurs habilités à voter] pour qu’ils puissent les dépouiller – c’est ce que je pensais », a déclaré Mme Jacob.
« Mais ils n’ont pas suivi les procédures », dont la plus préoccupante fut l’ouverture des enveloppes de vote, dont certaines n’avaient pas de timbre postal et dont la signature ne correspondait pas, a-t-elle expliqué.
Elle a déclaré à l’audience que selon le manuel de l’État relatif aux machines à voter, les bulletins de vote, une fois ouverts, devaient être immédiatement contrôlés par une vérification de la signature et cochés dans le registre des électeurs, de manière à enregistrer avec précision la date de leur réception.
Ensuite, il y a eu le problème des bulletins de vote. Lorsqu’elle a commencé à traiter son premier bulletin de vote, elle a immédiatement remarqué que le bulletin était invalide – il avait été émis le 3 novembre, après la date limite pour l’émission des bulletins de vote par correspondance, qui était le 2 novembre à 16 heures.
« Il a donc été publié le 3 novembre, jour des élections. Il a été publié, reçu, le tout, le 3 novembre. Ensuite, j’ai vérifié si cet électeur était nouvellement inscrit. Non, il n’a pas été inscrit le 3 novembre. Il a été inscrit il y a 10 ans, en 2010 », a déclaré Mme Jacob. « Vous n’êtes pas censé délivrer des bulletins de vote par correspondance le jour du scrutin à des électeurs déjà inscrits. »
Elle a dit avoir soulevé les problèmes avec les responsables chargés des élections, et s’est vite rendu compte que personne d’autre dans l’établissement ne suivait la procédure qu’elle estimait nécessaire pour garantir que seuls les bulletins de vote légitimes soient acceptés.
Le conseiller électoral principal de la ville de Détroit, Chris Thomas, lui a alors dit : « Oui, madame a raison, mais pourquoi devrions-nous punir les électeurs pour une erreur de procédure ? »
Le 6 novembre, Chris Thomas avait publié une déclaration affirmant qu’il avait été « attristé par les allégations infondées qui ont été faites quant à la manière dont les erreurs administratives ont été traitées par la commission de dépouillement des électeurs absents de Détroit ».
« Les accusations sont fausses et révèlent que la personne qui les porte ne connaît pas le processus électoral en vigueur dans le Michigan », a-t-il déclaré.
Il a poursuivi en déclarant que les bulletins de vote avaient été traités en retard parce que, dans les bureaux satellites, les enveloppes électorales ne pouvaient pas être acceptées conformément à la liste des électeurs absents. Il a ajouté dans une déclaration sous serment que les mesures prises visaient à corriger une erreur d’écriture.
Mme Jacob a également affirmé qu’un représentant du Bureau des élections du département d’État du Michigan lui avait dit : « Je n’ai pas besoin de vous ici. Je n’ai pas besoin de votre aide. Sortez d’ici. »
Voici ce que Mme Jacob a déclaré : « Je veux vraiment servir la Ville de Détroit, très honnêtement et sincèrement, c’est ce que j’ai fait pendant ces 34 années où j’ai travaillé avec la Ville. Ma famille entière est fière que mon mari et moi travaillions pour la Ville de Détroit. Je ne m’attendais pas à ce genre de situation. C’était vraiment, vraiment horrible. »
« J’ai dû traverser cette épreuve, très inhumaine », a-t-elle déclaré, avant de devoir s’arrêter de parler, en retenant ses larmes.
Le 6 novembre, la secrétaire d’État du Michigan, Jocelyn Benson, démocrate et principal responsable des élections dans l’État, a tenté de rassurer les habitants sur l’intégrité du processus de dépouillement des votes par correspondance dans l’État, en déclarant : « Il y avait certainement beaucoup d’yeux sur le processus. »
« Je suis fière de la transparence et de la sécurité qui caractérisent notre procédure », a-t-elle déclaré en réponse aux premières déclarations écrites sous serment des challengers du Parti républicain, qui ont déclaré qu’ils n’avaient pas bénéficié d’un accès suffisant pour la surveillance et que leurs contestations concernant les erreurs de traitement des bulletins n’étaient pas prises au sérieux. « Je sais que la vérité est de notre côté. »
Mme Jacob a déclaré à l’audience qu’elle n’avait pas vu un seul observateur républicain dans la salle le 4 novembre.
Rudy Giuliani a fait valoir que les centaines de témoins et experts qui ont maintenant déposé leurs déclarations sous serment auprès de l’État disposaient du pouvoir nécessaire pour confirmer les préoccupations du président Donald Trump quant à l’intégrité des élections.
« Ce que nous avons entendu, c’est qu’il y a des allégations de fraude non fondées. […] Ce qui a commencé par des allégations de fraude non fondées est devenu des allégations de fraude non justifiées, puis des allégations de fraude mais pas assez importantes pour renverser une élection, et enfin des allégations de fraude qui ne pouvaient pas vraiment faire l’objet d’une enquête entre aujourd’hui et le jour officiel de la proclamation des résultats, mais des allégations de fraude qui vont nécessiter une enquête approfondie après l’inauguration. Cela a donc beaucoup changé », a-t-il déclaré.
Mme Jacob a terminé sa déposition en affirmant à la commission qu’elle était « très reconnaissante » envers les États-Unis et pour toutes les opportunités que ce pays avait offertes à son mari et à ses trois enfants.
« Je suis ce que je suis grâce à cette nation. J’aime vraiment ce pays, et j’espère que cela aidera cette nation. C’est la seule raison pour laquelle je suis ici », a-t-elle déclaré.
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