Le maire de Valenciennes (Nord) a annoncé que la ville allait changer de fournisseur de caméras de surveillance, délaissant le cadeau d’une valeur de deux millions d’euros offert par le géant chinois Huawei qui avait équipé la municipalité de ses produits controversés.
« Valenciennes va réfléchir à la transformation de son parc de caméras », a expliqué à La Voix du Nord Laurent Degallaix, le maire de Valenciennes. On pourrait facilement croire que cette décision annoncée quelque jours après le dévoilement du procès verbal de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) par Mediapart est liée à cet avertissement du « caractère particulièrement intrusif » de son système de vidéosurveillance offert gracieusement par le géant chinois Huawei.
Toutefois, le maire précise qu’il ne « renie absolument pas ce partenariat » et que la décision a été prise parce que « Huawei se retire, mais si Huawei était resté, on aurait continué ». Laurent Degaillaix n’a donc pas changé de point de vue par rapport à ce matériel chinois qu’il défend depuis son partenariat avec Huawei, signé en 2017.
Ce dernier avait permis à l’entreprise d’offrir 240 caméras de surveillance dernier cri afin de faire de la ville de 43 000 habitants une « safe city », devenant « une vitrine en France » pour le géant chinois. En comptant les autres caméras installées à la gare et dans les bâtiments ouverts au public, il y a un total de 361 caméras de vidéoprotection dans l’espace public de Valenciennes, soit environ une caméra pour 120 habitants.
Des caméras au « caractère particulièrement intrusif »
Le 3 août dernier, la CNIL a indiqué avoir émis un avertissement en date du 12 mai pour avertir la mairie du « caractère particulièrement intrusif » de ce dispositif de vidéosurveillance et des différents outils mis à disposition comme la lecture automatisée des plaques d’immatriculation.
Par ailleurs, certains s’inquiètent de la possibilité d’utiliser le système de reconnaissance faciale de ces caméras. Ce à quoi l’élu a rétorqué au micro d’Europe 1, défendant le cadeau reçu de Huawei, que cette fonctionnalité n’était pas utilisée puisqu’elle est interdite en France. « On utilise les caméras comme on les utilise partout en France. La seule différence c’est qu’elles sont toutes Huawei », avait assuré Laurent Degallaix.
L’avertissement de la CNIL n’était pas une sanction, mais visait à pousser à ville à « à mettre en œuvre des mesures de nature à garantir que ces dispositifs ne soient plus utilisés par les opérateurs du centre de supervision urbaine de Valenciennes ». Soulignant les risques élevés pour les droits et libertés des personnes physiques par l’exploitation à grande échelle des données personnelles, la commission souligne un grand nombre de dysfonctionnements dans son rapport, selon L’Observateur.
Huawei, numéro un mondial de la reconnaissance faciale
Une journaliste de ce média s’interroge d’ailleurs sur la contravention qu’elle a reçue pour non-port du masque dans la rue pour une infraction commise le 2 avril dernier, alors qu’elle était en retard. Elle n’a parcouru que quelques mètres en courant entre sa voiture et la porte de son bureau, située rue Ferrand à Valenciennes. Elle n’a pourtant croisé aucun policier ni véhicule de police, mais il y a une de ces caméras de vidéoprotection juste au-dessus de la porte de l’agence. « Il n’y a peut-être aucun rapport. Mais il faut avouer que c’est troublant », écrit-elle.
C’est en effet un exemple inquiétant de dérive possible, d’autant plus inquiétant que Huawei est le numéro un mondial de la reconnaissance faciale, une technologie faite pour contrôler la population.
Un cadeau sans contrepartie
« Ce qui me gêne, c’est que c’est un cadeau dans lequel il n’y aurait pas de contrepartie », remarque Michel Legrand, président de la fédération du Nord de la ligue des droits de l’homme. « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit », ajoute-t-il, rappelant que « Huawei est une entreprise proche de l’État chinois. »
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