Vienne : des bois privés souillés par d’innombrables déchets polluants laissés par des migrants

Par Paul Tourège
7 mai 2020 23:06 Mis à jour: 7 mai 2020 23:06

Régulièrement occupées par des migrants en transit, les aires boisées entourant l’A10 dans le Châtelleraudais prennent des airs de décharges à ciel ouvert à force d’être jonchées de déchets divers et variés. 

Selon La Nouvelle République, d’innombrables déchets polluants ont été découverts dans la forêt d’Antran, une petite commune d’environ 1200 habitants située dans la banlieue nord de Châtellerault.

Sacs de détritus, restes de nourriture dans des assiettes, plastiques divers, bouteilles d’huile, paquets de sucre, duvets, sacs de couchage, vêtements, palettes, outils de bricolage, sacs de sport, bidons d’essence, masques de protection, bassines d’eau croupie, restes d’une carcasse de vache dépecée et cadavres de bouteille d’alcool jonchent le sol des bois devenus une véritable décharge.

D’après le quotidien régional, cet amoncellement d’immondices a été laissé par des migrants ayant quitté les lieux en urgence.

« Depuis trois ans, ces bois tout proches de l’A10 abritent régulièrement des concentrations de migrants d’origine kurde et irakienne qui transitent par la station-service d’Antran avant de grimper, avec le concours de passeurs, dans des camions (à l’insu des routiers) en direction du nord de la France », expliquent les journalistes de La Nouvelle République.

Ces migrants feraient d’ailleurs l’objet de contrôles réguliers de la part des forces de l’ordre, avant d’être relâchés. Près de 300 clandestins auraient ainsi été appréhendés en 2019 le long de l’A10, entre Jaunay-Clan et Antran.

« Sur l’axe de l’A10, entre Bordeaux et Le Mans-Orléans, Antran est un des spots les plus cotés par les passeurs, pour son pourcentage de rentabilité de migrants passés en Angleterre depuis cette base arrière de la Vienne », confie un gendarme cité par le quotidien régional.

Le 21 janvier, une opération menée par Europol, l’agence européenne de police criminelle, a permis d’arrêter 23 personnes : 19 en France (dont plusieurs à Poitiers et Châtellerault) et 4 aux Pays-Bas, toutes soupçonnées d’avoir fait passer illégalement 10 000 Kurdes. Un trafic d’êtres humains qui aurait rapporté pas moins de 70 millions d’euros aux passeurs clandestins.

« Depuis cette opération, il y a eu un mois et demi de tranquillité, puis on a eu vent d’un frémissement de regain d’activité sur ce secteur des aires de service Antran-Usseau avec la venue d’une nouvelle bande du centre-est de la France (Bourgogne), qui a fini par être neutralisée par l’Ocriest (Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre) », poursuit la source judiciaire interrogée par les journalistes de La Nouvelle République.

« Depuis deux mois, on signale la présence sporadique de migrants dans ces bois d’Antran. On surveille, on travaille dessus, on y va sur des œufs », ajoute le militaire.

Une enquête judiciaire confiée à la brigade de recherches de Châtellerault est en cours.

« Plusieurs hypothèses sont à l’étude : une survivance de la bande de passeurs ? Une nouvelle bande ? Des migrants seuls ? Ou reconvertis en passeurs ? L’idée, c’est de ne pas laisser se réinstaller des passeurs organisés. Il faudra voir après le déconfinement », poursuit le membre de la Gendarmerie nationale.

« Ce sont des bois privés. Ces nouvelles traces d’occupation posent un souci. C’est toujours un peu oppressant. Il n’y a pas de sédentarisation, mais les gendarmes surveillent », souligne Alain Pichon, le maire d’Antran.

Désemparé, le propriétaire d’une des parcelles envahies par les migrants ne sait plus quoi faire pour empêcher que son terrain soit occupé : « […] Je suis confiné à Paris et je ne suis pas revenu dans le coin depuis la fin de l’année dernière. Il y a deux ans, mon père avait surpris des migrants dans sa caravane sur le terrain. On l’a détruite depuis pour éviter qu’ils ne reviennent. On a alerté la gendarmerie mais là, on ne sait pas quoi faire de plus. Les autorités semblent démunies face à ce phénomène… »

 

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