Nouvelle soirée de violences en Martinique : six policiers ont été blessés par des tirs de plomb lundi soir à Fort-de-France, dans un contexte de mobilisation contre la vie chère.
De « nouvelles violences urbaines ont émaillé le territoire et touché plus particulièrement les quartiers Dillon et Sainte-Thérèse à Fort-de-France« , déplore la préfecture dans un communiqué, ajoutant que « plusieurs magasins ont été vandalisés et pillés ».
Les « groupes d’individus qui se sont adonnés à ce saccage ont été systématiquement délogés par les forces de sécurité intérieure, avec l’emploi de la force », selon la préfecture, évoquant « plusieurs dizaines de tirs d’armes à feu » ayant pris pour cible les forces de sécurité, « provoquant six blessés parmi les policiers ».
Après une nuit très agitée sur Sainte-Thérèse à Fort-de-France où des barrages ont été installés, la tension est toujours aussi vive dans ce même quartier entre les forces de l’ordre et des individus qui se font face. La circulation est donc impossible sur cette portion de route.… pic.twitter.com/VD01FJa2kh
— ZayActu (@ZayActu) September 17, 2024
Deux personnes ont été interpellées. Des émeutiers ont notamment installé des barrages sur une avenue qui traverse le quartier populaire Sainte-Thérèse, cœur des tensions depuis plusieurs jours entre des groupes de personnes et les forces de l’ordre.
Un véhicule a été enflammé et poussé sur la voie publique, d’après des images consultées sur les réseaux sociaux. L’incendie a nécessité l’intervention des pompiers. Deux sites portuaires ont reçu la visite de plusieurs dizaines de personnes, selon la direction du port, qui a fait état de conteneurs ouverts, de véhicules dégradés et de camions déplacés et vandalisés.
Des palettes et des pneus sur la chaussée
Un barrage routier a été installé sur le principal axe routier entre le sud et le nord de cette île française des Caraïbes d’environ 360.000 habitants. Des palettes et des pneus ont été positionnés sur la chaussée une bonne partie de la nuit sur un rond-point, avant que les gendarmes ne rétablissent la circulation.
« Le préfet déplore que des milliers de Martiniquais subissent un tel déferlement de violence, et notamment les habitants de ces quartiers, déjà fortement touchés par la situation économique et sociale », selon le communiqué de la préfecture. « La lutte contre la vie chère ne saurait devenir un prétexte pour quelques-uns qui, puisant leurs militants dans les milieux de la délinquance, passent leurs nuits à détruire ce qui permet à d’autres de travailler et de vivre dignement ».
Des violences avaient déjà éclaté dans le quartier Sainte-Thérèse dans la nuit du 2 au 3 septembre, au cours de laquelle des policiers avaient été la cible de tirs à balles réelles. Dans la nuit de vendredi à samedi, deux personnes ont ouvert le feu sur la façade du commissariat de Fort-de-France, sans faire de blessé. « Cette stratégie du chaos ne peut aboutir à aucune issue positive », prévient la préfecture.
16-17/9 – Martinique 🇲🇶
« Un groupe d’individus a pénétré sur le port de Fort-de-France la nuit dernière, profitant des émeutes à Sainte-Thérèse pour ouvrir des conteneurs. »
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— Charli☀️🦎 (@CharliB97783485) September 17, 2024
Par ailleurs, le Grand port maritime de Martinique, par lequel transitent 98% des marchandises qui entrent ou sortent de ce territoire ultramarin, est visé depuis le 1er septembre par un mouvement de contestation contre la cherté des denrées alimentaires.
Des prix alimentaires 40% plus élevés que dans l’Hexagone
Selon une étude de l’Insee en 2022, les prix alimentaires étaient 40% plus élevés en Martinique que dans l’Hexagone. Des hypermarchés ont été bloqués le week-end dernier à l’appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC).
Depuis le 1er juillet, ce collectif a adressé « une injonction » aux acteurs de la grande distribution martiniquaise, les sommant d’aligner leurs prix sur ceux pratiqués dans les commerces de métropole. Un ultimatum avait été fixé au 1er septembre.
Par ailleurs, ce Rassemblement a appelé au blocage de l’île jusqu’à ce que la transparence soit faite sur les négociations en cours. L’État, les distributeurs et les collectivités ont pour objectif une « baisse de 20% en moyenne du prix » de 2.500 produits de première nécessité.
Invités jeudi dernier à une table ronde en préfecture avec l’ensemble des acteurs de la grande distribution et les institutions, les représentants du RPPRAC avaient quitté les négociations au bout de cinq minutes face au refus du préfet de retransmettre les échanges en direct sur les réseaux sociaux.
Pour lutter contre la vie chère, la Collectivité territoriale de Martinique s’est elle prononcée en faveur d’une suppression des taux d’octroi de mer (taxe spécifique aux départements d’Outre-mer s’appliquant aux biens importés) et d’octroi de mer régional sur plusieurs centaines de produits.
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